Le chef du HCR Filippo Grandi s'entretient, à Zamalka en Syrie, avec une famille qui est rentrée chez elle l'année dernière après avoir été déplacée durant sept ans

Le chef du HCR Filippo Grandi s’entretient, à Zamalka en Syrie, avec une famille qui est rentrée chez elle l’année dernière après avoir été déplacée durant sept ans. © HCR/Bassam Diab

Après ses rencontres, dans la Ghouta orientale, avec des familles qui luttent pour répondre à leurs besoins essentiels alors que sévit désormais la pandémie de Covid-19, le chef du HCR appelle à accroître l’aide pour alléger leurs souffrances.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a conclu sa visite de trois jours en Syrie en appelant à un soutien international accru pour alléger les souffrances des familles qui continuent de lutter pour obtenir de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité, et ce plusieurs années après la fin des combats dans certaines régions.


Plus de neuf ans de crise ont déjà généré 5,5 millions de réfugiés qui ont fui vers les pays voisins. Par ailleurs, quelque 6,1 millions de personnes sont toujours des déplacés internes en Syrie et 11 millions de personnes au total ont besoin d’aide humanitaire. La récession économique dévastatrice et la pandémie de Covid-19 ont encore aggravé les souffrances d’un grand nombre d’entre elles.

Durant sa visite près de Damas à Zamalka, une ville de la Ghouta orientale qui a subi des dommages importants durant six années de conflit, Filippo Grandi s’est entretenu avec des familles qui continuent de lutter pour réparer leur habitation, trouver des emplois ainsi qu’acheter des vivres et des médicaments, et ce deux ans et demi après la fin des combats.

« La situation demeure très difficile. »

Deux ans après sa dernière visite dans la région, le Haut Commissaire a indiqué qu’il y a des signes de stabilité croissante, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.

« On peut voir la vie qui renaît mais la situation demeure très difficile, ces personnes ont véritablement besoin d’une aide humanitaire d’urgence », a indiqué Filippo Grandi. « L’approvisionnement en eau et en électricité est rare… S’ils doivent acheter des médicaments, ils m’ont expliqué que les prix sont très élevés ainsi que ceux de la nourriture, tout spécialement à cause de la situation économique difficile dans le pays. »

« Cette situation est également rendue plus difficile du point de vue des besoins humanitaire par la présence du coronavirus. C’est très difficile ici », a ajouté Filippo Grandi. « C’est très difficile de garder des distances, c’est difficile de se laver les mains, c’est difficile de protéger les gens contre le virus, c’est donc un défi supplémentaire pour les habitants de cette région. »

Par rapport à une population de 180 000 personnes avant la crise, il ne restait plus que 4000 habitants à Zamalka à la fin des combats en mars 2018. Depuis lors, 7000 déplacés internes et réfugiés sont revenus, et 25 000 autres devraient encore rentrer. Mais les dégâts considérables causés aux infrastructures de la ville ont rendu difficile l’accès aux services essentiels pour les personnes qui y vivent.

Durant sa visite, Filippo Grandi s’est entretenu avec Rida, âgé de 65 ans et qui avait fui la ville avec sa famille en 2012. La famille a été déplacée pendant près de sept ans, avant son retour l’année dernière. Alors que la situation sécuritaire s’est améliorée, a-t-il expliqué, sa famille continue de souffrir à cause de l’impact de la crise économique.

Rida a indiqué au Haut Commissaire qu’en l’absence de revenus, lui et sa femme comptent sur le soutien de leurs proches et de leurs voisins pour se nourrir. L’aide alimentaire qu’ils recevaient de la part d’ONG a cessé, ils n’ont pas accès à l’électricité et utilisent l’eau d’un puits pour se laver et nettoyer.

Comme dans d’autres régions du pays, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, fait son possible pour venir en aide aux familles qui ont choisi le retour chez elles. Le HCR a financé la réhabilitation des maisons partiellement endommagées qui appartiennent à 51 familles parmi les plus vulnérables, et a réparé les systèmes d’égout et d’évacuation des eaux de pluie au bénéfice de milliers de personnes.

L’opération du HCR en Syrie n’étant toutefois financée qu’à hauteur de 25 pour cent des besoins financiers pour 2020, le Haut Commissaire a exhorté les donateurs à accroître leurs efforts pour aider les personnes qui luttent pour reconstruire leur vie.

« Les ressources sont très limitées et il en faut davantage. »

« Je lance aujourd’hui un appel vibrant », a déclaré Filippo Grandi. « La situation en Syrie est hautement complexe mais je pense que nous ne devrions pas oublier que ce sont des personnes qui se trouvent dans le pays, que ce sont des personnes qui reviennent dans le pays, ou des déplacés internes qui rentrent chez eux. Toutes ces personnes ont des besoins très urgents en matière d’aide humanitaire – des vivres, des médicaments, des abris, des services d’éducation. »

« Le HCR et d’autres organisations font leur possible pour aider les plus vulnérables, mais les ressources sont très limitées et il en faut davantage pour véritablement alléger les souffrances de ces personnes. »

Filippo Grandi s’exprimait durant sa visite de quatre jours en Syrie et en Jordanie, du 14 au 17 septembre.

Publie par le HCR, le 20 septembre 2020

Pin It on Pinterest