Louise Simbandumwe

Louise Simbandumwe parle à un événement organisé par SEED, une organisation à but non lucratif du centre-ville de Winnipeg qui fait la promotion de l’entrepreneuriat et de l’autonomisation financière, où elle travaille comme codirectrice.
Photo fournie par Louise Simbandumwe.


Par Gisèle Nyembwe

« Je suis énergisée par le renforcement de la solidarité entre les canadiens noirs, les autres groupes racisés et les peuples autochtones. »

Pendant des années, elle a fait du bénévolat et a travaillé dans l’ombre pour lutter contre les stéréotypes et les préjugés négatifs envers les réfugiés au Canada. Louise Simbandumwe, spécialiste du développement communautaire et défenseure des droits humains et de la justice sociale, affirme que l’impulsion acquise par le mouvement Black Lives Matter au cours des derniers mois a élargi la portée et l’étendue du dialogue, de l’éducation et des actions concrètes prises pour faire face à des enjeux de longue date concernant l’inégalité raciale.

« Je suis encouragée par le renforcement de la solidarité entre les canadiens noirs, les autres groupes racisés et les peuples autochtones. Cela m’a motivée à passer à l’action en facilitant le dialogue sur l’impact du racisme au sein de mon lieu de travail et de ma famille élargie », dit-elle.

Louise Simbandumwe

Louise Simbandumwe prend part à un défi photo revendiquant les droits des peuples autochtones pendant les célébrations marquant le 150ème anniversaire du Canada.

Louise a vécu sur quatre continents au cours de sa vie – en Asie, en Afrique, en Europe et maintenant en Amérique du Nord depuis qu’elle a été réinstallée au Canada il y a de nombreuses années en tant que réfugiée du Burundi. Elle sait, de par son expérience personnelle, à quel point l’exclusion sociale et économique peut être destructrice et pense que son désir profond de vouloir faire une différence dans la vie des autres provient de ses expériences de vie qui ont façonné la personne qu’elle est aujourd’hui. Louise a siégé au sein de plusieurs conseils d’administration d’organismes de lutte contre la pauvreté et a reçu de nombreux prix pour son service communautaire, y compris le prestigieux Prix des droits de la personne du Manitoba en 2012. Actuellement, elle est codirectrice de SEED, une organisation à but non lucratif du centre-ville de Winnipeg qui fait la promotion de l’entrepreneuriat et de l’autonomisation financière.

« J’ai ressenti autant la compassion que la cruauté des gens partout où j’ai été dans ma vie», dit-elle en se rappelant le long voyage vers la réinstallation au Canada. Elle n’avait que quatre ans lorsque ses parents, étudiants à l’époque en Inde, ne pouvaient plus rentrer chez eux en raison des massacres généralisés de Hutus au Burundi en 1972. La mère de Louise a perdu la majeure partie de sa famille immédiate lors des massacres. N’ayant nulle part où retourner, la famille a cherché refuge au Kenya pendant quelques années avant d’être candidate au parrainage au Canada par un groupe d’églises en 1979.

Cependant, Louise a aussi des souvenirs marquants comme la fois où elle s’est fait lancer des pierres au visage alors qu’elle se rendait à l’école dans une petite ville du Canada. Elle se souvient également d’avoir été empêchée d’entrer dans une salle de sport en Afrique du Sud à cause de sa couleur de peau, d’avoir été traitée de « singe noir » en Inde, ou d’avoir été arrêtée à plusieurs reprises pour contrôle d’identité en tant qu’étudiante aux entrées des collèges d’Oxford en Angleterre.

Les événements récents ont, une fois de plus, mis en évidence la question du racisme anti-Noir pour Louise. Le Canada n’a pas été épargné par les nombreuses protestations contre le racisme anti-Noir, dénonçant la brutalité policière qui a sévi dans de nombreuses régions du monde suite au meurtre de George Floyd aux mains de la police. Sa mort a suscité un regain d’attention par rapport au racisme systémique contre les peuples noirs et autochtones au Canada.

« Nous ne pouvons pas laisser ce moment se terminer uniquement par les manifestations et les rassemblements. Les prochaines étapes consistent à identifier des mesures concrètes pour apporter des changements importants aux politiques et aux pratiques ; à mobiliser les Canadiens de tous les horizons pour qu’ils agissent et s’engagent dans un plaidoyer soutenu sur ces questions, aussi longtemps que nécessaire », dit-elle.

« Connaissez vos droits. Apprenez à faire un plaidoyer pour vous-même. Tendez la main et défendez les intérêts des autres victimes d’injustice. »

Avec le consensus grandissant quant à l’existence de l’inégalité raciale au Canada, Louise travaille en collaboration avec d’autres leaders sur un certain nombre d’initiatives, y compris l’élaboration d’une note de politique et la confection d’un coffre d’outils de sensibilisation portant sur les réformes policières, lesquels, espère-t-elle, fourniront les moyens nécessaires pour lutter contre le racisme systémique, dans un cadre coopératif étroit avec les chefs du service de police et les différents paliers de gouvernement.

Son message aux autres Canadiens est simple : « Connaissez vos droits. Apprenez à faire un plaidoyer pour vous-même. Tendez la main et défendez les intérêts des autres victimes d’injustice. »

 

Le HCR est né d’une conviction puissante et partagée, selon laquelle nous sommes tous égaux en dignité et en droits, et que celles et ceux qui sont persécutés à cause de leurs croyances ou caractéristiques – y compris la race – ont le droit d’être protégés.

Pin It on Pinterest