A woman carrying her daughter in her arms is standing in front of a border crossing.

Une Syrienne et sa fille photographiées lors de leur retour en Syrie depuis le Liban au poste frontière de Jdeidet Yabous, le 20 juin 2025.© HCR/Andrew McConnell

À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés est allé à la rencontre de Syriens rentrant chez eux, mais a averti que ces retours seraient de courte durée sans une aide internationale accrue

Par Celine Schmitt et Hameed Maarouf à Jdeidet Yabous, Syrie


La communauté internationale doit profiter de l’opportunité politique créée par l’effondrement du régime de Bachar Al-Assad pour contribuer à la reconstruction de la Syrie et permettre aux 13 millions de personnes déplacées pendant la guerre de rentrer chez elles, a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, le 20 juin lors d’une visite dans le pays à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.


Le chef du HCR s’est entretenu avec des familles syriennes qui rentraient dans leur pays après plus d’une décennie passée comme réfugiés au Liban voisin. Il a déclaré qu’elles avaient « pris leur destin en main et décidé de rentrer pour recommencer leur vie » après la chute du précédent gouvernement en décembre. Le poste-frontière officiel de Jdeidet Yabous est désormais « un lieu accueillant », a-t-il déclaré, ajoutant toutefois que de nombreux défis attendaient les familles qui rentrent chez elles.

À la frontière, des camions chargés de personnes et de biens klaxonnaient en signe de joie à leur entrée en Syrie, tandis que des enfants souriants agitaient le nouveau drapeau à trois étoiles de leur pays pendant que leurs parents réglaient les formalités administratives de leur retour.

« C’est très important pour moi de passer la Journée mondiale des réfugiés dans un pays où les réfugiés peuvent enfin cesser d’être des réfugiés et reprendre leur place dans leur propre communauté, leur propre société, leur propre pays », a fait savoir Filippo Grandi.

« Ce sera difficile, et ils auront besoin de beaucoup d’aide », a-t-il poursuivi. « Tout doit être reconstruit en Syrie. La plupart des gens n’ont pas accès à l’électricité, les services sont très, très fragiles et la sécurité reste un problème dans de nombreux endroits. Pour […] les nouvelles autorités syriennes et la communauté internationale, le défi est de taille : remettre la Syrie sur pied et offrir un avenir à toutes ces personnes qui ont décidé de rentrer chez elles. »

A young Syrian refugee sit on a bus, smiling candidly to the camera.

Une jeune réfugiée syrienne assise dans un bus qui passe la frontière entre le Liban et la Syrie à Jdeidet Yabous. © HCR/Andrew McConnell

Plus de 2 millions de Syriens sont rentrés chez eux depuis décembre, dont près de 600 000 provenant des pays voisins et un peu moins de 1,5 million qui avaient été déplacés dans d’autres régions de Syrie.

D’autres devraient rentrer chez eux cet été après la fin de l’année scolaire, mais Filippo Grandi a averti que sans un soutien international accru pour reconstruire les habitations, les écoles et d’autres infrastructures et services essentiels, ces retours pourraient s’avérer de courte durée.

« Dans ce cas, même les personnes qui sont restées en Syrie choisiront de repartir, et cela doit être évité à tout prix », a-t-il ajouté. « À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, j’appelle donc instamment la communauté internationale à renforcer son soutien à ce pays et à son peuple. »


© HCR

Parmi les personnes qui ont franchi la frontière vendredi figurait Iman, qui retournait chez elle à Alep avec ses trois enfants après avoir vécu 14 ans comme réfugiée au Liban. Elle a décrit son projet de relancer son atelier de couture autrefois florissant, d’inscrire ses enfants à l’école et de reconstruire sa maison détruite par la guerre avec l’aide de son mari, qui continue pour l’instant à travailler au Liban.

« Je suis ici pour aller à Alep et voir comment est la situation. Si la situation est bonne… je pourrai m’installer à nouveau et reprendre la vie que je menais auparavant », a déclaré Iman.

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’elle ressentait à l’idée de retourner en Syrie après une si longue absence, elle a répondu : « C’est un sentiment de bonheur indescriptible. Je ne peux ni l’expliquer ni le décrire. Maintenant, nous allons rentrer chez nous et tout redeviendra comme avant, voire mieux, si Dieu le veut. »

A bus carrying Syrian refugees returning to Syria. A man is standing next to the bus with his back to the camera.

Un bus transportant des réfugiés syriens rentrant en Syrie depuis le Liban franchit le poste-frontière de Jdeidet Yabous. © HCR/Andrew McConnell

Le HCR vient en aide aux Syriens qui rentrent chez eux en leur fournissant tout le nécessaire, du transport jusqu’à leur domicile à la réparation de leur maison, en passant par une aide juridique pour le remplacement des documents d’identité et des titres de propriété perdus. Une grande partie de son aide aux rapatriés et aux communautés locales où ils vivent est coordonnée par un réseau de centres communautaires soutenus par le HCR.

Mais les coupes drastiques dans l’aide humanitaire ont contraint l’agence à réduire ses effectifs et ses programmes d’assistance en Syrie. Sur les 122 centres communautaires que compte le pays, 17 ont déjà fermé leurs portes et 50 autres sont menacés de fermeture imminente.

Malgré ces difficultés, le HCR et ses partenaires continueront à soutenir la population syrienne, y compris les personnes qui sont rentrées chez elles et les millions de personnes qui restent déplacées à l’intérieur du pays et dans la région.

Filippo Grandi a exhorté les donateurs – gouvernements, particuliers, entreprises et fondations – à continuer de soutenir cet effort afin de « mettre un terme à l’une des situations de réfugiés les plus longues de l’histoire ».

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