En gravissant les plus hautes montagnes des hémisphères Ouest et Sud, Achraf Gueroun élève le fait de redonner, à de nouveaux sommets.
Par Fiona Irvine-Goulet
Lorsque nous avons parlé à Achraf Gueroun, il était à quelques jours de gravir le mont Aconcagua dans la cordillère des Andes, en Argentine. S’élevant à 6962 mètres, il s’agit du plus haut sommet dans les hémisphères Ouest et Sud. On l’appelle également la « montagne de la mort ».
Mais ce surnom n’effraie par Achraf, 39 ans, qui espère gravir la montagne vers la fin du mois de janvier. Il est motivé à atteindre son objectif afin d’amasser des fonds et de sensibiliser le public au travail du HCR pour aider les réfugiés.
Gestionnaire en développement des marchés du secteur financier à Montréal, et athlète chevronné, Achraf comprend pleinement les risques – mal des montagnes, hypothermie et le Viento Blanco (les célèbres vents blancs à haute vélocité de la montagne) – mais il sait qu’une approche équilibrée est essentielle à sa réussite.
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« On se concentre sur le dépassement de soi, mais aussi sur le périple pour y arriver », affirme Achraf. « Votre corps peut ne pas vous le permettre. La montagne peut ne pas vous le permettre. C’est un privilège de faire ceci. »
« Privilégié », c’est le terme utilisé par Achraf pour décrire sa vie. Né au Maroc, il a immigré avec sa famille au Canada quand il était très jeune. Cette expérience a teinté sa vie, et il dit qu’il est chanceux d’être là où il est maintenant, un fait qu’il tente d’inculquer à sa fille de huit ans.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il a dédié son ascension au HCR. Il explique à sa fille, qui va souvent faire de la randonnée avec lui, qu’il y a des millions de personnes dans le monde qui n’ont pas de domicile et qui tentent de survivre chaque jour.
Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi le HCR comme bénéficiaire de son projet philanthropique, il indique de façon bien informée que plus de 68 millions de personnes dans le monde sont déplacées en raison de la violence, des conflits et de la persécution.
« J’ai fait mes recherches [pour le choix d’une organisation] » explique Achraf. « Je voulais redonner d’une certaine façon et il était important pour moi que le HCR n’ait pas d’affiliations politiques ou religieuses et que l’organisation soit présente dans de nombreux pays.»
Au moment de discuter avec lui, Achraf avait amassé près de 4 000 $ par l’entremise de sa page de collecte de fonds du HCR, somme qu’il a récoltée en approchant des amis, des membres de sa famille et des collègues. Il espère atteindre son objectif de 8 000 $, mais indique qu’il s’agit pas seulement d’argent.
« J’estime que c’est ma façon de faire une différence et de sensibiliser le public à la crise que vivent les réfugiés. Nous pouvons tous donner du temps et de l’énergie, et même servir d’exemple pour nos enfants », affirme Achraf. « Je pense qu’il est important pour nous de reconnaître que beaucoup de gens n’ont pas les mêmes privilèges que nous, et qu’ils n’ont parfois pas de toit ou de droit à la sécurité. »
Malgré quelques revers, Achraf a complété son ascension le 18 janvier, nous raconte-t-il dans un courriel. « Tout ce travail a fini par payer. Je viens de réussir. Force mentale. Concentration. Gravir une montagne pour une cause. La chose la plus dure que j’ai jamais faite. J’ai atteint le sommet dans un temps record… »
Après quatre heures d’ascension, le guide du groupe a dû abandonner en raison de maladie. Ensuite, Achraf a dû terminer la dernière partie de l’ascension seul, à cause de problèmes avec ses crampons, les dispositifs utilisés pour donner de l’adhérence aux bottes.
Il dit « Seul et fatigué, j’ai commencé mon ascension. Six heures seul sur cette montagne. Chaque respiration était difficile. Je suis maintenant à deux heures du sommet il ne rest plus rien. Je lis les petites cartes de motivation que ma fille a faites pour moi. Je tiens à peine debout, je suis vidé. J’ai finalement réussi. »
Félicitation à Achraf pour son exploit et son remarquable soutien au HCR Canada.