Un groupe de réfugiés rohingyas fuit le Myanmar et rejoint le camp de réfugiés de Teknaf au Bangladesh

Un groupe de réfugiés rohingyas fuit le Myanmar et rejoint le camp de réfugiés de Teknaf au Bangladesh.
© HCR/Andrew McConnell

Ce documentaire réalisé par un réalisateur primé présente un réfugié au Bangladesh qui s’est donné pour mission de réunir des familles disloquées

Alors que des centaines de milliers de réfugiés rohingyas ont quitté le Myanmar pour le Bangladesh fin 2017, un homme a identifié un besoin, a loué un micro et tente de changer concrètement la vie de ces familles.


De nombreux enfants ont été séparés de leurs parents alors qu’ils fuyaient la persécution. Kamal Hussein s’est donné pour mission de réunir à nouveau ces familles.

« C’est comme une double persécution », dit-il, faisant référence aux parents qui avaient perdu leurs enfants.

L’histoire de Kamal Hussein à Kutupalong, le plus vaste camp de réfugiés du monde, a été adaptée en un court métrage de Grain Media, une société de production cinématographique qui a remporté un Oscar en 2017.

Lost and Found a été tourné cette année-là et a depuis été acheté par la compagnie National Geographic Documentary Films. Il a été présenté pour la première fois au Telluride Film Festival de 2019 aux États-Unis et sortira dans le monde entier cette année. Le film a été commandé par le Comité du Prix Nobel. Celui-ci voulait faire un film sur le travail du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a reçu deux fois le prix Nobel de la paix.

Alors que la crise battait son plein fin août 2017, des dizaines de milliers de réfugiés arrivaient chaque jour dans la région de Kutupalong – à pied, épuisés et sous la mousson.

Kamal Hussein a décidé de réagir après qu’une femme se soit approchée de lui en pleurant et lui ait demandé de l’aide pour retrouver son enfant.

« J’ai réfléchi pendant un moment, puis j’ai loué un micro pour toute la journée », raconte-t-il, pour faire connaître à tous la description de l’enfant. Et son idée a fonctionné. Quelques heures plus tard, un homme amenait l’enfant et sa mission était née.

Le HCR et Handicap International lui ont ensuite donné du matériel audio et un abri au cœur du camp pour diffuser les noms des enfants égarés et inviter les parents à les récupérer.

« Enfant, je n’avais personne. »

Il a travaillé jusqu’à presque minuit ce premier soir, et a gagné la confiance de la communauté.

« Les réfugiés qui sont ici depuis longtemps connaissent le camp, mais les nouveaux réfugiés ne le connaissent pas et ils s’y perdent », explique-t-il.

La campagne de persécutions et de violences menée par le Myanmar à partir d’août 2017 a chassé plus de 740 000 Rohingyas apatrides de leur foyer dans l’État de Rakhine, de l’autre côté de la frontière. Aujourd’hui, plus d’un million de Rohingyas se trouvent au Bangladesh.

Lui-même réfugié, Kamal Hussein connait leur douleur. Des soldats du Myanmar l’ont battu jusqu’à ce qu’il perde connaissance quand il avait six ou sept ans, et pendant un an il a été séparé de ses parents. Il a fui son pays natal il y a des décennies, mais il porte encore de cette expérience les cicatrices physiques et mentales.

« Enfant, je n’avais personne », dit-il. « J’ai beaucoup souffert dans ma vie, mais maintenant que je fais ce travail, je me sens en paix avec moi-même. »

Le réalisateur Orlando von Einsiedel espère que son film soulignera la gravité du problème du déplacement forcé dans le monde et la nécessité d’y apporter des solutions.

« Le flux constant des informations qui nous parviennent peut nous faire perdre de vue des situations de crise ailleurs dans le monde », explique Orlando von Einsiedel. « Des histoires d’espoir et d’ingéniosité comme celle de Kamal sont un antidote, qui m’aide à faire la part des choses et à renouveler ma foi en l’humanité. »

Le HCR est à mi-chemin d’une campagne de dix ans visant à mettre fin à l’apatridie et dont le slogan est #Jexiste.

Kamal Hussein avait aidé à ramener près de 800 enfants auprès de leurs parents fin 2017, date à laquelle le documentaire a été tourné.

Son kiosque est maintenant fermé car les organisations d’aide se sont mobilisées pour jouer le rôle que jouait Hussein à l’époque. Il continue quant à lui à travailler comme volontaire et à soutenir sa communauté.

L’histoire retiendra qu’en 2017, alors que le chaos régnait et que les besoins étaient à leur comble, Hussein, agissant seul, a fait le premier pas.

Publie par le HCR, le 12 novembre 2019

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