Hassan Naser a été contraint de quitter son domicile d’Aden, il y a trois ans, et vit maintenant avec sa femme et ses quatre enfants à Sanaa. © HCR/Shadi Abusneida

SANAA, Yémen – Hassan Naser a dû fuir sa maison d’Aden à cause de la guerre, il y a trois ans, et il vit maintenant avec sa femme et ses quatre enfants à Sanaa.

Marchant à l’aide d’un bâton, il a réussi à obtenir une aide financière d’une banque de la capitale yéménite, qui sera vitale pour lui et sa famille.

« Je souffre d’insuffisance rénale et je ne peux marcher que très lentement car j’ai une hernie discale », explique-t-il. « J’utiliserai la majeure partie de l’argent pour payer les médicaments et aussi pour payer les arriérés de loyer de ma maison. »

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré vendredi le 26 octobre 2018 avoir intensifié ses efforts pour faire en sorte que les personnes déplacées au Yémen, comme Naser, âgé de 61 ans, aient accès à une aide en espèces pour répondre à leurs besoins les plus urgents en matière de logement et de protection.

Le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, a déclaré que cette aide était une bouée de sauvetage pour les familles déplacées les plus vulnérables du Yémen, leur permettant de faire face à leurs besoins urgents.

« Les conditions actuelles de pré-famine et l’épidémie de choléra au Yémen viennent s’ajouter à l’impact désastreux que le conflit a déjà eu en termes de déplacements massifs et de pertes civiles croissantes », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Genève.

« Il demeure primordial que les activités d’aide vitale soient soutenues. »

« Par conséquent, il demeure primordial que les activités d’aide vitale, y compris la protection et les abris d’urgence, soient menées et appuyées parallèlement aux programmes d’alimentation, de santé et d’éducation. »

Les 20 000 familles bénéficiaires de l’aide ont fui les combats vers des zones plus sûres ou sont rentrées chez elles après avoir été déplacées. Beaucoup trouvent souvent leur maison en ruines et luttent pour survivre.

Parmi les bénéficiaires, Siham Abduallah, âgée de 27 ans, a fui le ville portuaire de Hudayda, à l’ouest du pays, il y a quatre mois avec ses deux enfants et son frère jumeau Bassam, qui a un enfant. Ils vivent maintenant dans des logements temporaires à Sanaa.

« Tous les magasins ont fermé et mes enfants pleurent à cause de la faim », dit-elle. « Nous avons dû partir. Les bombardements et les frappes aériennes ont touché notre quartier. Même notre maison a été endommagée par des éclats d’obus. »

« J’ai un enfant handicapé qui a besoin d’un traitement. Il fait froid à Sanaa et il est en train de tomber malade. »

« Nous manquons de nourriture. J’utiliserai l’argent pour acheter de la nourriture et payer le loyer. Mes voisins nous donnent parfois un morceau de pain, parce que nous n’avons rien à manger chez nous. J’ai un enfant handicapé qui a besoin d’un traitement. Il fait froid à Sanaa et il est en train de tomber malade. »

Plus de 22 millions de personnes, dont 2,7 millions de déplacés, ont besoin d’aide au Yémen, où la guerre civile a éclaté en 2015.

Le HCR travaille avec la banque Al-Amal pour distribuer directement des allocations d’aide en espèces par le biais d’un système appelé Hawala, jugé opérationnel et fiable malgré le conflit au Yémen. Après une évaluation de leur situation, un message SMS informe les familles de leurs droits. Elles peuvent ensuite aller chercher leur aide auprès d’agents bancaires à travers tout le pays.

Cela permet au HCR de fournir une assistance aux familles dans les régions difficiles d’accès et isolées. L’argent liquide évite d’avoir recours à des mesures désespérées, telles que le travail des enfants et le mariage forcé.

Depuis le début de l’année, le HCR a distribué des allocations d’aide en espèce pour un montant de près de 33 millions de dollars au Yémen. Au cours du seul mois d’octobre, plus de 22 000 familles vulnérables – environ 150 000 personnes au total – ont reçu des allocations en espèces de la part du HCR.

D’ici fin 2018, l’objectif est de distribuer plus de 41 millions de dollars.

700 000 personnes déplacées, des rapatriés et des communautés d’accueil touchées par le conflit ainsi que 130 000 réfugiés et demandeurs d’asile dans le pays bénéficieront de cette aide.

Les combats au Yémen, déjà l’un des pays les plus pauvres du Moyen-Orient, ont fortement aggravé des années de pauvreté et d’insécurité. Du fait de la dégradation rapide de la situation, l’escalade de violence a bouleversé des millions de vies humaines, faisant de nombreuses victimes et provoquant des déplacements massifs.

Deux millions de personnes dépérissent aujourd’hui dans des conditions dramatiques, loin de chez elles et dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins essentiels. La situation est si grave que près d’un million de Yéménites déplacés ayant perdu tout espoir ont même tenté de rentrer chez eux, alors que les conditions de sécurité ne sont pas réunies.

Le Yémen est confronté à une catastrophe humanitaire. Sans aide, de nombreuses vies seront perdues à cause de la violence, de maladies évitables ou du manque de nourriture, d’eau et d’abris.

Cet article a été publié à l’origine sur unhcr.org 

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