Soudan

Yasir, un demandeur d’asile soudanais forcé de fuir la persécution dans son pays, récupère au camp Emergency Transit Mechanism (ETM) du HCR à l’extérieur de Niamey, au Niger. Après avoir fui le Darfour, Yasir a été détenu illégalement par une milice à Tripoli et gardé dans des centres où il été fréquemment battu et humilié. ©UNHCR/John Wendle

Une tentative désespérée pour atteindre la sécurité

Par Louise Donovan et Lauren La Rose


Un Soudanais ayant survécu à la torture et pris au piège en Libye est finalement évacué vers le Niger.


Ses cicatrices guérissent peut-être, mais le souvenir des coups violents est encore bien vivant chez Yasir.

Natif du Soudan, Yasir fait partie d’un groupe ethnique associé à la rébellion et à la lutte pour la liberté au Darfour. Et malgré le fait qu’il n’ait aucun lien avec le groupe, il a été ciblé et torturé.

Yasir avait 11 ans lorsqu’il a fui le Soudan pour l’Ouganda pour rejoindre son père, qui avait déjà fui le pays. Sa mère n’a pas pu le suivre. À l’âge de 15 ans, il est revenu au Soudan pour la voir. Au Darfour, il a immédiatement été arrêté et torturé avant d’être jeté à la rue.

En essayant de s’échapper à nouveau, il a fini par tomber sur un réseau de trafiquants qui l’ont fait passer en Libye et qui l’ont forcé à payer une rançon pour sa libération. Au lieu d’être libéré, il a été vendu à un autre trafiquant et emmené à l’entrepôt Bani Walid, à environ 180 kilomètres au sud-est de la capitale Tripoli.

« Lorsque nous sommes arrivés [à Bani Walid] des hommes armés nous ont enfermés dans une cellule souterraine, avec 500 autres prisonniers et nous ont battus en permanence. Nous avons été forcés d’appeler nos familles pour leur demander 10 000 dinars (9 200 $ CAN) pour chacun de nous. »

Lorsqu’il a essayé de s’échapper, les trafiquants ont tiré à travers la porte, tuant sept réfugiés et en blessant plusieurs autres, dont Yasir, qui a reçu une balle dans le pied.

À titre de châtiment, ils ont été torturés pendant quatre jours : ils ont été électrocutés dans une piscine et on a brûlé du plastique sur leur peau. Ces tortures ont été filmées et envoyées à leurs familles.

« Les horreurs auxquelles les gens font face pendant ces voyages périlleux vont au-delà de tout entendement. »

Yasir a été emmené au centre de détention de Sabratha, puis au centre de détention de Gaser Ben Gashir. Après plus d’un an, le HCR l’a évacué au Niger en avril 2019, où il a pu récupérer au camp Emergency Transit Mechanism (mécanisme de transition d’urgence) (ETM) à l’extérieur de la capitale Niamey.

« Il faut davantage d’évacuations humanitaires, affirme Jean-Paul Cavalieri, chef de mission du HCR en Libye. Ces évacuations constituent une planche de salut essentielle pour les réfugiés dont la seule échappatoire est de mettre leur vie dans les mains de contrebandiers et de trafiquants sans scrupule sur la mer Méditerranée. »

Des milliers de réfugiés et de migrants risquent leur vie aux mains des trafiquants et des contrebandiers lors de voyages dangereux de l’Afrique subsaharienne vers l’Afrique du Nord en cherchant à atteindre la sécurité en Europe.

Le HCR a lancé la campagne Routes towards the Mediterranean strategy en juin 2019 afin d’amasser 277 millions $ CAN pour aider des milliers de personnes à fuir les violences terribles infligées par les trafiquants et les contrebandiers. L’agence cherche des solutions de rechange pour aider les réfugiés afin qu’ils n’aient plus besoin de faire la traversée.

Le HCR identifie les personnes les plus vulnérables coincées dans les centres de détention libyens et les emmène au centre de rassemblement et de départ de Tripoli, où ils attendent l’évacuation.

Plus de 3 900 personnes ont été évacuées depuis le commencement de l’opération en 2017. La plupart de ces personnes vont au Niger où des solutions plus durables, comme la réinstallation dans des pays tiers, leur sont offertes.

« Les horreurs auxquelles les gens font face pendant ces voyages périlleux vont au-delà de tout entendement. Il s’agit de violation des droits de la personne et de la dignité, affirme Alessandra Morelli, représentante du HCR au Niger. « Nous cherchons à leur redonner espoir grâce à des soins et à la guérison. »

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