Abu Jihad travaille sur des bornes fabriquées à partir de bouteilles en plastique. Après avoir nettoyé les bouteilles, il les peint et les colle au sol. © HCR/Shawkat Alharfoush

Dans le camp de réfugiés de Zaatari, l’esprit créatif et la détermination inébranlable d’un homme transforment des matériaux usagés en objets d’art.

Par Sandra Quiroz dans le camp de Zaatari, en Jordanie | 05 Juin 2023

Ziyad Al-Awaji, également connu sous le nom d’Abu Jihad, se réveille avant l’aube et entame sa routine quotidienne en allant chercher du plastique et d’autres matériaux dans les décharges du camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie.


Réfugié syrien de 64 ans, il a connu son lot d’épreuves. Il a notamment dû abandonner sa maison et renoncer à son gagne-pain en raison de la guerre qui sévit dans son pays. Mais Abu Jihad refuse de perdre espoir. Il est déterminé à jouer un rôle positif au sein de sa communauté et pour l’environnement.

Il s’est toujours intéressé à l’art, même lorsqu’il gérait le restaurant qu’il possédait à Daraa, dans le sud de la Syrie. Un soir, il a regardé une émission de télévision qui expliquait comment polir l’acier. Le lendemain, il s’est rendu au marché et a acheté de l’acier et du matériel pour commencer à polir l’acier et l’aluminium. Depuis ce jour, les gens ont commencé à le solliciter pour des travaux de polissage. Mais ce qui n’était qu’un passe-temps en Syrie est devenu le cœur de son existence en Jordanie.

Chaque centimètre carré de l’intérieur et de l’extérieur du logement d’Abu Jihad est orné d’œuvres d’art réalisées avec soin. © HCR/Shawkat Alharfoush

Lorsqu’il est arrivé au camp de Zaatari en 2013, il a immédiatement commencé à construire son logement et à créer des objets uniques à partir de matériaux de récupération. Sa passion pour le recyclage et la revalorisation des objets a également été nourrie par les conditions de vie difficiles dans le camp. Il est rapidement passé maître dans l’art de trouver de nouvelles utilisations pour de vieux objets et de transformer les déchets en des choses à la fois utiles et esthétiques.

«Tout peut avoir une seconde utilité.»

« Je réutilise tous les matériaux qui me tombent sous la main. J’aime donner une seconde vie aux objets que nous considérons comme des déchets. Tout peut avoir une seconde utilité », explique-t-il.

Il aimerait ouvrir un restaurant à Zaatari, mais il rêve aussi de retourner un jour à Daraa pour y reconstruire sa maison et y réunir ses 12 enfants et sa famille élargie. Comme c’est le cas pour de nombreux réfugiés, sa famille est dispersée entre la Syrie, la Jordanie et l’Allemagne.

En attendant, il passe ses journées à collecter des bouteilles en plastique, des sacs et d’autres matériaux, et à les transformer en objets nouveaux tels que des pots de fleurs, des lampes, des moulins à café, des réservoirs d’eau de pluie, des chaises, des tables et bien d’autres choses encore. Son atelier, situé dans un petit coin de la maison où il vit avec sa femme et sept de ses enfants, est rempli d’un assortiment d’outils et de matériaux. Il est constamment occupé à découper, modeler et coller tout ce qui lui tombe sous la main.

Abu Jihad s’affaire dans son atelier, situé dans un coin de la maison familiale. © HCR/Shawkat Alharfoush

« L’initiative d’Abu Jihad est un excellent exemple de la façon dont les réfugiés peuvent avoir un impact positif sur leurs communautés et sur l’environnement », affirme Suhair Thyabat, responsable des questions environnementales pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en Jordanie. « Il faut multiplier ces approches innovantes pour réduire les déchets et la pollution. »

Avec quelque 740 000 réfugiés enregistrés auprès du HCR en Jordanie, le pays est confronté à des défis environnementaux supplémentaires en raison de la forte pression exercée par leur présence sur les ressources et sur les infrastructures. Des approches innovantes en matière de gestion des déchets, telles que le recyclage et la réutilisation, peuvent contribuer de manière significative à la réduction de l’impact sur l’environnement.

Abu Jihad avec quelques-unes de ses créations recyclées. © HCR/Shawkat Alharfoush

Alors que le monde est aux prises avec les conséquences dévastatrices de la pollution plastique, la passion d’Abu Jihad pour le recyclage est un exemple de la façon dont certains gestes individuels peuvent faire la différence.

« Je veux montrer aux gens que ce qu’ils considèrent comme des déchets peut être transformé en quelque chose de beau », explique-t-il. « C’est ma façon de contribuer à un meilleur environnement. »

Publie par le HCR, le 05 Juin 2023.

Pin It on Pinterest