Keyner Suarez, originaire de Maracaibo, au Venezuela, travaille aujourd’hui comme boulanger à la New York Bakery de Barranquilla, en Colombie. © HCR/Santiago Escobar-Jaramillo

GENÈVE – Dans un peu plus d’un mois, les maires de villes des quatre coins du monde participeront au Forum mondial sur les réfugiés – le plus grand rassemblement international sur les questions relatives aux réfugiés – notamment pour s’engager à mettre en œuvre des plans d’inclusion économique et sociale qui permettent aux réfugiés de reconstruire leur vie et de contribuer au bien-être des communautés qui les accueillent.

Plus de 25 maires sont attendus à Genève du 13 au 15 décembre 2023 pour annoncer un soutien en matière d’opportunités professionnelles, de logement, d’infrastructures, de solutions pour le climat et de services de santé pour les réfugiés dans les villes et les zones urbaines. Ces engagements compléteront ceux qui avaient été pris lors du premier Forum mondial sur les réfugiés en 2019, au cours duquel les maires ont appelé à une collaboration plus étroite entre les gouvernements des villes, les dirigeants locaux et la communauté internationale.

« L’inclusion des réfugiés est une inclusion locale et ne peut être réalisée sans la participation des maires », a déclaré Marvin Rees, maire de Bristol, au Royaume-Uni, lors de la Journée mondiale des villes 2023. « Bristol, comme de nombreuses villes, est fière d’être une ville sanctuaire, mais nous devons avoir la possibilité de façonner le contexte national et international dans lequel nous travaillons. C’est pourquoi j’ai cofondé le Conseil des maires pour la migration et me suis engagé à contribuer aux objectifs du Pacte mondial sur les réfugiés lors du premier Forum mondial sur les réfugiés en 2019. Aujourd’hui, en 2023, les maires du monde entier sont prêts à prendre de nouveaux engagements en faveur des réfugiés et à appeler à un investissement plus important dans les solutions mises en œuvre par les villes. »

Les progrès réalisés ont porté leurs fruits. En Colombie, pays qui accueille 2,9 millions de réfugiés et de migrants, trois villes mènent des initiatives en faveur de l’emploi. À Barranquilla, où se déroule le deuxième plus grand carnaval du monde, la ville a créé un Centre d’opportunités (Centro de Oportunidades) pour coordonner les services offerts par le gouvernement local, le gouvernement national et les organisations internationales ciblant les migrants, les réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur des frontières de leur pays et celles rapatriées. Grâce à ce service, Keyner Suarez, déplacé du Venezuela, a trouvé du travail dans une boulangerie industrielle. L’entreprise plaide en faveur de l’emploi des réfugiés, expliquant comment ils peuvent contribuer à l’entreprise et à l’économie locale. Le plan fiscal à moyen terme du ministère colombien des finances estime que les recettes fiscales augmenteront de 2,9 % du PIB d’ici 2030 par rapport à 2021, comparativement à un scénario de base sans migration.

À Nairobi, réfugiés, migrants et personnes déplacées à l’intérieur du pays sont au cœur de la transition verte de la ville, créant des opportunités d’emploi pour la durabilité économique et environnementale. Afin d’anticiper et d’atténuer les effets du dérèglement climatique, la ville mène une étude de référence pour comprendre les compétences et les besoins en matière d’emploi des personnes vivant dans les zones d’habitat informel de Nairobi.  Le gouvernement met également en place un centre d’innovation au profit de la communauté locale et des réfugiés, et s’engage à améliorer les espaces publics, y compris les espaces autorisés aux petits commerçants, afin de leur offrir de meilleures opportunités de revenus.

« Les villes constituent le poumon des affaires et du commerce dans le monde entier, et pour de nombreux réfugiés, elles sont le premier endroit où ils cherchent la sécurité et la possibilité de reconstruire leur vie », a déclaré Kelly Clements, Haut Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés. « Lorsque les gouvernements locaux créent les conditions propices à leur inclusion économique et sociale, les villes prospèrent. L’engagement des maires et des gouverneurs du monde entier à mettre en œuvre ces actions incarne l’esprit du Forum mondial sur les réfugiés, et nous espérons que davantage de villes se joindront à cet effort global. »

À Montréal, au Canada, des initiatives telles qu’un « bureau des nouveaux arrivants » aident les nouveaux venus dans la ville, quel que soit leur statut migratoire, en soutenant les opportunités d’emploi qui correspondent aux compétences et aux aspirations de chacun. Cette initiative a été lancée en 2016, bien avant le premier Forum mondial sur les réfugiés. La ville a depuis lancé une autre initiative, dénommée « Montréal Inclusive au Travail », qui s’étend à la communauté des affaires. Ladite initiative implique 60 PDG du groupe d’affaires Montréal Employer Circle qui s’engagent à créer des mécanismes de recrutement afin d’améliorer la capacité des employeurs à embaucher, intégrer et retenir les employés réfugiés.

Selon les estimations, jusqu’à 60% des réfugiés vivent actuellement dans des zones urbaines et des villes. Ces environnements jouent donc un rôle essentiel dans les parcours des réfugiés et de leurs familles.  Parallèlement à leurs engagements, plus de 300 villes, dont Tokyo, Paris et Kampala, ont signé une déclaration de solidarité visant à promouvoir l’intégration et le soutien des réfugiés – un geste modeste mais symboliquement important de solidarité avec les réfugiés du monde entier.

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