Harry Leslie Smith (à gauche) avec son fils John Smith. John poursuit l’héritage de son père en matière de défense des droits des réfugiés et des personnes déplacées.

John Smith est déterminé à poursuivre l’héritage de Harry Leslie Smith en matière de défense des droits des réfugiés

Dans la dernière édition du Magazine du HCR, nous vous avons parlé de Harry Leslie Smith, le militant pour la justice sociale âgé de 95 ans qui se déplaçait dans le monde pour défendre les réfugiés, dont tous les commentaires réfléchis, mordants et passionnés étaient suivis par plus de 250 000 abonnés Twitter.

Malheureusement, Harry est décédé des suites d’une pneumonie le 28 novembre 2018 à Belleville, en Ontario, dans les bras de son fils John, le gardien tout aussi passionné de l’héritage de son père.

Connu comme le « rebelle le plus âgé de la planète », ce militant des services sociaux né en Grande-Bretagne et vétéran de la Deuxième Guerre mondiale voulait changer le monde pour le mieux, motivé par son enfance vécue dans la pauvreté et ses expériences en temps de guerre.

Près de deux mois après la mort de Harry, nous avons parlé avec John alors qu’il planifiait ses prochains voyages dans de nombreux camps de réfugiés, notamment un voyage au printemps pour rencontrer la caravane de demandeurs d’asile à Tijuana au Mexique.

La caravane, l’une des nombreuses formées depuis la fin de 2018, est composée de demandeurs d’asile et de migrants du Honduras, du Salvador et du Guatemala, qui espèrent tous franchir la frontière du Mexique, puis celle de la Californie.

John poursuit la mission de Harry d’attirer l’attention sur le sort des réfugiés en rendant visite aux membres de la caravane pour montrer sa solidarité, et en rencontrant les membres du HCR et les médias.

« Je m’attends à voir un grand désespoir dans le camp » affirme John. « Je l’ai déjà constaté dans d’autres camps comme celui-ci. Mais je m’attends aussi à voir un grand optimisme, car les gens sont convaincus qu’ils seront traités de façon équitable par un autre pays, et avec la compassion et l’humanité auxquelles tout le monde a droit. »

Il s’attend aussi à voir le personnel du HCR « faire un excellent travail, comme ils le font dans toutes les situations de crise », en faisant référence à la présence de l’agence dans le sud du Mexique, où nous aidons à fournir de l’eau, de la nourriture, des abris et de l’aide à l’enregistrement.

Avant de mourir, Harry avait commencé à écrire un livre sur ses expériences avec les réfugiés, notamment ses souvenirs de la Deuxième Guerre mondiale alors qu’il a aidé des personnes désespérées à fuir l’Allemagne après la victoire des Alliées, un chapitre de sa vie qui a eu un profond impact sur son activisme social.

John a l’intention de terminer ce livre, et d’écrire son propre livre sur sa vie avec son père. Il a aussi de nombreux autres projets.

« Au bon moment », indique-t-il, « Je mettrai sur pied un organisme de bienfaisance en son nom qui gardera les travaux protégés par le droit d’auteur [de mon père]… et fera la promotion de la cause des réfugiés tout en luttant contre les injustices sociales ».

John est motivé par la vague d’amour provenant du monde entier pour son père pendant sa maladie et lors de son décès quelques semaines plus tard.

« Le charisme de mon père provenait de son honnêteté émotionnelle. C’était un homme aimant qui n’avait pas peur de montrer aux gens à quel point on peut être vulnérable si l’on vit sous l’oppression de la pauvreté et de la faim, et la mesure dans laquelle cela peut nuire au développement d’une personne. Il savait que la seule façon de lutter était de développer une plus grande empathie pour ceux qui vivent des conditions pires que les vôtres. »

Le fait que Harry n’ait pas commencé sa carrière d’activiste social avant un âge avancé, a fait en sorte que les gens le respectent encore plus, indique John.

« En raison de son âge, il est devenu un pont vivant avec l’histoire de tous… Ils voyaient en lui tout ce qui était bon d’une époque qui a eu de nombreux problèmes, mais qui a aussi connu de nombreuses personnes comme mon père qui se sont battues pour créer une meilleure communauté. »

« Ne perdez jamais espoir; ne pensez jamais que votre vie ne vaut rien, que la vie de votre famille ne vaut rien. Survivez. Survivez toujours, et si cela signifie de quitter votre pays…le message sera toujours que vous devez survivre pour vous et votre famille. »

Une fois rendu au Mexique, le message de John aux réfugiés de cet endroit et de partout sur la planète, sera le reflet de l’héritage de Harry :

« Ne perdez jamais espoir; ne pensez jamais que votre vie ne vaut rien, que la vie de votre famille ne vaut rien. Survivez. Survivez toujours, et si cela signifie de quitter votre pays à cause de la guerre ou de la peur d’un régime totalitaire et d’aller de l’avant, le message sera toujours que vous devez survivre pour vous et votre famille, et vous forger une nouvelle vie. »

Une célébration publique de la vie et de l’héritage de Harry a eu lieu à Toronto le 31 janvier 2019. La mémoire de Harry a été honorée par des hommages sincères et de la musique, dans le cadre d’une soirée pleine d’émotions.

Écrit par Fiona Irvine-Goulet

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