Asua, réfugiée syrienne originaire de Homs, vit dans le quartier économiquement difficile de Bab al-Tabbaneh à Tripoli, au nord du Liban

Asua, réfugiée syrienne originaire de Homs, vit dans le quartier économiquement difficile de Bab al-Tabbaneh à Tripoli, au nord du Liban. © HCR/Diego Ibarra Sánchez

Beyrouth, LIBAN – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sont profondément préoccupés par la détérioration rapide des conditions de vie des réfugiés syriens au Liban. La quasi-totalité de la population réfugiée syrienne n’a pas accès au panier de dépenses minimales de survie [Survival Minimum Expenditure Basket (MEB) en anglais].

La crise socio-économique et sanitaire aggravée que connaît le Liban a frappé le plus durement les familles libanaises et réfugiées les plus vulnérables. Les résultats préliminaires de l’évaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban en 2021 [Vulnerability Assessment of Syrian Refugees (VASyR) en anglais], publiés aujourd’hui, révèlent une situation désastreuse, neuf réfugiés syriens sur dix vivant toujours dans une extrême pauvreté.

En 2021, la grande majorité des réfugiés ont continué à recourir à des méthodes de survie informelles, telles que mendier, emprunter de l’argent, ne pas envoyer leurs enfants à l’école, réduire les dépenses de santé ou ne pas payer le loyer. L’enquête indique qu’en 2021, davantage de personnes ont accepté des emplois mal payés, des tâches risquées ou des heures supplémentaires pour que leurs ménages atteignent le même niveau de revenus qu’en 2020. Ces stratégies d’adaptation ont un effet négatif sur la résilience et la capacité à générer des revenus à l’avenir, ce qui rend les familles de réfugiés plus vulnérables à l’insécurité alimentaire et plus dépendantes de l’aide humanitaire.

« Au cours des 18 derniers mois, la monnaie libanaise a perdu plus de 85 % de sa valeur. Les prix ont grimpé en flèche et les familles de réfugiés syriens peinent à survivre. La crise aura un impact à long terme sur le bien-être des réfugiés et l’avenir de leurs enfants, et menace les acquis du passé tels que l’accès aux services essentiels », souligne Ayaki Ito, représentant du HCR dans le pays. « Les familles libanaises sont elles aussi en difficulté. Un soutien plus fort aux Libanais, aux réfugiés et aux autres communautés vulnérables est nécessaire de toute urgence en cette période critique. Nous ne pouvons pas les laisser tomber maintenant », ajoute-t-il.

Trouver un abri digne et sûr reste un parcours du combattant. Près de 60 % des familles de réfugiés syriens vivent dans des abris dangereux, ne répondant pas aux normes ou surpeuplés. L’étude montre une augmentation du loyer moyen dans tous les types d’abris et dans tous les gouvernorats, ainsi qu’une augmentation du risque d’expulsion.

L’étude souligne également une augmentation du prix moyen des loyers dans tous les types d’abris et dans tous les gouvernorats, ainsi qu’une augmentation du risque d’expulsion.

L’inflation a eu un impact significatif sur les prix des denrées alimentaires. Entre octobre 2019 et juin 2021, le coût de la nourriture a augmenté de 404 %, ce qui a entraîné des niveaux d’insécurité alimentaire inquiétants parmi les familles de réfugiés syriens. En juin 2021, 49 % des familles de réfugiés syriens étaient en situation d’insécurité alimentaire. Environ deux familles sur trois ont dû limiter la taille des portions alimentaires ou réduire le nombre de repas pris par jour.

« Cette année a été difficile pour tout le monde au Liban. Nous avons vu les prix des denrées alimentaires devenir hors de portée pour de nombreuses familles », déclare Abdallah AlWardat, représentant et directeur du PAM au Liban. « Grâce au soutien généreux de nos donateurs, le PAM aide chaque mois plus de 1,1 million de réfugiés syriens et 600 000 ressortissants libanais. Nous fournissons une aide en espèces et des colis alimentaires. Nous organisons également des activités visant à soutenir et à protéger les moyens de subsistance des personnes. »

En matière d’hygiène de base, deux familles de réfugiés sur dix n’ont pas accès aux articles de soins pour bébés et une sur dix n’a pas accès aux articles d’hygiène féminine.

Les enfants réfugiés syriens sont les plus touchés par la crise. Trente pour cent des enfants en âge d’être scolarisés (6-17 ans) n’ont jamais été à l’école. La fréquentation de l’école primaire pour les enfants âgés de 6 à 14 ans a chuté de 25% en 2021. En outre, la tendance à la hausse du travail des enfants syriens s’est poursuivie en 2021, avec au moins 27 825 enfants réfugiés syriens actuellement soumis au travail des enfants. L’enquête souligne également qu’une fille sur cinq âgée de 15 à 19 ans était mariée. Plus de la moitié (56%) des enfants âgés de 1 à 14 ans ont subi au moins une forme de punition violente.

« L’escalade de la crise au Liban met en danger les enfants les plus vulnérables, y compris les réfugiés, car de plus en plus de familles ont recours à des méthodes de survie négatives, notamment en envoyant leurs enfants travailler dans des conditions souvent dangereuses et hasardeuses, en mariant leurs jeunes filles ou en recourant à des méthodes disciplinaires violentes », déclare la représentante de l’UNICEF au Liban, Yukie Mokuo. « L’UNICEF élargit son programme pour soutenir davantage d’enfants et de familles, car le bien-être et la protection des enfants doivent être une priorité absolue pour garantir le respect de leurs droits en toutes circonstances. »

Alors que l’évaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban en 2021 (VASyR) se penche sur les vulnérabilités et les niveaux de pauvreté parmi les réfugiés syriens en particulier, les communautés d’accueil libanaises ont également du mal à survivre. Les trois agences de l’ONU continuent de travailler avec le gouvernement et les partenaires pour fournir une aide cruciale à toutes les communautés vulnérables, y compris les Libanais et les réfugiés.

NOTES AUX JOURNALISTES

L’enquête, dénommée « Évaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens » [Vulnerability Assessment of Syrian Refugees (VASyR) en anglais] a été menée conjointement par le HCR, le PAM et l’UNICEF. VASyR 2021 est la neuvième édition de l’enquête annuelle. Le rapport complet sera publié en décembre 2021.

Les résultats préliminaires de l’enquête pour l’année 2021 donnent un aperçu de l’impact des crises combinées sur les ménages de réfugiés syriens. En 2021, la situation socio-économique au Liban s’est encore détériorée. Avec l’inflation et la dévaluation accrue de la monnaie libanaise, le taux de change informel a atteint jusqu’à de 20 000 LBP pour 1 dollar. D’autres problèmes sont apparus en 2021, notamment des pénuries de carburant, d’électricité et de médicaments.

La situation au Liban a affecté toutes les populations vivant dans le pays – Libanais, réfugiés, migrants et autres – les communautés les plus vulnérables étant les plus durement touchées. Alors que l’enquête VASyR s’intéresse spécifiquement à la population des réfugiés syriens, le HCR, le PAM et l’UNICEF travaillent avec les autorités libanaises et d’autres organisations pour analyser l’impact de la situation sur les Libanais vulnérables. Les trois agences poursuivent leur assistance aux communautés libanaises vulnérables pour les aider à faire face à cette situation difficile.

Entre juin et juillet 2021, les enquêteurs VASyR ont visité un échantillon national représentatif de 5035 ménages de réfugiés syriens, couvrant tous les districts du Liban.

Le HCR, le PAM et l’UNICEF se sont associés à Caritas, la Fondation Makhzoumi, World Vision International et SHIELD pour collecter les données sur le terrain.

A propos du HCR

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est une organisation mondiale qui se consacre à sauver des vies, à protéger les droits et à construire un avenir meilleur pour les réfugiés, les communautés déplacées de force et les apatrides. Le HCR travaille en étroite collaboration avec le gouvernement libanais et de nombreux autres partenaires nationaux et internationaux pour offrir protection et assistance aux réfugiés et aux apatrides, ainsi qu’aux communautés libanaises. Pour plus d’informations sur le travail du HCR au Liban, veuillez consulter : https:// www.unhcr.org/lb

À propos du PAM

Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies est le lauréat du prix Nobel de la paix 2020. Plus grand organisme humanitaire au monde, il sauve des vies en situations d’urgence et utilise l’assistance alimentaire pour ouvrir une voie vers la paix, la stabilité et la prospérité au profit de ceux qui se relèvent d’un conflit ou d’une catastrophe ou subissent les effets du changement climatique. Au Liban, le PAM, en étroite collaboration avec ses partenaires, est le plus grand fournisseur d’aide alimentaire et non alimentaire directe aux réfugiés et aux communautés libanaises vulnérables.

A propos de l’UNICEF

Présent au Liban depuis plus de 70 ans, l’UNICEF travaille dans certains des endroits les plus inhospitaliers du monde pour atteindre les enfants les plus défavorisés. Dans 190 pays et territoires, nous travaillons pour chaque enfant, chaque jour, afin de construire un monde meilleur pour tous. Pour plus d’informations sur l’UNICEF Liban et notre travail pour les enfants, visitez www.unicef.org/lebanon

Pour de plus amples informations, veuillez svp contacter :

HCR 

PAM

UNICEF 

Publie par le HCR, le 29 septembre 2021.

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