Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a averti aujourd’hui que les progrès récents dans la lutte contre l’apatridie – l’une des principales causes de privation des droits de l’homme pour des millions de personnes dans le monde – étaient menacés par une recrudescence des nationalismes.

A Genève, avant l’ouverture lundi de la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR, Filippo Grandi a déclaré que le nombre croissant de pays prenant des mesures contre l’apatridie signifiait que la communauté internationale approchait d’un niveau de mobilisation décisif dans ses efforts pour éradiquer définitivement l’apatridie.

« Il y a à peine cinq ans, la sensibilisation du public à l’apatridie et aux dommages qu’elle cause était encore négligeable. Cela est en train de changer, et aujourd’hui, la perspective de mettre fin à l’apatridie n’a jamais été aussi proche », a déclaré Filippo Grandi.

« Pourtant, les progrès sont loin d’être assurés : la montée de formes préjudiciables de nationalisme et la manipulation des sentiments anti-réfugiés et migrants sont des tendances mondiales puissantes qui risquent de faire reculer les progrès enregistrés. »

Des solutions doivent être trouvées d’urgence pour des millions de personnes sans nationalité ou menacées d’apatridie dans le monde entier – y compris les Rohingyas du Myanmar, et les populations minoritaires menacées d’apatridie dans l’Assam en Inde. Sans cela, nous risquons d’aggraver ce phénomène d’exclusion qui affecte déjà la vie de millions de personnes. C’est pourquoi un redoublement d’efforts est devenu crucial. »

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a lancé en 2014 une campagne mondiale, intitulée «  #JEXISTE » (#IBelong), visant à mettre fin à l’apatridie d’ici 2024. Depuis lors, une quinzaine de pays ont adhéré aux deux principaux traités sur l’apatridie, la Convention des Nations Unies de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie. Des adhésions supplémentaires et d’autres engagements étant attendus cette semaine, le nombre total d’adhésions au premier de ces traités, la Convention de 1954 relative au statut des apatrides, pourrait bientôt dépasser le seuil notable de 100 pays.

Plus de 220 000 apatrides ont acquis une nationalité au cours des cinq premières années de la campagne, notamment grâce à des efforts nationaux concertés qui ont été motivés par la campagne, et ce dans des pays aussi divers que le Kirghizistan, le Kenya, le Tadjikistan ou encore la Thaïlande. En juillet de cette année, le Kirghizistan est devenu le premier pays au monde à annoncer la résolution complète de tous les cas connus d’apatridie.

En outre, depuis le lancement de la campagne, deux pays, Madagascar et la Sierra Leone, ont réformé leurs lois sur la nationalité pour permettre aux mères de conférer la citoyenneté à leurs enfants sur un pied d’égalité avec leur père. Cependant, vingt-cinq pays continuent de rendre difficile, voire impossible, pour les mères de transmettre la citoyenneté à leurs enfants, ce qui constitue l’une des principales causes d’apatridie dans le monde. Comme toutes les lois sur la nationalité ne contiennent pas de mesures garantissant qu’aucun enfant ne naisse apatride, l’apatridie peut également être transmise de génération en génération.

Mettre fin à toutes les formes de discrimination dans les lois sur la nationalité aiderait la communauté internationale à respecter l’engagement pris par tous les États lors de l’adoption de l’Agenda pour le développement durable de « ne générer aucun laissé-pour-compte. »

Aujourd’hui, des personnalités éminentes des médias, des droits de l’homme, des réfugiés et des apatrides se joignent aux représentants des Etats membres à Genève pour une session extraordinaire du Comité exécutif du HCR, connue sous le nom de Segment de haut niveau sur l’apatridie, afin de faire le point sur les progrès accomplis à mi-chemin de la campagne et de s’engager à prendre des mesures supplémentaires pour mettre fin à l’apatridie d’ici 2024.

Parmi les participants figurent entres autres la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies Amina Mohammed, l’Ambassadrice de bonne volonté du HCR Cate Blanchett, la journaliste et présentatrice de la télévision britannique Anita Rani, ainsi que Maha Mamo, ancien réfugié apatride et activiste, et Lamberto Zannier, Haut Commissaire de l’OSCE pour les minorités nationales.

Certains Etats concrétiseront leurs engagements en déposant officiellement les instruments d’adhésion aux traités sur l’apatridie.


Publie par le HCR, le 07 octobre 2019

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