Un avocat qui a passé plus d’une décennie à défendre les droits de plus de 10 000 apatrides au Kirghizistan a reçu la distinction Nansen 2019 pour les réfugiés lors d’une cérémonie dédiée ce soir, qualifiant ce prix de « symbole d’espoir » pour des millions de personnes sans citoyenneté dans le monde.
Lors d’un événement prestigieux au Bâtiment des Forces Motrices à Genève, les prestations du chanteur vénézuélien Danny Ocean et de la musicienne suisse Flèche Love ont ouvert la soirée de célébration du travail exceptionnel d’Azizbek Ashurov.
Azizbek Ashurov a été choisi pour son engagement exceptionnel de 16 années pour mettre fin à l’apatridie au Kirghizistan, travaillant inlassablement afin que ceux qui sont devenus apatrides après l’éclatement de l’ancienne Union soviétique aient enfin accès à la citoyenneté.
Lors de la remise de la distinction, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré que l’histoire d’Azizbek Ashurov était celle d’un homme à la « grande détermination et ténacité personnelles ».
« Son engagement… est un exemple convaincant du pouvoir de quelqu’un pour inspirer et mobiliser une action collective. »
« Son engagement en faveur de l’éradication de l’apatridie au Kirghizistan – une victoire obtenue en partenariat avec le gouvernement kirghize et d’autres acteurs du pays – est un exemple convaincant du pouvoir qu’a un individu d’inspirer et de mobiliser une action collective », a déclaré Filippo Grandi.
Azizbek Ashurov dirige l’ONG Avocats sans Frontières de la Vallée de Ferghana, une organisation créée en 2003 pour assurer une aide juridique gratuite. Il a commencé à lutter contre l’apatridie en 2007. En 2014, un financement du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l’a aidé à mettre en place des cliniques juridiques mobiles et à cartographier le problème.
L’équipe d’avocats a travaillé sans relâche, traitant jusqu’à 10 cas par jour. Ensemble, ils ont parcouru le pays d’Asie centrale à la recherche des personnes vivant dans l’ombre, sans documents d’identité. Cette année, en juillet, les toutes dernières personnes apatrides au Kirghizistan ont finalement obtenu la citoyenneté – grâce en grande partie à Azizbek Ashurov et son équipe.
« Il m’est difficile de décrire à quel point je suis fier aujourd’hui – ainsi que la grande responsabilité que je ressens », a déclaré Azizbek Ashurov à un public conquis après avoir reçu ce prix. « Ma jeune nation indépendante est confrontée à de nombreux défis. Elle a cependant trouvé la volonté politique de mettre fin à l’apatridie. »
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« La distinction Nansen de cette année… montre aux apatrides du monde entier que leur voix est entendue. Pour eux, ce prix est un symbole d’espoir. »
Azizbek Ashurov est le tout dernier d’une longue lignée de héros de tous les jours à recevoir cette distinction annuelle, qui porte le nom du premier Haut Commissaire pour les réfugiés, l’explorateur norvégien Fridtjof Nansen.
« Ce qui est si impressionnant ici, c’est l’engagement personnel des membres de cette équipe à aider des dizaines de milliers de personnes – et de réaliser à quel point cela changera l’avenir des générations futures », a déclaré le Haut Commissaire dans son discours.
« Cela envoie un message tellement puissant – qui consiste à dire que le problème de l’apatridie peut être résolu. Cet accomplissement que représente le fait de permettre au gens d’affirmer enfin : « J’existe » adressera un héritage durable aux futures générations. »
L’apatridie détruit la vie de millions de personnes dans le monde. Elle les prive de droits fondamentaux tels que l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi et à la libre circulation, ou même de la possibilité d’ouvrir un compte bancaire ou d’acheter une carte SIM pour un téléphone portable.
« Cette année, la distinction Nansen… montre aux apatrides du monde entier que leur voix est entendue. »
L’éclatement de l’Union soviétique dans les années 1990 a laissé des centaines de milliers de personnes apatrides en Asie centrale, y compris au Kirghizistan. D’autres ont été laissées dans l’incertitude en raison de lacunes dans la législation ou de mariages entre différentes nationalités.
« Pour de simples démarches pour ouvrir un compte en banque par exemple, c’est comme escalader une montagne », a rappelé au public Nadine Labaki, réalisatrice du film Capharnaüm, nominé aux Oscars. « Ce sont des droits fondamentaux que la plupart d’entre nous tiennent pour acquis. »
Le chanteur Danny Ocean a interprété son émouvant tube Me Rehuso sur l’amour qu’il a laissé derrière lui lorsqu’il a quitté son Venezuela natal pour les États-Unis. La musicienne suisse Flèche Love ainsi que les poètes et interprètes allemands Babak Ghassim et Oussama Elyas ont également participé à l’événement.
En concluant son discours d’acceptation, Azizbek Ashurov a exprimé l’espoir que les efforts inlassables du Kirghizistan deviendraient « un exemple brillant » pour les autres pays.
« Ce qui est difficile prend un peu de temps », a-t-il reconnu, citant Fridtjof Nansen. « L’impossible prend un peu plus de temps. »
Une retransmission en direct de la cérémonie sur Facebook sera disponible sur la page Facebook du HCR.
Pour en savoir plus sur la manière dont vous pouvez aider les personnes apatrides, rejoignez la campagne décennale du HCR #JEXISTE (#IBelong) pour mettre fin à l’apatridie.
Publie par le HCR, le 07 octobre 2019