Chaque fois que la violence ou d’autres malheurs ont fait irruption dans sa vie, Laura* s’est vue contrainte de fuir. Mais une organisation regroupant des femmes lui a donné la force de continuer à lutter et de jouer désormais un rôle de premier plan en aidant ses semblables.

Pour Laura*, une mère de cinq enfants originaire du Honduras, la vie a longtemps été marquée par le déracinement.© HCR/Jeoffrey Guilemard

Pour Laura*, une mère de cinq enfants originaire du Honduras, la vie a longtemps été marquée par le déracinement.
© HCR/Jeoffrey Guilemard

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Le Haut Commissaire Filippo Grandi rencontre des membres de MOMUCLAA, une organisation hondurienne qui soutient les femmes confrontées au déplacement forcé et à d’autres formes de violence. © HCR/Jeoffrey Guilemard
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Des membres de l’association de femmes honduriennes MOMUCLAA expliquent au Haut Commissaire Filippo Grandi (à gauche, en costume foncé) comment leur travail aide les personnes déplacées. © HCR/Jeoffrey Guilemard
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Depuis 30 ans, l’association MOMUCLAA travaille dans un quartier difficile de la ville hondurienne de San Pedro Sula. © HCR/Jeoffrey Guilemard
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Des membres de l’organisation de femmes MOMUCLAA expliquent au Haut Commissaire Filippo Grandi les épreuves auxquelles elles ont été confrontées. © HCR/Jeoffrey Guilemard

Le HCR est à pied d’œuvre sur tout le continent américain pour apporter stabilité et espoir aux personnes déplacées internes en contribuant à fournir non seulement l’aide d’urgence dont elles ont besoin suite à leur déplacement forcé, mais aussi des solutions à moyen et long terme visant à leur permettre de reconstruire leur vie.

Laura, la mère de cinq enfants originaire du Honduras, a été contrainte de fuir à nouveau, neuf ans après sa première expérience du déplacement forcé. Comme la première fois, c’est arrivé de façon soudaine.

Un après-midi de 2012, elle était assise sous son porche, à Choloma, une ville située dans la banlieue de San Pedro Sula, lorsque des coups de feu ont retenti à proximité. Elle a rapidement compris que les membres des gangs qui opéraient dans la région étaient en train d’exécuter leurs victimes. Elle s’est précipitée pour se mettre à l’abri mais a été prise entre les tirs croisés.

Elle a été touchée au bras.

Heureusement, une voisine a vu ce qui s’était passé et a immédiatement réagi. Elle a fait monter Laura dans sa voiture et l’a emmenée à l’hôpital le plus proche.

« Le médecin a dit que si j’étais arrivée cinq minutes plus tard, je serais probablement décédée car j’avais perdu beaucoup de sang », se souvient-elle.

Mais, si sa vie était sauve, le calvaire de Laura était loin d’être terminé. Comme lorsqu’elle avait reçu des menaces de mort à la suite du meurtre de son frère, elle a compris, à l’hôpital, qu’une fois de plus, elle ne pourrait pas rentrer chez elle.

À sa sortie de l’hôpital, Laura s’est réfugiée dans un autre quartier, pour finalement rentrer chez elle et retrouver ses enfants et sa maison, largement délabrée, quelques mois plus tard.

Selon Laura, c’est grâce à une organisation composée de femmes qu’elle a rejointe pour tenter d’échapper à la relation abusive qu’elle entretenait avec le père de ses cinq enfants qu’elle a eu le courage de surmonter les difficultés rencontrées et de faire face à ses multiples déracinements.

Des membres de cette association, connue sous l’acronyme espagnol MOMUCLAA, ont pris contact avec Laura et lui ont apporté le soutien dont elle avait tant besoin, notamment en lui proposant une assistance psychologique d’urgence et en mettant à sa disposition un capital de départ pour qu’elle puisse lancer son activité.

Fondée en 1993, l’association MOMUCLAA s’efforce d’aider les femmes du quartier de López Arellana, contrôlé par les gangs, à échapper à la violence et à faire face aux situations désespérées qui sont à l’origine des déplacements forcés, lesquels touchent de manière disproportionnée les femmes et les enfants. Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, apporte un soutien financier et technique à l’organisation.

« J’aime pouvoir me consacrer à ces femmes et les aider. »

« La très grande valeur de ces associations communautaires et de ces organisations de la société civile réside dans leur capacité à apporter une certaine stabilité à ceux qui ont été contraints de fuir », explique Andrés Celis, Représentant du HCR au Honduras, ajoutant que le parcours de Laura met en lumière la façon dont des organisations telles que MOMUCLAA peuvent aider les survivantes à se reconstruire après une épreuve. « Dans une vie marquée par le déracinement, Laura a trouvé une certaine stabilité en se mettant au service de celles et ceux qui se trouvent dans une situation similaire. »

Laura subvient désormais à ses besoins et à ceux de sa famille grâce à son atelier de fabrication de bijoux fantaisie. Après avoir eu besoin de l’aide des autres, elle est à présent devenue l’un des piliers de l’association MOMUCLAA, en apportant à son tour un soutien essentiel à d’autres femmes.

« J’aime pouvoir me consacrer à ces femmes et les aider », affirme Laura avec un large sourire. « Je rends aujourd’hui ce que j’ai reçu de la part des membres de MOMUCLAA, car elles ont fait de moi la femme que je suis. Je suis fière d’être la personne que je devenue aujourd’hui. »

*Le nom a été modifié pour des raisons de protection.

Publie par le HCR, le 21 Décembre 2022.

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