Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR William Spindler – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 29 novembre 2016 au Palais des Nations à Genève.

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Deux enfants yéménites déplacés – Mouna, 9 ans, et Swkina, 8 ans – se tiennent hors de la tente de leur famille au camp de Darwin, dans la province d’Amran, au nord du Yémen. © HCR/ Yahya Arhab

En dépit du conflit et de la dégradation rapide des conditions humanitaires, plus de 100 000 personnes ont déjà risqué, cette année, leur vie en haute mer pour quitter la Corne de l’Afrique et se rendre au Yémen par bateau. Ceci souligne la nécessité d’apporter d’urgence une aide aux pays d’origine et de transit pour décourager les populations de tenter cette traversée mortelle.

Selon les dernières statistiques du HCR et de ses partenaires, à la mi-novembre, 105 971 personnes ont entrepris la traversée, principalement à travers le Golfe d’Aden. La plupart d’entre elles viennent d’Éthiopie et de Somalie (88 667 et 17 293 respectivement). Ce nombre de traversées est à comparer aux 92 446 en direction du Yémen enregistrées l’année dernière et 25 989 seulement en 2006, en dépit de la recrudescence du conflit et de l’insécurité au Yémen ces deux dernières années.

La plupart des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en provenance d’Éthiopie et de Somalie s’embarquent à partir des villes d’Obock à Djibouti et de Bossaso au Puntland (Somalie) et traversent la mer Rouge ou le Golfe d’Aden pour se rendre au Yémen. Bon nombre de ceux qui risquent la traversée sont trompés ou mal informés sur la gravité du conflit au Yémen, ou ils espèrent atteindre les États du Golfe et cherchent à fuir la pauvreté ou encore la persécution et l’insécurité qui règne chez eux.

Le HCR et d’autres agences humanitaires ont lancé des mises en garde contre le danger que présente la traversée de la Corne de l’Afrique où les passagers n’entreprennent ce passage risqué que pour se retrouver dans un monde de conflit, d’abus et d’exploitation à l’arrivée. Le HCR a reçu des informations concordantes sur des abus physiques et sexuels, des privations de nourriture et d’eau, des enlèvements, des tortures, le travail forcé imposé par les passeurs et les réseaux criminels, ainsi que des arrestations arbitraires, des détentions et des expulsions.

La durée du conflit et de l’insécurité ont aussi facilité la prolifération de réseaux de trafics et d’extorsion qui visent les nouveaux arrivants. Les femmes et les enfants risquent particulièrement de subir de la violence sexuelle et de tomber entre les mains de trafiquants. Selon les informations, depuis le début de l’année, au moins 79 personnes tentant la traversée vers le Yémen ont été portées disparues ou déclarées mortes en mer.

Pour les nouveaux arrivants en quête d’une protection internationale, l’accès aux systèmes d’asile au Yémen est limité et les demandeurs peuvent se trouver dans une situation où il leur est impossible d’enregistrer leur demande d’asile ou encore de faire documenter leur présence dans le pays par les autorités.

De tout temps, le Yémen a été un pays de migration et de transit entre la Corne de l’Afrique et la péninsule arabique et au-delà. Les mouvements migratoires mixtes à destination du Yémen comprennent des réfugiés, des demandeurs d’asile, des victimes de la traite et des migrants qui tentent soit de traverser le pays afin de poursuivre leur périple vers les États du Golfe, soit de demander l’asile au Yémen pour échapper à la persécution ou à un conflit.

Quelques personnes auraient aussi déclaré qu’elles veulent se rendre en Europe, en partant du Yémen pour aller vers le Soudan, puis en Libye ou en Égypte par la route avant d’entamer la traversée vers l’Europe par la mer.

Vingt mois après le début du conflit, la situation au Yémen reste éminemment instable et les populations locales, tout comme les nouveaux arrivants, sont confrontées à la précarité, au danger et au risque de mort. Le conflit a provoqué un déplacement massif de plus de 3,1 millions de personnes, parmi lesquelles 2,1 millions sont encore déplacées. Plus de 80 pour cent de la population a besoin d’aide humanitaire. Le Yémen est donc difficilement en mesure d’accueillir de nouveaux réfugiés et migrants ou encore ceux qui cherchent à traverser le pays.

Du fait de cette situation, le HCR s’apprête à lancer, en décembre, une campagne d’information régionale dans les pays d’origine et de transit, y compris en Éthiopie et en Somalie, afin de mettre en garde contre les dangers et les risques inhérents que présentent la traversée et l’arrivée au Yémen.

Le HCR lance un appel urgent à un plus grand soutien dans la région pour faire face aux conditions qui provoquent ces mouvements au départ des pays d’origine et pour chercher activement des solutions pour les réfugiés au Yémen. Les opérations du HCR au Yémen et dans la Corne de l’Afrique sont encore critiquement sous-financées. En dépit des besoins humanitaires massifs et du déplacement continu, la réponse 2016 du HCR à la situation au Yémen et dans les pays voisins n’est financée qu’à concurrence de 44 pour cent (75 millions d’USD).

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