Les femmes burundaises (Ketty, en avant à gauche) marchent pour la paix dans la capitale Bujumbura le 10 mai 2015. ©Photo courtoisie de Ketty Nivyabandi

Ketty Nivyabandi a la nostalgie de son pays, mais elle est déterminée à continuer sa lutte pour les femmes au Burundi – une lutte qui lui a fait perdre son pays d’origine.

Par Gisèle Nyembwe à Ottawa

« Cela fait près de quatre ans maintenant.  Mon rêve le plus cher est de pouvoir retourner au Burundi un jour. C’est le seul souhait que j’ai, » dit l’activiste et poète de 40 ans.

La détermination de Ketty de chercher à changer la vie des femmes burundaises a été mise à l’épreuve en mai 2015. Elle avait organisé une marche historique des femmes à Bujumbura après que le président ait annoncé son intention de se faire réélire pour un troisième mandat. À l’insu de Ketty et des femmes qui avaient participé à la marche, une tentative de coup d’état avait lieu au même moment. La marche, bien que pacifique, a été réprimée.

À la suite de ce moment décisif dans sa vie et suite aux menaces que Ketty et d’autres activistes avaient reçues, Ketty avait décidé qu’il était temps de partir chercher refuge pour elle et ses deux filles. « J’ai quitté avec ma chère amie et compagne organisatrice de la marche, et nous sommes passées à travers de plusieurs barrages militaires, bien conscientes, à chaque fois, que cela pourrait être notre fin. »

Ketty s’agenouille pendant la marche pacifique devant un véhicule de police équipé d’un canon à eau pour disperser les participantes à la marche. ©Photo courtoisie de Joseph Ndayisenga

Plus tard, lors d’une visite familiale au Canada, Ketty s’est sentie obligé de déposer une demande d’asile : « pour une activiste, ce n’est jamais facile de quitter son pays. Tu mets ta vie en danger chaque fois que tu élèves la voix.  Tu le fais à cause d’un amour profond que tu as pour ton pays et ta patrie, et c’est extrêmement difficile de laisser tout ceci derrière. »

La situation au Burundi demeure encore caractérisée par des tensions politiques et des déplacements forcés.  Depuis 2015, plus de 400,000 réfugiés comme Ketty ont fui pour trouver refuge dans les pays voisins.  Le manque de financement continu pour soutenir les efforts d’assistance font du Burundi l’une des situations de réfugiés les plus négligées au monde.

Reconnue réfugiée au Canada depuis septembre 2015, Ketty est en train de chercher sans répit comment faire prévaloir les voix des femmes. Elle est aussi très consciente de la nécessité  d’attirer l’attention sur la situation des femmes réfugiées qui représentent la moitié des personnes forcées de partir de chez elles dans le monde.  Par le biais de la poésie, Ketty cherche à éveiller les consciences et à établir des liens avec les gens. Mais elle veut aussi offrir sa contribution du mieux qu’elle peut  au Canada, son pays adoptif.

« Il y a aussi beaucoup de travail à faire ici au Canada. J’ai l’intention, en particulier, d’utiliser mon énergie pour lutter contre l’injustice quand j’en suis témoin. »

Elle se sent bénie de travailler maintenant avec l’organisation Nobel Women’s Initiative, une agence ancrée dans l’activisme féministe et qui soutient les mouvements des femmes pour la paix dans le monde. Le travail de Ketty avec cette agence, l’aide à rester concentrée sur son activisme en faveur des droits des femmes dans le monde.

Pour la Journée mondiale des femmes (le 8 mars), Ketty reconnait que les femmes ont encore un long parcours à faire pour atteindre un monde plus égalitaire entre les hommes et les femmes: « C’est pour moi un cadeau de voir chaque jour comment des femmes se lèvent pour la paix et la justice dans nos communautés », dit Ketty. « Quel curieux hasard d’avoir été obligée de partir de mon pays pour avoir initié des marches de femmes pour la paix et de maintenant soutenir des mouvements semblables, mais à un niveau global.  Je n’ai aucun doute que le travail brave et collectif que les femmes font sur le plan global donnera naissance au monde pacifique que nous cherchons tous. »

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