Une tablette connectée à Internet sert de passerelle aux réfugiés vers une éducation de qualité en leur offrant une source d’espoir pour un avenir meilleur
De Pauline Omagwa à Kakuma, au Kenya
Assis par groupe de quatre, les élèves suivent en silence une leçon préenregistrée dans leur salle de classe. Certains prennent des notes tandis que leur enseignant vient observer les progrès de chaque groupe
Paska Charles, 15 ans, est dans l’un de ces groupes. Cette réfugiée sud-soudanaise qui vit dans le camp de Kalobeyei dans le nord-ouest du Kenya est arrivée dans le camp voisin de Kakuma quand elle avait 10 ans.
« La première école que j’ai fréquentée était dans le camp de réfugiés. J’étais tellement heureuse d’aller à l’école », dit Paska.
Les écoles primaires des camps de Kakuma et de Kalobeyei comptent plus de 19 000 élèves.
« Dans ma classe, nous sommes plus de 70 élèves, alors la plupart du temps nous devons nous partager les ressources pédagogiques », explique-t-elle.
« Ce n’est pas un problème pour moi, tant que je continue d’aller à l’école. C’est ça qui compte. »
En règle générale, une salle de classe peut accueillir plus de 100 élèves, et au moins sept élèves doivent donc se partager un livre scolaire. Toutefois, cette situation n’a pas enlevé le goût d’apprendre à ces jeunes apprenants.
« Ce n’est pas un problème pour moi, tant que je continue d’aller à l’école. C’est ça qui compte », ajoute Paska.
Avant la pandémie de COVID-19, le HCR – l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés – et ses partenaires n’offraient qu’un accès limité à l’enseignement numérique dans les écoles des camps de réfugiés. À l’époque, seules quatre des 55 écoles maternelles, primaires et secondaires y avaient accès.
« Lorsque l’enseignement numérique a été mis en place dans les écoles, les élèves et les enseignants ont eu des réactions mitigées. Mais au fil du temps, les élèves ont été de plus en plus emballés à venir en classe », dit Msembwa Esdras, 51 ans, qui a travaillé dans le camp de Kakuma pendant 12 ans en tant qu’enseignant rémunéré au rendement.
La pandémie de COVID-19 et la fermeture de toutes les écoles qui s’en est suivie ont eu des répercussions négatives pour les élèves réfugiés pour qui l’école procurait éducation et soutien psychosocial.
« Cela a été très difficile de suivre le rythme scolaire, car la plupart d’entre nous n’avions pas accès à la radio ni à Internet », explique Paska.
Ali Omar Duale, qui travaille pour le HCR à Kakuma, ajoute que, même si certains élèves arrivaient en général à s’adapter rapidement à l’enseignement à distance, la plupart des élèves réfugiés n’avaient pas la possibilité ni les moyens de continuer les cours. C’est pourquoi le HCR a dû rapidement prendre des mesures supplémentaires pour aider ces élèves à rattraper leur retard scolaire.
Pour mettre en œuvre ces ambitions, le HCR a fait équipe avec la Fondation Mastercard afin d’élargir l’accès à l’enseignement et renforcer la capacité des enseignants en utilisant des outils d’enseignement numérique. Pour garantir la qualité de l’enseignement à distance, les enseignants ont ainsi été formés à la manière d’intégrer ces méthodes numériques à leurs cours.
Cette initiative combinant éducation et technologie a permis d’offrir des solutions d’apprentissage en ligne aux populations de Kakuma et de Kalobeyei accueillant des réfugiés, afin d’assurer un accès équitable à une éducation de qualité aux 18 000 élèves étudiant dans les 17 écoles des camps de réfugiés. Ce projet a aussi permis d’augmenter le nombre d’enseignants ainsi que leurs capacités à intégrer des outils numériques dans les programmes scolaires.
Grâce au soutien de la Fondation Mastercard, l’école de Paska a ainsi pu bénéficier de nouvelles infrastructures numériques et d’un don de tablettes électroniques. Ces tablettes ont grandement aidé les élèves réfugiés à embrasser l’enseignement numérique, à rester connectés et à avoir accès à diverses ressources pédagogiques.
« Je rêve d’enseigner l’anglais plus tard. J’aimerais enseigner ici pour les réfugiés du camp et la population d’accueil. »
« Les jours que je préfère à l’école sont les lundis et vendredis quand c’est à mon tour d’utiliser la tablette », déclare Paska. « Grâce à la tablette, nous pouvons, par exemple, chercher d’anciens tests pour réviser avant un examen. »
« Je rêve d’enseigner l’anglais plus tard. J’aimerais enseigner ici pour les réfugiés du camp et la population d’accueil. J’espère aussi que nous recevrons plus de tablettes pour que tous mes futurs élèves puissent les utiliser. »