Sokina, a local Bangladeshi woman, speaks to Dr. Nazia Sultana, the head of the isolation and treatment centre in Ukhiya.

Sokina, une ressortissante bangladaise, s’entretient avec le docteur Nazia Sultana, responsable du centre d’isolement et de traitement d’Ukhiya, où elle a bénéficié d’un traitement contre le Covid-19 en janvier 2021. © HCR/Kamrul Hasan

Les établissements de santé de Cox Bazar prennent en charge tant les réfugiés rohingyas que les Bangladais atteints du Covid. La campagne de vaccination nationale sera mise en œuvre selon la même approche inclusive.

Par Louise Donovan et Iffath Yeasmine à Cox Bazar


Lors de l’apparition des premiers cas de Covid-19 au Bangladesh en mars 2020, des inquiétudes ont rapidement suivi quant à la propagation potentielle du virus dans les installations de réfugiés densément peuplées du sud du pays qui abritent plus de 860 000 Rohingyas.


Un an plus tard, sur un total de près de 30 000 tests effectués dans les camps rohingyas, seuls 400 cas de Covid-19 ont été confirmés, ainsi que 10 décès. Les raisons pour lesquelles le nombre d’infections et de décès enregistrés est plus faible que prévu ne sont pas encore identifiées mais, depuis le début de la pandémie, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et d’autres institutions d’aide ont travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement et les autorités locales pour mettre au point une réponse qui inclut à la fois les réfugiés et les communautés locales du Bangladesh.

« La coordination et la collaboration entre les agences sont essentielles, tandis que l’engagement proactif des réfugiés et des communautés d’accueil a été un facteur crucial dans la lutte et la prévention contre le Covid-19 à Cox Bazar », a déclaré le Dr Allen Gidraf Kahindo Maina, responsable au HCR pour la santé publique dans ce district.

Dans un premier temps, les moyens de lutte ont inclus des messages radiophoniques, des vidéos et des affiches en langues rohingya, birmane et bengali pour partager des informations sur la manière de se protéger contre le virus. La campagne de sensibilisation comprenait également des centaines de travailleurs de santé communautaires bénévoles, dont beaucoup étaient des réfugiés, effectuant des visites de porte-à-porte pour partager des informations et aider les établissements de santé locaux à identifier et à traiter les cas de Covid-19.

Depuis le début des efforts de lutte contre le Covid, les agences humanitaires ont contribué à la création de 14 centres d’isolement et de traitement (ITC) à l’intérieur des camps et dans les communautés d’accueil environnantes à Cox Bazar. A la fin 2020, plus de 1200 lits étaient disponibles dans ces centres. Les ITC sont équipés pour fournir des soins aux patients bangladais et rohingyas atteints du Covid-19, avec des symptômes légers ou plus graves.

En mai 2020, le HCR et son partenaire, Relief International, ont ouvert le premier centre de ce type dans la ville d’Ukhiya, quelques jours seulement avant que le premier réfugié rohingya ne soit testé positif au Covid-19.

« Quand j’étais malade du Covid… les autres patientes sont devenues comme une famille pour moi. »

Sokina, 35 ans, vit dans un village près de Kutupalong – la plus grande installation de réfugiés de Cox Bazar, et au monde. Avec trois enfants et un mari malade à charge, elle était employée en tant que domestique par une famille locale lorsqu’elle a commencé à ressentir les symptômes du Covid-19 il y a deux mois. Son employeur lui a conseillé de se rendre à l’ITC local de la ville d’Ukhiya pour y être testée.

Tout en vivant à proximité de l’installation de réfugiés, Sokina avait eu peu d’interactions avec les Rohingyas avant d’être admise au centre de traitement. Elle y a passé 17 jours, avec cinq autres patientes – trois Bangladaises et deux réfugiées rohingya. Elles sont devenues très proches et se sont soutenues mutuellement pendant cette période terrifiante.

« Quand j’étais malade du Covid, je n’avais pas ma famille avec moi, alors les autres patientes sont devenues comme une famille pour moi », se souvient-elle. « Nous discutions ensemble, et nous avons partagé notre expérience. »

Elle a beaucoup appris sur la vie menée par les femmes rohingyas au Myanmar et comment elles sont devenues des réfugiées.

« Elles menaient une vie agréable auparavant au Myanmar, mais maintenant elles souffrent, et elles ont besoin de notre aide. Ce sont des êtres humains, pourquoi devraient-ils être mal traités ? Nous sommes des patients, ils sont des patients, alors nous devrions tous être traités de la même manière », a-t-elle déclaré.

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Un médecin examine un patient au centre d’isolement et de traitement (ITC) d’Ukhiya. Il s’agit du premier centre de ce type pour le traitement des cas de Covid-19. Ce centre avait été ouvert à Cox Bazar en mai 2020. © HCR/Kamrul Hasan
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A l’ITC d’Ukhiya, des médecins traitent des patients bangladais et rohingyas atteints du Covid-19, avec des symptômes légers ou plus graves. © HCR/Kamrul Hasan
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A la fin 2020, plus de 1200 lits étaient disponibles dans 14 ITC situés à l’intérieur des camps et dans les communautés d’accueil environnantes à Cox Bazar. © HCR/Kamrul Hasan

En novembre 2020, la réfugiée rohingya Shokiba, également âgée de 35 ans, a passé 20 jours avec sa fille de sept ans, Jainak Bibi, dans ce même établissement médical. Bien qu’elle n’était pas elle-même atteinte du Covid-19, elle a pu rester avec Jainak durant tout son traitement. Elle avait entendu parler de personnes mourant du virus dans le monde entier, mais elle a été rassurée par ce qu’elle a vu à l’ITC.

« Les médecins étaient très bons et ils ont bien traité tous les patients. Il y avait aussi des patients bangladais avec nous, mais personne n’a été traité différemment », a-t-elle déclaré.

En plus des ITC, il y avait un besoin urgent d’une unité de soins intensifs (ICU), avec des ventilateurs pour les cas de Covid-19 les plus graves. Le HCR a aidé le National Sadar Hospital de Cox Bazar à ouvrir une unité de soins intensifs comptant 38 lits en juin 2020. Une unité de haute dépendance (HDU) a également été créée pour fournir des soins aux personnes se remettant du virus. Le financement pour les salaires des 110 employés, des médicaments et de tous les autres besoins est assuré par le HCR.

Le Dr Kafil Uddin Abbas, qui dirige cette unité de soins intensifs, a déclaré qu’elle avait été essentielle pour sauver la vie des patients les plus gravement touchés.

« Cette infrastructure est essentielle pour les habitants de Cox Bazar, mais aussi pour les habitants de toute cette région », a-t-il déclaré. « Il s’agit de la seule unité de soins intensifs pour l’ensemble du district – non seulement pour les soins contre le Covid-19, mais aussi pour toutes les autres urgences médicales. »

« Nous pensons que cette unité de soins intensifs peut servir d’exemple pour la solidarité et les services dans tout le pays et même dans le monde entier », a-t-il ajouté.

Début 2021, le gouvernement bangladais a commencé à déployer un plan national de vaccination contre le Covid-19, les premières vaccinations ayant eu lieu dans la capitale à la fin du mois de janvier. Au cours du mois suivant, plus de trois millions de Bangladais ont reçu leur première dose de vaccin.

Après des discussions entre le HCR, les partenaires de santé et les autorités sanitaires nationales, le gouvernement a désormais confirmé que les réfugiés rohingyas seront inclus dans la campagne nationale de vaccination sur la base de critères similaires de priorité pour les plus vulnérables et au même titre que pour les ressortissants bangladais. Il s’agit notamment des personnes âgées, des travailleurs de santé de première ligne, des bénévoles et des enseignants. Les réfugiés devraient commencer à recevoir des vaccins dans les semaines à venir.

« Le Bangladesh fait preuve d’une solidarité remarquable, ainsi que de prévoyance, en incluant les réfugiés rohingyas dans tous les plans depuis le début de la pandémie, y compris la campagne de vaccination en cours », a déclaré le Dr Maina.

« Protéger les personnes les plus vulnérables dans chaque communauté est essentiel pour vaincre ce virus. »

Publie par le HCR, le 18 mars 2021 

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