A woman smiles wearing a chef's coat in front of a pastry case and dining area

Gabriela, originaire du Venezuela, gère en Équateur une pâtisserie qui emploie des réfugiés, des migrants et des ressortissants nationaux, contribuant ainsi au développement économique du pays. © HCR/Omar Ganchala

PANAMA CITY ET WASHINGTON – Les personnes déracinées en Amérique latine et dans les Caraïbes sont à même de contribuer de manière significative à la vie économique de leur pays d’accueil si on leur en donne la possibilité, selon deux récentes études publiées par la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement (BID), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Les réfugiés et les migrants occupent des emplois vacants et stimulent la demande de biens et de services, ce qui a pour effet d’augmenter les recettes fiscales et le produit intérieur brut (PIB) des pays d’accueil. Cependant, ils se trouvent très souvent dans une situation de grande vulnérabilité.

La majorité de cette population est en âge de travailler, possède un niveau d’éducation élevé et occupe un emploi. Cependant, ces personnes sont souvent surqualifiées pour les postes qu’elles occupent ou exercent leurs activités dans le secteur informel, ce qui a pour effet de limiter leur rémunération et donc de favoriser l’insécurité alimentaire.

Les études « Venezuelans in Chile, Colombia, Ecuador and Peru – A Development Opportunity » (Banque mondiale et HCR) et « Socio-Economic Integration of Forcibly Displaced Populations in Latin America and the Caribbean » (BID, OCDE et HCR) relèvent d’une coopération inter-agences visant à répondre aux besoins des personnes déplacées de force. Ces études montrent comment des politiques ciblées peuvent faciliter l’accès aux marchés du travail formels et aux services de base, tels que l’éducation et les soins de santé, afin de permettre aux réfugiés et aux migrants de mieux contribuer à la vie de leur pays d’accueil.

« Les mouvements de population peuvent profiter aux communautés et aux pays d’accueil si les politiques adéquates sont mises en œuvre », affirme Carolina Mejía Mantilla, auteure de l’étude menée par la Banque mondiale et le HCR. « Des politiques ciblées qui favorisent leur insertion économique sur les marchés du travail, leur donnent accès aux services de base et encouragent leur insertion sociale sont fondamentales pour que ces bénéfices potentiels voient le jour », explique-t-elle.

Selon certaines études, la croissance du PIB des plus importants pays d’accueil en Amérique latine et dans les Caraïbes devrait être en moyenne de 0,10 à 0,25 point de pourcentage par an entre 2017 et 2030. « L’exode des Vénézuéliens semble avoir eu un effet positif sur la croissance économique de la région, grâce à une offre de main-d’œuvre supplémentaire et à la stimulation de la demande », indique l’étude de la Banque mondiale et du HCR.

Le nombre de personnes déplacées de force sur le continent américain a augmenté en raison de la persistance de la violence, de l’insécurité, des inégalités et des violations des droits humains. À la mi-2023, il y avait, selon le HCR, 22,1 millions de personnes déracinées sur le continent américain. L’Amérique latine et les Caraïbes représentaient à cette date environ un tiers de l’ensemble des nouvelles demandes d’asile individuelles dans le monde.

L’étude de la BID, de l’OCDE et du HCR, qui porte sur les populations déplacées de force au Chili, en Colombie, au Costa Rica, en Équateur, au Mexique et au Pérou, montre que les jeunes déplacés de force ont plus de difficultés que leurs homologues nés dans le pays à poursuivre leur parcours éducatif et à trouver un emploi. Les enfants déracinés sont moins nombreux à fréquenter l’école et décrochent plus souvent que les ressortissants nationaux, ce qui a des conséquences sur leur intégration. En outre, les femmes connaissent des taux d’emploi inférieurs à ceux des hommes, qu’elles soient natives du pays ou déracinées.

Les études réalisées dans le cadre de cette coopération inter-agences sont un bon exemple de la manière dont les institutions financières internationales et les acteurs du développement peuvent exercer leur influence, mettre à disposition leur expertise technique et les ressources financières nécessaires pour améliorer les services publics et les perspectives d’emploi dans les pays qui accueillent des populations déplacées de force. Ces publications représentent un pas important dans la recherche de solutions durables et pour garantir l’inclusion socio-économique de ces populations au sein de leurs pays d’accueil.

Les études mettent également en évidence la façon dont la xénophobie et la discrimination peuvent avoir un impact négatif sur l’inclusion socio-économique des réfugiés et des migrants et peuvent compromettre leur capacité à participer à tous les aspects de la vie du pays d’accueil.

L’étude de la Banque mondiale et du HCR montre que la majorité des Vénézuéliens souhaitent rester dans leur pays d’accueil. Pourtant, leur participation à la vie de la communauté semble se limiter principalement à des activités religieuses, en dépit de la langue et des liens culturels qu’ils partagent avec les populations hôtes. Dans les quatre pays d’accueil étudiés, 26 à 40 % des Vénézuéliens ont fait état de cas de discrimination, en particulier à l’égard des femmes et des jeunes.

Ce constat est également reflété dans l’étude BID/OCDE/HCR, qui indique qu’au Chili, en Colombie et au Pérou, environ 30 % des personnes déracinées ont fait état d’une discrimination liée à leur origine. L’étude de la Banque mondiale et du HCR recommande que la politique gouvernementale favorise la cohésion sociale, prévienne l’exclusion et minimise les retombées négatives sur les populations locales.

Ces études offrent les informations les plus complètes permettant de comparer les données relatives aux réfugiés et aux migrants avec celles relatives à la population nationale. Cependant, il est impératif d’inclure de façon plus systématique les réfugiés et les migrants dans les exercices de collecte de données officielles pour éclairer efficacement les politiques publiques mises en œuvre.

Note aux journalistes

À propos du HCR

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est à la tête des efforts internationaux visant protéger les personnes forcées de fuir en raison de conflits et de persécutions. Nous fournissons une assistance vitale sous forme d’abris, d’eau et d’autres biens de première nécessité, nous contribuons à la sauvegarde des droits humains fondamentaux et nous mettons en œuvre des solutions durables afin que les populations déracinées disposent d’un lieu sûr où elles peuvent se construire un avenir meilleur.

Contacts médias

  • Au Panama (Bureau régional du HCR pour les Amériques) : Luiz Fernando Godinho, godinho@unhcr.org, +507 6356 0074
  • À Copenhague (Centre de données conjoint de la Banque mondiale et du HCR) : Melany Markham, markham@unhcr.org, +45 9194 2670

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