Malali, quatre ans, mange le pain de sa grand-mère, Sadar Bibi. La famille est retournée en Afghanistan après avoir vécu 30 ans comme réfugiés au Pakistan

Malali, quatre ans, mange le pain de sa grand-mère, Sadar Bibi. La famille est retournée en Afghanistan après avoir vécu 30 ans comme réfugiés au Pakistan. © HCR/Farzana Wahidy

La pénurie de logements décents et abordables en Afghanistan est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés des millions de personnes déplacées et de réfugiés rentrés au pays. Un nouveau projet propose une solution à certains d’entre eux.

Afghanistan’s shortage of decent and affordable housing is one of the biggest challenges facing millions of displaced and returning refugees. A new project is offering some a solution.


La pénurie de logements décents et abordables en Afghanistan est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés des millions de personnes déplacées et de réfugiés rentrés au pays. Un nouveau projet propose une solution à certains d’entre eux.

Mohammad Daud et sa famille ont fui les combats et l’insécurité dans leur région d’origine et se sont installés dans la province de Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan, il y a plus de huit ans. Mais jusqu’à il y a peu, ils n’avaient toujours pas la sécurité d’un toit au-dessus de leur tête.

« Nous avons déménagé de ruines en ruines. C’était notre vie – nous nous déplacions d’un endroit à l’autre », se souvient Mohammad, 65 ans, dont la famille se compose de sa femme, quatre enfants et quatre petits-enfants. Leur dernière maison était si proche de l’effondrement qu’il a dû mettre les enfants en garde contre le fait de s’asseoir trop près des murs en ruine.

« Nous avons déménagé de ruines en ruines. C’était notre vie – nous nous déplacions d’un endroit à l’autre. »

Le mauvais état de la maison n’a pas empêché son propriétaire de doubler le loyer de la famille et de menacer de les expulser lorsqu’ils ne pouvaient pas payer.

L’expérience de Mohammad n’est que trop courante en Afghanistan, où plus de 440 000 personnes ont été déracinées par le conflit rien qu’en 2019, en plus des centaines de milliers de personnes contraintes de quitter leur foyer en raison de catastrophes naturelles.

Certaines peuvent s’installer chez des proches, mais la plupart doivent se contenter d’abris délabrés ou de tentes dans des campements informels, ou encore de logements locatifs exigus et hors de prix qui manquent souvent d’eau courante et de toilettes. Les conditions sont particulièrement difficiles pendant les étés caniculaires et les hivers rigoureux que connaît l’Afghanistan. Dans tout le pays, les déplacés afghans indiquent que le besoin d’un logement est l’une de leurs principales priorités, venant en deuxième position après la nourriture.

Il en va de même pour les près de six millions d’anciens réfugiés qui sont retournés en Afghanistan au cours des deux dernières décennies. Sardar Bibi et sa famille ont vécu comme réfugiés au Pakistan voisin pendant plusieurs décennies avant de rentrer en Afghanistan il y a trois ans.

Ils sont arrivés à Kandahar sans rien, a expliqué Sardar Bibi, « sans travail, sans terre, sans nourriture ni biens matériels. » Sa famille de 12 personnes, ainsi que celle de sa fille de 9 personnes, vivaient ensemble dans une seule pièce. « La vie était dure à l’époque », dit-elle. « Nos conditions de vie étaient très mauvaises. »

La vie est devenue un peu moins difficile pour les deux familles depuis qu’elles ont reçu une aide financière du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour construire leur propre logement. Le projet Cash for Shelter, qui a été mis en place l’année dernière pour 600 ménages déplacés et rapatriés vulnérables, fournit aux familles une allocation de 3300 dollars en espèces et une assistance technique pour construire un abri de deux pièces comprenant une salle de bain. L’argent est versé en trois fois, au fur et à mesure de l’avancement de la construction.

Les deux familles ont utilisé une partie de l’argent pour payer des ouvriers du bâtiment recrutés localement. Avec l’aide des membres de la famille, leurs maisons ont été construites en trois mois. Les fils de Mohammad ont acquis des compétences en construction qu’ils ont utilisées pour construire une pièce supplémentaire ainsi qu’une cuisine et un mur d’enceinte.

Face à la menace d’expulsion, Mohammad et sa famille ont emménagé dans leur nouvelle maison avant même qu’elle ne soit terminée. « Les murs étaient encore humides quand nous sommes venus vivre dans la maison », a-t-il raconté. « Nous avons recouvert le sol d’une pièce avec une bâche en plastique… les pièces étaient dépourvues de fenêtres. »

Sardar Bibi et sa famille ont également emménagé dans leur nouvelle maison avant qu’elle ne soit terminée. « Quand nous sommes arrivés dans ce nouvel endroit, nous nous sommes sentis à l’aise », dit-elle. « Il y a assez de place pour tout le monde. »

Peu de temps après que les deux familles se soient installées dans leur nouvelle maison, la pandémie de coronavirus a amené avec elle de nouvelles difficultés. Les deux fils de Mohammad, qui subvenaient aux besoins de la famille en tant que travailleurs journaliers (gagnant 3 dollars par jour), ne peuvent aller travailler depuis six semaines en raison des mesures de confinement, et la famille a dû emprunter de l’argent pour s’en sortir. Ces mesures ont également entraîné une hausse des prix des aliments de base.

« Les prix sont plus élevés qu’avant », a déclaré Sardar Bibi. « Nous n’avons pas assez d’argent, même pas pour le dîner. »

« Nous n’avons pas assez d’argent, même pas pour le dîner. »

La propagation du coronavirus en Afghanistan a accentué le besoin pour la population de disposer d’un logement suffisamment spacieux, équipé d’eau courante et de toilettes. Le projet Cash for Shelter offre ces avantages, tandis que le volet de l’aide en espèces a contribué à soulager les familles confrontées aux conséquences financières néfastes du confinement.

Le coronavirus n’est qu’une épreuve supplémentaire pour les Afghans, qui ont été confrontés aux conflits, au déplacement, à l’instabilité politique et aux catastrophes naturelles au cours de ces 40 dernières années. Alors que la crise du déplacement en Afghanistan entre dans sa cinquième décennie, le HCR appelle à des initiatives ciblées, tant en Afghanistan que dans les deux principaux pays hôtes que sont l’Iran et le Pakistan, qui accueillent à eux deux plus de 2,3 millions de réfugiés afghans. Le HCR attire l’attention sur le coût de l’inaction, qui pourrait se traduire par de nouveaux déplacements de population, la poursuite des souffrances et de l’instabilité, ainsi que par une aggravation de la crise socio-économique à la suite de la pandémie de Covid-19.

Voir aussi : Le HCR appelle à un engagement ferme en faveur de la résolution de la question du déplacement des populations afghanes afin que la décennie à venir soit placée sous le signe de l’espoir

Lors d’une réunion virtuelle de haut niveau qui aura lieu le lundi 6 juillet, le HCR cherchera à obtenir un appui pour d’importants projets humanitaires et de développement en Afghanistan, en Iran et au Pakistan, notamment dans les domaines du logement, de l’éducation, de la santé, des moyens d’existence, et pour soutenir le retour et la réintégration des réfugiés. Ces projets s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie de solutions pour les réfugiés afghans, une initiative régionale qui a été lancée en 2012.

« En ce qui concerne le logement, nous sommes maintenant à l’aise », a conclu Mohammad. « C’est seulement que nous vivons dans la pauvreté. »

Publie par le HCR, le 03 juillet 2020

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