Françoise Sabuni (deuxième à gauche) avec ses parents Margheritte Sabuni et Jean Baptiste Sabuni, et l’Ambassadrice de bonne volonté du HCR Gugu Mbatha-Raw à Broeksterwald, aux Pays-Bas. © HCR

Françoise Chikunda Sabuni vivait en tant que réfugiée en Ouganda lorsqu’elle a appris que ses parents, qu’elle croyait avoir été tués des années auparavant, étaient bien vivants et se trouvaient aux Pays-Bas

Par Claire Lewis


Les histoires n’ont pas toujours une fin heureuse. Surtout pour les millions de personnes déracinées dans le monde qui ont perdu leur famille, ont été séparées de leurs amis et de leur communauté, et ont été contraintes de vivre loin de chez elles pendant de nombreuses années. Mais quand c’est le cas, ces histoires sont un formidable vecteur d’espoir et donnent confiance en l’avenir. Voici l’une de ces histoires.

En 2019, l’actrice et Ambassadrice de bonne volonté du HCR Gugu Mbatha-Raw a rencontré Françoise Chikunda Sabuni dans le camp de réfugiés de Nakivale en Ouganda. Françoise est originaire de la République démocratique du Congo, où elle a enduré des violences aux mains de miliciens armés. Quelques années auparavant, elle avait perdu son mari et ses quatre enfants lors du génocide de 1994 au Rwanda. Lorsqu’elles se sont rencontrées, Françoise a confié à Gugu qu’après ces souffrances indicibles, elle ne savait pas si elle pourrait continuer à vivre. « Je suis devenue folle », lui a dit Françoise. « Je n’étais plus moi-même et, pendant quelques années, après avoir perdu toute ma famille, j’ai perdu la raison. Mais j’ai finalement bénéficié de l’aide d’un psychologue et, avec le temps, j’ai commencé à reconstruire ma vie. »

Françoise s’imaginait que ses parents avaient également été tués, car elle avait complètement perdu le contact avec eux, et personne ne semblait savoir où ils se trouvaient.

« Une véritable force de la nature. »

Malgré ces tragédies, Françoise a apporté chaleur et enthousiasme à Nakivale. Véritable tourbillon d’énergie et de positivité, elle a mis en place un projet de moyens de subsistance pour les femmes victimes de violences sexistes, a aidé de jeunes réfugiées à monter une équipe de football et a enseigné dans la petite école, allant jusqu’à confectionner des uniformes scolaires pour les enfants. Elle a également adopté une adolescente qui était arrivée dans le camp sans ses parents.

Gugu l’a décrite comme « une véritable force de la nature, avec un grand charisme qui contraste avec son histoire déchirante ».

Il n’est pas étonnant qu’elle ait été nominée puis désignée lauréate régionale de la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés en 2020. Mais bien qu’elle se soit lancée à corps perdu dans ses activités pour le bien de sa communauté, elle continuait à regretter sa famille perdue.

 

En 2019, Françoise donnait un coup de main lors d’un mariage lorsqu’elle a croisé une ancienne amie d’école qui était arrivée de l’étranger pour la fête. Françoise a appris que celle-ci était en contact avec ses parents, qui étaient en fait vivants et avaient été réinstallés aux Pays-Bas en 2007. Françoise a immédiatement organisé un appel vidéo avec eux et leur première conversation en plus de 20 ans fut un mélange de réconfort, de chagrin et d’amour.

« Étaient-ce vraiment ma maman et mon papa ? Après si longtemps, je ne pouvais pas le croire », se souvient Françoise.

La famille a immédiatement commencé à examiner la possibilité pour Françoise de rejoindre ses parents aux Pays-Bas grâce à un programme de réinstallation géré par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Mais la pandémie de Covid-19 est arrivée et le programme a été suspendu. Ce n’est qu’en juillet 2022 qu’elle a finalement pu rejoindre ses parents aux Pays-Bas.

Embrassant sa fille, Margheritte, la mère de Françoise, a déclaré : « Merci d’être venue, je suis si heureuse de t’accueillir à nouveau. »

L’adaptation à sa nouvelle vie aux Pays-Bas prendra du temps. Françoise a beaucoup à apprendre, et notamment une nouvelle langue. Sa mère lui a conseillé « d’apprendre la langue, de respecter la loi et d’apprendre à cuisiner avec tous ces nouveaux aliments ! ». Françoise a ajouté avec humour « et d’apprendre à faire du vélo. » 

En attendant de trouver un logement, Françoise est hébergée dans un centre d’accueil où elle partage un dortoir avec cinq autres femmes, toutes originaires de Syrie. Comme à Nakivale, elle s’est lancée dans le bénévolat pour aider les autres réfugiés nouvellement arrivés, notamment en formant certaines femmes à la couture pour qu’elles puissent gagner un peu d’argent. Son installation aux Pays-Bas n’est pas encore terminée, mais elle est sur la bonne voie et joue déjà un rôle important en aidant les autres.

« Je suis une femme de terrain et j’irai toujours de l’avant », assure-t-elle.

Publie par le HCR, le 23 septembre 2022.

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