Eldery woman with short hair in white puffer jacket sitting outdoors in front of trees with the sun shining behind her.

Portrait de Helga Loevinsohn. © Avec l’aimable autorisation de la famille Loevinsohn

À 98 ans, Helga raconte son expérience en tant que réfugiée, lorsqu’elle a fui l’Allemagne pour trouver refuge en Angleterre, puis lorsqu’elle s’est installée au Canada

De Rohan Stritch


Avec l’aide de ses fils, Helga a décidé de faire don de l’indemnité qu’elle a reçue du gouvernement allemand à la campagne « Viser plus haut » du HCR. Elle permettra d’aider les jeunes réfugiés à avoir accès à l’enseignement supérieur, à se construire une nouvelle vie et à s’épanouir – comme elle a pu le faire elle-même. 


Man on right with arm over the shoulder of a woman with short pixie cut facing each other smiling.

1947 – Le premier été d’Helga dans les Laurentides avec Walter. © Avec l’aimable autorisation de la famille Loevinsohn.

À l’âge de 14 ans, Helga a fui l’occupation nazie en Allemagne en mai 1939 grâce au Kindertransport (« transport pour enfants » en allemand). Cette opération de sauvetage organisée avait été mise en place pour évacuer les enfants juifs et roms (mais pas leurs parents) hors du territoire occupé par les nazis. Soutenu par le gouvernement britannique et des organisations juives et non juives, le Kindertransport a permis, entre décembre 1938 et mai 1940, de mettre en sécurité quelque 10 000 enfants en Angleterre. 

Les enfants étaient généralement placés dans des familles d’accueil, des foyers, des écoles et des fermes au Royaume-Uni. Souvent, ils seront les seuls membres de leur famille à survivre à l’Holocauste. Contrairement à de nombreux enfants du Kindertransport, Helga avait de la famille à Manchester qui s’est portée garante pour elle. Elle a également eu la chance que sa mère, Martha, puisse la rejoindre plus tard. 

Helga et Walter ont élevé trois garçons, Michael, Ernie et Benjamin, à Côte Saint-Luc, dans l’ouest de Montréal. Son fils Michael raconte qu’ils gardent de beaux souvenirs des lacs dans les Laurentides, des baies sauvages et du ski de fond. Plus tard, les trois fils d’Helga s’investiront de différentes manières dans le développement durable à travers le monde. 

Aujourd’hui, Helga est arrière-grand-mère, même si elle préfère qu’on l’appelle grand-mère. 

Pendant sa vie d’adulte, Helga a étudié l’économie, d’abord à distance à la London School of Economics, puis a obtenu une licence à l’université McGill. Souhaitant aller plus loin dans les études, elle a ensuite obtenu une maîtrise en économie à l’université Columbia Pacific. Helga a travaillé pour le gouvernement fédéral au sein de l’ancien ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration et était responsable des prévisions et de la demande en matière de main-d’œuvre. Elle est par la suite devenue consultante indépendante et a travaillé jusqu’à ses 70 ans. 

Two children and mother lay in hammock.

Helga et ses petits-enfants, Gideon et Daniel. © Avec l’aimable autorisation de la famille Loevinsohn.

Faisant partie des rares enfants du Kindertransport encore vivants, Helga, aujourd’hui dans ses années dorées, a reçu deux indemnités du gouvernement allemand. Après avoir lu le témoignage d’un réfugié syrien faisant ses études en Irak, elle a eu l’idée de faire don de cet argent au programme de bourses d’études du HCR pour les réfugiés. 

Helga explique sa décision en disant qu’elle a vécu la même chose et sait ce que cela fait d’être réfugiée. 

À la question de savoir si d’autres Canadiens devraient eux aussi contribuer à cet effort, Helga dit que tout le monde devrait faire sa part. S’ils en ont les moyens : « Oui, ils devraient vraiment offrir leur aide », ajoute-t-elle.  

Alors que nous terminons notre conversation, une aide-soignante se joint à notre appel. Cynthia, qui s’occupe d’Helga et est originaire du Zimbabwe, est elle aussi réfugiée. Elle raconte qu’elle a été impressionnée par le don d’Helga et par le programme de bourses d’études du HCR pour les réfugiés. Encouragée par l’engagement d’Helga envers les réfugiés, Cynthia envisage elle aussi de soutenir la campagne « Viser plus haut », perpétuant ainsi cette vague de générosité. 

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