Kelly Clements, Haut Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés, s’entretient avec des femmes réfugiées rohingyas dans un centre de formation et de développement des compétences dans l’un des camps de Cox’s Bazar. © HCR/Saikat Mojumder

DHAKA – Au terme d’une visite de quatre jours au Bangladesh, la Haut Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés, Kelly T. Clements, a rendu hommage au pays pour l’accueil d’un million de réfugiés rohingyas depuis près de six ans. Elle a appelé à la mise en place d’initiatives visant à améliorer les moyens de subsistance et l’autosuffisance afin d’éviter que la situation humanitaire dans les camps de réfugiés ne se détériore.

Outre le besoin d’un soutien accru aux communautés d’accueil, la Haut Commissaire adjointe a indiqué qu’il était temps de déployer des efforts significatifs pour renforcer la résilience et améliorer la vie des Rohingyas afin de leur permettre de tirer profit des qualifications et connaissances acquises au Bangladesh lorsqu’ils pourront rentrer chez eux.

Kelly Clements s’est entretenue avec des réfugiés rohingyas, les autorités du pays, des donateurs et des acteurs humanitaires.

« Nous continuons à plaider pour la mise en place de conditions favorables au Myanmar pour des retours librement consentis viables, afin de permettre aux réfugiés de rentrer chez eux en toute sécurité et dans la dignité », a expliqué Kelly Clements après avoir visité les camps de réfugiés de Cox’s Bazar. « Les réfugiés qui souhaitent rentrer chez eux doivent avoir accès à des informations claires et factuelles afin de pouvoir prendre une décision libre et éclairée. Les réfugiés ne doivent en aucun cas être contraints ou forcés à rentrer, chose que le gouvernement nous a assuré qu’il ne ferait pas. »

Kelly Clements a également souligné que le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, doit être en mesure d’évaluer le caractère volontaire des choix des réfugiés. Les réfugiés doivent être libres de toute pression ou incitation, et leurs décisions doivent être basées sur des informations précises à propos de la situation au Myanmar.

Les réfugiés rohingyas qui vivent dans les camps dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Cependant, le financement nécessaire à cette assistance n’est plus disponible. Les agences humanitaires sont désormais contraintes d’identifier uniquement les interventions les plus critiques, ce qui signifie que certains besoins de base ne sont pas satisfaits, avec des conséquences désastreuses. Le 1er juin, le Programme alimentaire mondial a été contraint de réduire l’aide alimentaire pour la deuxième fois en trois mois en raison d’un manque de financement.

Le HCR craint que la réduction des rations, qui fait suite à un incendie majeur en début d’année et à l’impact du cyclone Mocha il y a quelques semaines, n’entraîne une augmentation des taux de malnutrition, un décrochage scolaire, une augmentation des mariages d’enfants, du travail des enfants et de la violence basée sur le genre. Le risque est de voir les réfugiés recourir à des stratégies du désespoir en l’absence d’un soutien adéquat.

La Haut Commissaire adjointe a appelé à offrir aux réfugiés de meilleurs moyens de subvenir à leurs besoins. « Si les Rohingyas avaient la possibilité de gagner un peu d’argent, ils pourraient acheter eux-mêmes la majeure partie de leur nourriture. Ils veulent faire leurs propres choix. En accédant aux services financiers mobiles, ils pourront se procurer ce dont ils ont besoin pour satisfaire leurs besoins quotidiens », a-t-elle déclaré.

Lors de ses entretiens avec les partenaires gouvernementaux, Kelly Clements a également plaidé en faveur de la mise en place de politiques permettant l’utilisation de matériaux plus durables, résistants au feu et aux intempéries, pour la construction des abris. Elle a insisté sur le fait qu’il est important de reconstruire de manière plus sûre et plus efficace, car le coût de l’entretien et de la réhabilitation des abris et des installations est devenu trop important chaque fois qu’une tempête violente ou une autre catastrophe naturelle frappe les camps.

Les agences humanitaires sollicitent plus de 876 millions de dollars cette année pour porter assistance à près de 1,5 million de personnes, dont 920 000 réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar et Bhasan Char, et 495 000 Bangladais dans les communautés voisines. En juin 2023, le Plan de réponse conjoint n’est financé qu’à hauteur de 24%. Un financement stable et continu est nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire de plus grande ampleur.

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