Amani Abouchahine, fondatrice de Nahla

Amani Abouchahine, fondatrice de Nahla. © Photo fournie par Amani Abouchahine

Ayant vécu au Liban au lendemain de la guerre civile qui a déchiré le pays, Amani Abouchahine n’oubliera jamais la destruction dont elle et sa famille ont été témoins. En tant qu’entrepreneure au Canada, Amani s’efforce de redonner un peu de ce qu’elle a reçu aux millions de personnes déplacées dans le monde.


Cette entrepreneure et humanitaire canadienne d’origine libanaise explique pourquoi il est important pour elle de participer à la campagne #JeSuisUnDéfenseur pour soutenir les réfugiés.


Amani, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre histoire?

Je suis née au Liban, dans un village de montagne à l’est de Beyrouth, la capitale. C’était en 1992, et la guerre civile qui avait fait rage pendant 15 ans et laissé derrière elle un pays dévasté sur le plan tant physique qu’économique, politique et social, venait de se terminer. La guerre avait aussi fait des dizaines de milliers de déplacés, dont mes parents. Ils se souviennent des nombreuses fois où ils ont dû se cacher dans des sous-sols pendant des semaines en entendant le bruit des bombes qui explosaient dehors et celui des avions qui passaient au-dessus d’eux. Ils avaient pris l’habitude de rationner et d’économiser le peu de nourriture qu’ils avaient, ne sachant pas quand ils pourraient à nouveau en trouver. Ils nous ont raconté des histoires bouleversantes, par exemple lorsqu’ils ont dû fuir au beau milieu de la nuit après avoir appris qu’une autre attaque se préparait.

J’ai passé les cinq premières années de ma vie au Liban avec mes parents et mon frère aîné. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque, mais j’ai gardé au plus profond de moi des images, des odeurs et des émotions spécifiques qui restent très présentes. Je me souviens surtout de la destruction physique et émotionnelle que l’on voyait et ressentait partout.

Malgré tout, les conséquences de la guerre font aussi ressortir toute la résilience dont les êtres humains sont capables, en engendrant un esprit d’entraide, l’espoir et la formidable capacité de se relever après des épreuves difficiles. Je me souviens d’avoir eu la volonté profonde et tenace d’avoir un impact positif dans le monde. Je n’en étais pas consciente à l’époque, mais le fait d’avoir été témoin de la souffrance humaine pendant mon enfance m’a donné une perspective unique, ainsi qu’une plus grande empathie que je voulais utiliser pour faire ma part.

Photo du village d’Amani au Liban

Photo du village d’Amani au Liban. © Photo fournie par Amani Abouchahine

En 1997, ma famille a décidé d’immigrer au Canada. Plus les années passent, plus je me rends compte des énormes sacrifices, revers et difficultés auxquels mes parents ont fait face en arrivant dans un nouveau pays avec deux jeunes enfants, sans famille à proximité et en parlant à peine la langue. Le courage dont ils ont fait preuve continue d’être ma plus grande source d’inspiration.

C’est cette histoire et ces souvenirs qui m’ont incitée à lancer Nahla, mon entreprise de maillots de bain dont une partie des profits est reversée à des organisations de bienfaisance internationales qui viennent en aide aux personnes les plus vulnérables. Ce n’est donc pas un hasard si, pour la première collection de Nahla, j’ai choisi de m’associer au HCR. À cet égard, 100 pour cent des profits issus de la vente des accessoires seront directement reversés aux programmes qui aident les personnes apatrides et les réfugiés dans le monde.

Qu’est-ce qui vous a incitée à agir et à plaider en faveur des réfugiés?

Ayant moi-même été témoin des besoins des réfugiés et connaissant les multiples facettes du travail du HCR, je n’ai pas eu beaucoup de difficulté à choisir l’organisation pour ce premier partenariat.

Le Liban accueille actuellement 1,5 millions de réfugiés, et les besoins n’ont jamais été aussi importants. J’ai eu la possibilité de retourner plusieurs fois dans le pays. J’ai été marquée par la présence du HCR dans le pays et la manière dont leurs interventions sur le terrain et leur dynamisme ont un impact profond dans la vie des gens.

Malgré tout, je reste consciente des besoins dans d’autres pays du monde. Beaucoup de pays sont actuellement en état de crise, et il était important pour moi que les fonds soient non seulement utilisés au Liban et au Moyen-Orient, mais aussi là où les gens en ont le plus besoin.

Je voulais aussi sensibiliser la génération du Millénaire aux problèmes humanitaires. La meilleure manière de cibler cette génération et de les sensibiliser à une cause est de communiquer avec eux sur les plateformes qu’ils utilisent le plus. C’est pourquoi nous avons utilisé une stratégie principalement axée sur les réseaux sociaux et les méga-influenceurs. Depuis quelques temps, cette génération a montré qu’elle se préoccupait des questions liées à l’éthique et aux problèmes sociaux et humanitaires. Mon objectif est de les sensibiliser en utilisant des messages adaptés et accessibles et en utilisant la manière dont ils accèdent à l’information.

Pour ce faire, notre but avec cette première collection est de recueillir des fonds et d’informer les gens sur les crises les plus graves qui touchent les réfugiés. Nous avons ainsi créé deux foulards portant les deux marques et dont l’intégralité des profits sera reversée au HCR. Le premier foulard a été conçu par Anas Albraehe, une artiste syrienne réfugiée qui réside actuellement au Liban. Le motif floral abstrait incarne l’espoir, la liberté et le développement. Le deuxième motif représente le partenariat entre Nahla et le HCR avec les deux logos et les slogans « Saving Lives. Protecting Rights » [Sauver des vies. Protéger les droits] et « Supporting The Most Vulnerable » [Soutenir les plus vulnérables] imprimés plusieurs fois sur un fond mauve pâle. Nous nous réjouissons de pouvoir réunir la mode et la philanthropie dans ce projet, en utilisant notre première collection pour contribuer au travail incroyable du HCR. Pour découvrir toute la collection, visitez www.nahlaswim.shop et suivez Nahla sur Instagram à @nahla.swim.

Lexi Wood porte le foulard du HCR

Lexi Wood porte le foulard du HCR. © Photo fournie par Nahla

En tant que militante pour les droits des réfugiés, quel genre de soutien, de communauté et d’aide les réfugiés ont-ils besoin, selon vous, lorsqu’ils s’installent au Canada?

Je pense que, pour pouvoir aider les réfugiés et être leurs alliés, nous devons changer notre manière de voir les choses. Nous devons tout d’abord reconnaître leur humanité et ressentir un minimum d’empathie pour ce qu’ils ont vécu. Étant donné qu’ils font souvent face à l’isolement et à la solitude, nous devons leur fournir des ressources favorisant leur intégration et leur sentiment d’appartenance. Plus concrètement, nous pouvons faciliter leur insertion à long terme en leur donnant accès à des cours d’anglais, à l’éducation et au marché du travail.

Le Canada aide depuis longtemps les réfugiés. Pourquoi est-il important de faire passer les questions relatives aux réfugiés au premier plan des discussions, que ce soit au Canada ou au niveau international?

Je crois que la manière dont nous traitons les plus vulnérables dans notre société en dit long sur qui nous sommes. Nous devons aussi garder à l’esprit la perspective et les valeurs qu’apportent les réfugiés à leur société. Leurs origines, leur sens de la communauté et leur résilience offrent une énorme valeur ajoutée à la culture de leur pays d’accueil.

Cette année, le HCR célèbre son 70ème anniversaire. Depuis 70 ans, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés vient en aide aux réfugiés et aux personnes déplacées. Mais en 2020, plus de 79 millions de personnes sont toujours déracinées dans le monde Quelle est votre réaction lorsque vous entendez ces chiffres sur l’ampleur du problème des réfugiés?

Lorsqu’on entend ces chiffres, on peut se sentir dépassés par l’ampleur de la situation. Mais je crois que nous devons nous souvenir que nous avons tous la possibilité d’avoir un impact positif.

Que ce soit défendre les droits des réfugiés autour de nous, faire un don financier si nous le pouvons ou sensibiliser notre propre entourage, tous ces efforts s’additionnent et font toute la différence.

Ajoutez votre nom à la pétition #JeSuisUnDéfenseur et rejoignez le HCR en envoyant ce message clair : toutes les personnes comptent, et la xénophobie et le racisme doivent cesser dans le monde.

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