Seventy-five-year-old Ahmed Asslan Saghir was displaced from Al Hudaydah and is now living at Ammar bin Yasser camp in Aden, Yemen with his 12-year-old son

© HCR/Mahmoud Fadel

De Jean-Nicolas Beuze, tel que raconté à Lauren La Rose

Après la fin de son mandat en tant que Représentant du HCR au Canada, Jean-Nicolas Beuze a pris, cette année, ses nouvelles fonctions de Représentant du HCR au Yémen, où 80 pour cent de la population dépend de l’aide humanitaire pour survivre chaque jour. Après cinq années de conflit, il nous explique comment la COVID-19, les conditions climatiques extrêmes et le manque de financement n’ont fait qu’aggraver la pire crise humanitaire au monde.


Décrivez-nous les répercussions de la pandémie dans la vie des réfugiés et des personnes déplacées au Yémen? 

Avec la moitié des structures médicales détruites par la guerre, la plupart des familles n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture ou des médicaments. De plus, avec l’émergence du choléra et du paludisme, la population déjà extrêmement fragilisée n’est pas en mesure de se protéger contre la COVID-19. Comment les 3,6 millions de Yéménites déplacés après cinq ans de guerre civile peuvent-ils respecter les mesures de distanciation physique alors qu’ils vivent dans des abris temporaires ou sous des bâches en plastique ou des tentes fournies par le HCR. Beaucoup n’ont pas accès à l’eau courante ni à du savon pour se laver les mains régulièrement. Dans de pareilles circonstances, l’assistance et la protection que fournit le HCR aux plus vulnérables n’ont jamais été aussi cruciales.

Décrivez-nous les conséquences des terribles intempéries dont vous avez été témoin sur place?

Ces trois derniers mois, les pluies torrentielles et les inondations soudaines à travers le Yémen ont touché plus de 300 000 Yéménites. Les abris temporaires et le peu de biens que possèdent les familles déplacées ont été emportés par les flots. Ces familles doivent, encore une fois, repartir de zéro. Le matériel de cuisine, les matelas et les kits de réparation pour les abris représentent une aide vitale pour ces familles.

Quelles sont les conséquences actuelles du conflit au Yémen sur la capacité du HCR à apporter une aide humanitaire?

Malgré les appels répétés à signer un cessez-le-feu et à mettre un terme au conflit, les combats et les bombardements se poursuivent. La guerre civile fait de plus en plus de victimes parmi les femmes et les enfants. En raison de la difficulté d’accès, évaluer les besoins et fournir aux civils l’aide vitale dont ils ont besoin est un défi au quotidien. L’une des principales activités de plaidoyer du HCR au Yémen consiste à garantir que les civils puissent circuler en toute sécurité et soient préservés des effets du conflit. Le HCR et ses partenaires humanitaires sont présents sur place et s’efforcent de protéger la population et de l’aider à survivre et à accroître sa résilience.

Quelles sont les ressources et les fournitures dont le HCR a le plus besoin actuellement?

Nous avons dû établir des priorités dans nos interventions et nous concentrer sur les personnes les plus vulnérables ainsi que sur les interventions essentielles d’ordre vital. Les familles ont désespérément besoin d’un logement plus durable et digne afin de retrouver un sentiment de normalité dans leur vie. En augmentant le nombre de personnes bénéficiant de notre programme d’aide financière, nous pourrions éviter que de nombreux réfugiés et personnes déplacées ne soient contraints de réduire la quantité de nourriture qu’ils consomment et de vivre dans des conditions insalubres.

Par ailleurs, en raison de leur statut, certains réfugiés ont été victimes de discriminations liées à l’accès aux moyens de subsistance, aux opportunités et aux services de santé. Le programme d’aide financière du HCR n’a jamais été plus important qu’aujourd’hui, car il permet aux familles déplacées les plus vulnérables de survivre pendant cette pandémie.

Que peuvent faire les Canadiens pour appuyer le travail du HCR et aider la population yéménite?

On a parfois l’impression que le Yémen est une cause perdue. La situation est tellement complexe et il semble n’y avoir que peu de solutions à l’horizon.

Malgré tous les défis auxquels nous devons faire face dans nos interventions en réponse au conflit et à la pandémie, nous savons comment sauver des vies et développer la résilience des personnes déplacées et des réfugiés. Mais ces derniers doivent avoir les moyens de le faire. C’est pourquoi, nous encourageons tous ceux qui sont en mesure de nous aider davantage de continuer à nous verser des dons. Vous pouvez aussi nous aider en communiquant sur cette crise oubliée de sorte que votre gouvernement continue de soutenir notre programme au Yémen, et ailleurs, et défende la cause des réfugiés.

« Mais je sais aussi que chaque dollar compte. Et ce dont nous avons besoin maintenant c’est de plus de soutien financier afin de pouvoir répondre davantage aux besoins que nous avons identifiés. »


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