Ali Wasuge (à gauche) plaisante avec sa nièce, Iqra Ali Gaal chez elle, à Hamilton, ON.

Ali Wasuge (à gauche) plaisante avec sa nièce, Iqra Ali Gaal chez elle, à Hamilton, ON.

Un contact inattendu les a rapprochés au Canada

Par Lauren La Rose

Partager un lieu de naissance et une connexion Facebook mutuelle a permis la naissance d’une amitié en ligne entre Ali Wasuge et Iqra Gaal.  Mais, après avoir échangé des détails concernant la vie dans leur mère patrie, la Somalie, Wasunge a vite réalisé la profondeur de ce lien.

« J’ai demandé à Iqra… dans quel village elle vivait à Mogadiscio? Elle m’a dit (le nom d’) un village que je connaissais bien, là même où j’ai habité. »

« Ensuite je lui ai demandé : peut-être êtes vous ma voisine? »

Il s’est avéré qu’ils n’étaient pas uniquement liés par la géographie, ils l’étaient également par le sang.

C’est entre autres la guerre civile qui a poussé Wasuge à quitter ce pays de l’Afrique de l’est, la Somalie, en septembre 1992, deux ans avant que Gaal, sa nièce, ne soit née.

« La situation empirait jour après jour. Je ne pouvais plus retourner dans mon pays. A l’époque, je n’étais pas financièrement (capable) d’aller ailleurs qu’en Éthiopie. »

Il a déménagé à Addis-Abeba, la capitale, et y a travaillé en tant que traducteur pour l’ambassade canadienne. Dix ans plus tard, il sera réinstallé au Canada en tant que réfugié. Initialement, son chez-lui était à London, Ont., avant de déménager à Toronto où il trouva un emploi dans l’aéroport international de la ville. Il a finalement rencontré sa femme et a fondé avec elle un foyer de trois enfants.

Née le Jour de l’An en 1994, Gaal avait passé toute sa vie dans la capitale somalienne, Mogadiscio. Elle a travaillé avec sa mère et sa sœur comme marchandes de thé au marché. Le plus souvent, disait-Gaal, sa mère lui disait de rentrer tôt alors qu’elle, continuait à travailler tard dans la soirée, avec les vendredis pour jours de repos.

« Maman était une femme travailleuse qui avait une vision de progrès dans la vie. »

Ce fut une vie brutalement écourtée.

Un jour en 2011, sa mère n’est pas rentrée à la maison : une éruption de coups de feu a eu lieu au marché.

« Maman fut touchée suite à des combats entre des milices dans la zone, » se souvient Gaal. « Lorsqu’elle a été emmenée à l’hôpital, elle est morte.»

Hélas, les tragédies personnelles ont continué à perturber son chemin. « J’ai dû fuir la Somalie après avoir reçu plusieurs fois des coups de fil menaçants des Shabaab. J’avais peur, » se rappelle-t-elle.

« Je voulais fuir n’importe où, là où je me sentirais en sécurité. »

Elle arriva en Jordanie en mars 2013, où elle trouva des ami(e)s qui l’ont aidée à trouver assistance auprès de l’ONU. Mais elle était bien loin de tout lien fraternel ou familial sur lequel elle pouvait compter. Ensuite, en 2014, elle a perdu son père qui est mort en traversant la Méditerranée.

Des années plus tard, sa connexion digitale nouvellement établie s’est avérée être sa bouée de sauvetage. Elle allait entamer une nouvelle étape cruciale de sa vie. Finalement, avec l’aide du HCR, Wasuge a pu faire venir Gaal au Canada. Après juste un an d’échanges en ligne, Wasunge se rendait à l’aéroport Pearson de Toronto, accompagné de sa femme et de ses enfants, pour accueillir Gaal au sein de leur famille.

Depuis son arrivée au Canada, Gaal vit dans un appartement a Hamilton, Ont.

« Les gens que j’ai rencontrés ici sont très gentils et ils m’ont accueillie chaleureusement », a déclaré Gaal.  

Elle avait besoin des conseils de son oncle, faisant de son éducation une priorité pour faciliter son intégration dans la vie canadienne.

Gaal s’est inscrite dans un programme fédéral d’enseignement de langues pour les nouveaux-arrivants au Canada (LINC) qui offre une formation linguistique gratuite pour les adultes éligibles.

La salle de classe de Gaal au Collège Boréal à Hamilton est tapissée de longues bandes de papier blanc où sont collés des découpages colorés d’articles ménagers, liés par des mots clés. L’objectif est d’éduquer et d’informer les jeunes groupes d’étudiants LINC qui tentent de mieux comprendre la langue anglaise.

« Elle est toujours en train d’aider les autres étudiants », déclare l’enseignant Edward Cowan.

« Elle fait ses devoirs, elle suit des cours en dehors de l’école. Elle retient bien le vocabulaire et la grammaire qu’elle a étudiés. Mon expérience avec Iqra en classe a été très positive dans l’ensemble. »

« Elle a toujours eu assez confiance en elle et est très ouverte. Elle n’a pas peur d’échouer ni de prendre des risques. »

Gaal espère poursuivre d’autres études pour finalement travailler comme infirmière, une passion qu’elle nourrit depuis un cours en Somalie.

Son oncle partage son espoir pour un avenir plus brillant.

« Iqra, elle est très gentille, très loyale, une très belle personnalité, » dit Wasuge. «  J’espère que son avenir sera fructueux. »

Publié à l’origine 11 octobre 2018

Pin It on Pinterest