Enfants rohingyas dans un camp de réfugiés après les pluies de mousson

Des enfants réfugiés rohingyas jouent après de fortes pluies dans un camp au Bangladesh. Les pluies et les vents violents ont provoqué des crues soudaines et des glissements de terrain dans les camps de Cox’s Bazar en juillet. © HCR/Amos Halder

Il existe désormais un lien évident entre les urgences liées au climat et les déplacements forcés, a déclaré aujourd’hui le HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, implorant les dirigeants à passer de la parole aux actes et à renforcer le soutien aux personnes contraintes de fuir et à leurs hôtes. Cela afin d’éviter et d’atténuer les pertes et les dommages dans les régions les plus vulnérables.

Alors que la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 26) entre dans sa dernière semaine et se concentre sur les mécanismes d’adaptation au phénomène, le HCR appelle à davantage d’aide pour les pays et les communautés les plus touchés par l’urgence climatique et néanmoins les plus négligés. L’accent devrait être mis sur les projets d’adaptation communautaires afin d’aider les millions de personnes aux prises avec les effets catastrophiques du changement climatique, dont un grand nombre a été déplacé, souvent à plusieurs reprises.

« La plupart des personnes que nous soutenons sont originaires de pays situés en première ligne de l’urgence climatique ou sont accueillies dans des États également touchés », a précisé Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « Ils sont confrontés à des catastrophes liées au climat comme les inondations, les sécheresses et la désertification. Ces phénomènes détruisent les moyens de subsistance, attisent les conflits et obligent les populations à se déplacer. Nous avons besoin de toute urgence d’une nouvelle réflexion, d’innovation, de financement de la part des plus riches, et de volonté politique rien que pour contenir la situation – sans parler d’améliorer les choses ».

À Glasgow, le conseiller spécial du HCR pour l’action climatique, Andrew Harper, met en lumière l’impact du changement climatique sur les personnes déplacées. Quatre-vingt-dix pour cent des réfugiés relevant du mandat du HCR et 70% des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont originaires de pays vulnérables et les moins à même de s’adapter. Des millions d’autres sont contraints de quitter leur foyer chaque année à la suite de catastrophes. Il soulignera également comment le changement climatique amplifie déjà les vulnérabilités dans de nombreuses régions qui accueillent des personnes déplacées. En Afghanistan, la hausse des températures et les sécheresses ont exacerbé les effets de 40 ans de guerre, aggravant les pénuries alimentaires dans un pays qui compte plus de 3,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières. Au Mozambique, l’insurrection a forcé 730 000 personnes à fuir alors que le pays est frappé par des cyclones.

Au Sahel, les températures augmentent 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde, et les impacts liés au climat accroissent la pression sur les ressources dans des régions où les groupes armés tirent déjà profit de la faible gouvernance, la pauvreté et les tensions ethniques. Dans le cadre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, le HCR a réuni des experts en analyse prédictive dans le cadre d’un projet inter-agences afin d’anticiper l’impact et les risques liés au changement climatique et d’appuyer les efforts de développement, d’aide humanitaire et de consolidation de la paix.

Le HCR travaille dans 130 pays, offrant protection et assistance, et aidant les communautés déplacées et d’accueil à s’adapter et à créer des solutions dans un climat de plus en plus inhospitalier. « Nous opérons dans de nombreuses régions qui subissent déjà l’impact dévastateur d’une hausse de température de 1,5 degré », rappelle Andrew Harper. « Nous ne pouvons pas attendre d’autres COP et d’autres engagements non tenus. Les personnes déplacées et leurs hôtes ont besoin d’aide maintenant pour renforcer la résilience afin de résister à l’augmentation imminente des phénomènes météorologiques extrêmes ».

« Le déplacement forcé est l’une des conséquences humaines les plus dévastatrices du changement climatique et témoigne des profondes inégalités de notre monde. Pour trouver des solutions efficaces, il est essentiel de s’associer à ceux qui subissent déjà les effets du changement climatique, en particulier ceux qui sont déracinés. Mais ils ont besoin d’un soutien international, et ils en ont besoin maintenant », souligne Filippo Grandi.

NOTES AUX JOURNALISTES

Le HCR travaille avec les hôtes et les réfugiés pour soutenir les mesures d’atténuation lorsque cela est possible. Au Bangladesh, le HCR et ses partenaires ont travaillé avec des réfugiés rohingyas pour planter des arbres à croissance rapide afin de contrer la déforestation. Au Cameroun, les réfugiés qui ont fui les violences au Nigéria participent désormais à la mise en œuvre de la Grande Muraille verte, un projet qui prévoit la création d’une barrière végétale de 8000 kilomètres à travers l’Afrique pour lutter contre les effets du changement climatique. Le HCR s’est également engagé à réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre et à minimiser les dommages causés à l’environnement.

Afin de mieux protéger les personnes qui ont déjà fui les conflits et dont la vie est bouleversée par un climat de plus en plus violent, le HCR appelle les États à tout mettre en œuvre pour limiter les conséquences humanitaires dévastatrices de l’urgence climatique en prenant les mesures suivantes :

  • Augmenter le soutien financier, technologique et en termes de compétences pour éviter, minimiser et traiter les déplacements liés aux effets néfastes du changement climatique.
  • Réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter les pires scénarios, éviter les conséquences dévastatrices, notamment les déplacements de population. Les États doivent s’en tenir à leur engagement de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius et de parvenir à un niveau mondial net de zéro d’ici le milieu du siècle.
  • Soutenir les pays vulnérables et les communautés déplacées qui ont le moins contribué au changement climatique mais qui ont le moins de ressources pour se préparer et s’adapter. Il s’agit notamment d’accroître l’accès à un financement climatique durable et planifié afin d’intensifier les mesures de prévention et de préparation. Un tel financement permettrait d’éviter, de minimiser et de traiter les déplacements liés au changement climatique en tant que forme de pertes et de dommages.
  • Garantir l’inclusion, la participation significative et le leadership des personnes déplacées dans la recherche sur le climat et les efforts d’adaptation et d’atténuation.

Andrew Harper et Emthital Mahmoud représentent le HCR à la COP26 du 7 au 9 novembre. Ils s’adresseront aux médias le lundi 8 novembre de 12h00 à 12h30, zone de conférence de presse H : salle de conférence de presse Giant’s Causeway. Le briefing sera également diffusé en direct. Emthital Mahmoud, ambassadrice de bonne volonté du HCR, sera également présente à la COP26 pour représenter les réfugiés.

Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :

  • A Glasgow, Laura Padoan, padoan@unhcr.org, +447775566127
  • A Genève, Matt Saltmarsh, saltmars@unhcr.org, +41 79 967 9936
  • A New York, Kathryn Mahoney, mahoney@unhcr.org, +1 347 443 7646

Publie par le HCR, le 07 novembre 2021.

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