Une embarcation bondée est repérée en Méditerranée par un hélicoptère de sauvetage italien lors de l’opération Mare Nostrum, en juin 2014. © HCR/Alfredo D’Amato

Les discussions qui ont eu lieu ce jour à Paris avec des États européens au sujet de la situation en Méditerranée et de la prévention contre de nouvelles pertes en vies humaines en Libye sont bienvenues et indispensables. La violence survenue ces dernières semaines à Tripoli a rendu la situation plus désespérée que jamais, et il faut désormais agir à tout prix.

Nous nous félicitons du consensus qui s’est dégagé lors de la réunion d’aujourd’hui sur la nécessité de faire cesser la détention arbitraire des réfugiés et des migrants en Libye. Un processus de libération ordonnée doit être mis en œuvre pour les personnes détenues dans les centres de détention, et pour les transférer vers des zones urbaines ou vers des centres ouverts. Cela leur permettra de bénéficier ensuite d’une liberté raisonnable de mouvement, d’un hébergement, d’une assistance et d’une protection contre les violences et les abus. Les agences humanitaires devront alors pouvoir assurer un suivi indépendant de ces personnes avec un accès régulier et sans entrave auprès d’elles. Compte tenu des risques d’abus, de mauvais traitements ou de décès, personne ne devrait être renvoyé dans un centre de détention en Libye après avoir été intercepté ou secouru en mer.

L’engagement renouvelé des États pour prévenir les pertes en vies humaines dans la mer Méditerranée est également encourageant. Le statu quo – avec des opérations de recherche et de sauvetage qui sont souvent laissées aux ONG ou aux cargos commerciaux – ne peut pas continuer. Un dispositif de recherche et de sauvetage dirigé par les États membres de l’UE est nécessaire, de façon similaire aux programmes que nous avions vus ces dernières années.

Le rôle crucial joué par les ONG doit être reconnu. Les ONG ne devraient pas être criminalisées ni stigmatisées pour avoir sauvé des vies en mer. Les navires de commerce, sur lesquels on compte de plus en plus pour mener des opérations de sauvetage, ne doivent pas être poussés à transférer les personnes secourues auprès des garde-côtes libyens, ni à les faire débarquer en Libye, un pays dépourvu de ports sûrs.

Les discussions sont prometteuses concernant la mise en place d’un dispositif temporaire et prévisible pour le débarquement des personnes secourues en mer, ainsi que sur le partage des responsabilités entre États pour les accueillir par la suite. Nous encourageons ces pourparlers à progresser encore. Il est dans l’intérêt de tous d’adopter une approche concertée face à cette situation.

Parallèlement, les évacuations et la réinstallation hors de la Libye demeurent une bouée de sauvetage vitale pour les personnes confrontées à une menace immédiate sur leur vie. Nous exhortons à nouveau les États à travailler avec nous pour mettre hors de danger les réfugiés les plus vulnérables qui se trouvent en Libye. Par ailleurs, nous nous félicitons des expressions de soutien à cet égard qui ont été entendues aujourd’hui.

Enfin, il faut redoubler d’efforts pour lutter contre les causes profondes qui poussent initialement les personnes à quitter leur foyer. Tant que de multiples conflits en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne ne seront pas résolus et que des problèmes de développement persisteront, des personnes continueront à chercher d’autres alternatives pour elles-mêmes et leur famille.

Instaurer une paix durable en Libye est une priorité absolue. La communauté internationale devrait faire tout son possible pour amener les parties belligérantes à dialoguer et à trouver une solution politique en vue du rétablissement de la stabilité et de la sécurité.

HCR

OIM

  • A Genève, Leonard Doyle at +41 79 285 71 23 ou Joel Millman, +41 79 103 87 20, jmillman@iom.int
  • En Libye, Safa Msehli, +216 22 2418 42, smsehli@iom.int

Publié par le HCR, le 22 juillet 2019

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