A Cox’s Bazar, Sokina (à gauche), une Bangladaise âgée de 35 ans, a reçu un traitement contre le Covid-19 dans un centre de santé soutenu par le HCR et assurant des soins de santé aux réfugiés et aux nationaux.

A Cox’s Bazar, Sokina (à gauche), une Bangladaise âgée de 35 ans, a reçu un traitement contre le Covid-19 dans un centre de santé soutenu par le HCR et assurant des soins de santé aux réfugiés et aux nationaux. © HCR/Kamrul Hasan


Gillian Triggs et Raouf Mazou, Hauts Commissaires assistants en charge, respectivement, de la protection internationale et des opérations, achèvent ce jour leur visite de quatre jours au Bangladesh et ont appelé à l’aide internationale et à la solidarité avec les réfugiés rohingyas et le Bangladesh. La protection, le bien-être, les préoccupations des réfugiés ainsi que la relance des efforts visant à trouver des solutions doivent être au cœur des efforts de réponse.

La visite au Bangladesh de Gillian Triggs, Haut Commissaire assistante du HCR en charge de la protection internationale, et de Raouf Mazou, Haut Commissaire assistant du HCR en charge des opérations, s’est déroulée du 30 mai au 2 juin. Elle comprenait des visites au camp de réfugiés de Cox’s Bazar où vit la grande majorité des réfugiés rohingyas et à l’île de Bhasan Char, ainsi que des réunions avec des hauts représentants bangladais.

Tout au long de leur visite, les Hauts Commissaires assistants ont réitéré leur sincère reconnaissance au gouvernement et au peuple bangladais pour leur esprit humanitaire et leur généreuse hospitalité à l’égard des réfugiés rohingyas qui ont fui les violences et la persécution au Myanmar depuis des décennies, notamment après le récent afflux de plus de 740 000 réfugiés rohingyas depuis août 2017. Ils ont également rappelé qu’il est urgent de continuer à rechercher des solutions globales, y compris le retour durable et librement consenti des réfugiés rohingyas au Myanmar, dans la sécurité et la dignité.

Les Hauts Commissaires assistants ont souligné que la responsabilité de l’actuelle situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh incombe au Myanmar, et que c’est là que réside la solution. La récente évolution de la situation au Myanmar complique toutefois à court terme les perspectives de rapatriements librement consentis.

« Même si le Bangladesh a fait preuve d’humanité et de solidarité, dans le droit-fil des principes fondamentaux du Pacte mondial sur les réfugiés, la communauté internationale doit assumer et concrétiser l’obligation de partage des responsabilités, de protection des réfugiés et d’appui au gouvernement bangladais qui accueille les réfugiés », a déclaré Gillian Triggs.

Les Hauts Commissaires assistants se sont rendus au camp de réfugiés rohingyas de Cox’s Bazar où ils ont rencontré le Commissaire en charge de l’aide et du rapatriement des réfugiés (RRRC) qui est responsable de la coordination globale de la réponse à la crise des réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar, ainsi que son adjoint, le Commissaire assistant.

Malgré les difficultés posées par le Covid-19, ils ont constaté de remarquables avancées dans la préparation et la réponse à la pandémie, dans et en dehors des camps, tant pour les réfugiés que pour les communautés hôtes. Dans la communauté d’Ukhiya, les Hauts Commissaires assistants ont visité un centre de traitement contre le Covid-19 qui a ouvert ses portes il y a seulement huit semaines. À lui seul, ce centre a répondu durant l’année écoulée aux besoins d’un millier de patients dont près de 70 pour cent appartiennent à la communauté bangladaise hôte.

« La réponse sanitaire inclusive mise en œuvre à Cox’s Bazar a permis de sauver des vies. Le gouvernement a montré un bel exemple en incluant les réfugiés rohingyas dans son plan national de réponse au Covid-19 et le plan de vaccination associé. Le HCR a ouvert deux des 12 centres opérationnels de traitement du Covid-19 et établi la première unité de soins intensifs de l’hôpital de district. Répondre de manière égale aux besoins des deux communautés est essentiel pour assurer la sécurité de tous », a déclaré Raouf Mazou.

La pandémie de Covid-19 et les restrictions associées ont créé des difficultés supplémentaires dans les camps. Les Hauts Commissaires assistants y ont constaté une présence humanitaire réduite, d’où des risques en matière de protection. Le HCR plaide pour l’apport de services de protection essentiels aux plus vulnérables, dont les femmes et les enfants qui sont particulièrement exposés aux violences sexistes, notamment l’exploitation sexuelle, le mariage précoce et le travail des enfants.

Dans le cadre de son action, le HCR est à l’écoute des réfugiés. Durant leur visite au camp de réfugiés rohingyas de Cox’s Bazar, les Hauts Commissaires assistants ont pu discuter avec des réfugiés pour mieux comprendre leur situation et leurs besoins. Nombreux sont ceux qui ont évoqué la nécessité de reprendre des études ou d’entreprendre des formations professionnelles.

Le gouvernement a facilité la visite des Hauts Commissaires assistants à Bhasan Char. Durant leur séjour sur l’île, ils ont constaté les gros investissements financiers du gouvernement bangladais dans diverses installations et infrastructures, y compris des logements. Il est toutefois clair que les 18 000 réfugiés rohingyas qui vivent actuellement sur l’île ont besoin de protection et d’assistance, c’est-à-dire d’accéder à des moyens d’existence décents, au développement des compétences, à l’éducation, aux services de santé et à des liquidités pour faciliter leur vie quotidienne.

Le HCR reconnaît le potentiel de Bhasan Char en tant que solution d’accueil temporaire pour certains réfugiés rohingyas au Bangladesh. Il propose de poursuivre les discussions avec le gouvernement bangladais pour assurer la protection des réfugiés et définir notre engagement opérationnel futur sur l’île. Parallèlement, le HCR demeure préoccupé par des informations évoquant l’arrestation et la détention de réfugiés qui tentent de quitter l’île de Bhasan Char. Le HCR déconseille vivement d’utiliser le transfert à Bhasan Char en tant que mesure punitive.

« Bhasan Char présente un certain potentiel, bien que les facteurs humains et la protection des réfugiés qui y vivent doivent être pleinement examinés. Le transfert à Bhasan Char doit résulter d’une décision librement consentie de la part des réfugiés. Ils doivent bénéficier d’une liberté de mouvement sur l’île et avoir la possibilité de retourner à Cox’s Bazar pour entretenir les liens familiaux avec les personnes vivant dans les camps », a souligné Gillian Triggs.

Durant leur séjour à Bhasan Char, le HCR a pu s’entretenir avec de nombreux réfugiés, principalement de jeunes hommes, qui leur ont fait part de leur inquiétude face au manque d’accès à des moyens d’existence, des possibilités d’autosuffisance, à l’acquisition de compétences et l’accès à l’éducation. L’équipe du HCR a été profondément affectée par des informations selon lesquelles des réfugiés ont été blessés le jour de leur visite à Bhasan Char.

Même si les réfugiés rohingyas souhaitent majoritairement leur rapatriement durable et librement consenti dans la sécurité et la dignité lorsque les conditions au Myanmar le permettront, la crise est aujourd’hui dans sa quatrième année et les réfugiés ne peuvent demeurer entièrement dépendants de l’aide.

« Des moyens d’existence et la possibilité d’acquérir des compétences donneront aux réfugiés un sentiment d’accomplissement et d’autonomie pendant leur séjour au Bangladesh, tout en les préparant à réintégrer leur pays quand les conditions seront propices à leur rapatriement », a souligné Raouf Mazou.

Ce 2 juin, les Hauts Commissaires assistants du HCR sont heureux d’avoir pu aborder ces diverses questions avec les hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères qu’ils ont rencontrés, notamment le ministre et le secrétaire d’État aux Affaires étrangères ainsi que le secrétaire d’État du ministère de la Gestion des catastrophes et des secours.

Tout en continuant de travailler ensemble, avec l’appui de la communauté internationale, en vue de rapatriements librement consentis, les Hauts Commissaires assistants ont discuté de l’introduction possible de solutions alternatives pour les réfugiés rohingyas, notamment la réinstallation dans des pays tiers pour les plus vulnérables ayant des besoins spécifiques en matière de protection, ainsi que des voies complémentaires d’admission à l’étranger pouvant inclure des possibilités d’emploi et d’éducation.

Une fois de plus, le HCR appelle la communauté internationale – notamment via le Plan de réponse conjoint 2021 récemment publié – à maintenir son appui au gouvernement bangladais qui a assumé une énorme responsabilité en accueillant près d’un million de réfugiés rohingyas dans le plus vaste camp de réfugiés au monde. Cette crise ne doit pas tomber dans l’oubli.

Publié par le HCR, le 2 juin 2021.

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