Sudanese refugees fleeing violence in Darfur arrive at the Adre border in Chad. © UNHCR/Andrew McConnell
Ceci est un résumé des propos tenus par Elizabeth Tan, Directrice de la protection internationale du HCR – à qui toute citation peut être attribuée –, lors de la conférence de presse qui s’est tenue aujourd’hui au Palais des Nations à Genève.
GENÈVE – Les restrictions budgétaires importantes dans le domaine de l’aide internationale privent les réfugiés les plus vulnérables d’un soutien essentiel, les exposant à des risques accrus en matière d’abus, de pauvreté, de retour forcé vers des zones dangereuses ou à la perspective d’une nouvelle fuite périlleuse, a déclaré aujourd’hui le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Les deux tiers des réfugiés sont accueillis dans des pays voisins aux leurs, pour la plupart limités en termes de ressources. La baisse du financement touche le plus durement ces réfugiés et leurs communautés d’accueil, qui sont poussées à la limite de leurs capacités. Le HCR constate déjà les conséquences de ces coupes budgétaires, qui entraînent la réduction ou l’arrêt de certaines activités visant à stabiliser et à soutenir les populations dans les pays d’accueil. Les perspectives de solutions durables s’amenuisent, ce qui complique la gestion des frontières, accroît les risques de traite et d’abus et encourage les mouvements secondaires de population, exposant davantage de personnes au risque de mourir noyées en mer.
Le sous-financement chronique pose depuis longtemps un problème : les interventions en faveur des réfugiés du Soudan, du Soudan du Sud, du Myanmar et de la République démocratique du Congo étaient déjà mises à mal avant les réductions budgétaires actuelles. Les projets visant à prévenir la violence sexiste n’étaient financés qu’à hauteur de 38 % en 2024 dans le cadre des six plans régionaux d’intervention en faveur des réfugiés. En conséquence, les réfugiés sont davantage exposés aux dangers, à l’exploitation et aux abus, et n’ont pas accès à une assistance juridique, aux soins de santé ou à un soutien financier.
Plus de 17,4 millions d’enfants réfugiés sont exposés à la violence, aux abus, à l’exploitation, à la traite ou à la séparation d’avec leur famille. En l’absence de mesures de protection de l’enfance rapides et efficaces, les conséquences sur leur bien-être et leur développement seront considérables. Les enfants sont également exposés à un risque accru d’abus, de mariage précoce et de recrutement par des groupes armés.
Voici quelques exemples :
- Au Soudan du Sud, 75 % des structures d’accueil du HCR destinées aux femmes et aux filles ne sont plus en mesure d’offrir leurs services, privant ainsi jusqu’à 80 000 victimes de viol ou de violences de soins médicaux, d’une assistance juridique et d’un soutien financier.
- Dans la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, un million d’enfants vulnérables, dont certains non accompagnés, sont exposés à un risque accru d’abus et d’exploitation.
- 200 000 femmes et enfants vulnérables sont sans assistance en Jordanie, où 63 programmes humanitaires fournissant un soutien spécialisé ont dû être fermés.
- Les activités de prévention de la violence à l’égard des femmes ont été suspendues au Burkina Faso, en République centrafricaine, au Tchad, au Cameroun, au Mali et au Nigeria, ce qui affecte les victimes de violences et de viols.
- En Angola, au Mozambique et en Zambie, les programmes destinés aux victimes de violences sexistes ont été réduits ou suspendus, laissant les femmes et les enfants le plus vulnérables sans soutien psychosocial, sans assistance juridique et sans espace sûr. La réduction des services fournis au Malawi limite la capacité à identifier et à venir en aide aux enfants non accompagnés.
- Au Mali, l’enregistrement biométrique de 19 800 demandeurs d’asile a été suspendu, les privant ainsi d’une reconnaissance juridique et d’un accès à l’emploi et aux services publics.
La réduction du financement des programmes communautaires et des partenaires locaux aura des répercussions sur les activités de protection du HCR, en particulier dans les situations d’urgence. Au Bangladesh, des projets visant à améliorer la sécurité des femmes ont été partiellement suspendus et dix centres communautaires dirigés par des femmes ont cessé leurs activités, ce qui affecte 109 000 réfugiées et 32 000 ressortissantes bangladaises.
Le soutien du HCR à l’enregistrement des naissances dans les zones reculées d’accueil de réfugiés en République démocratique du Congo a été fortement réduit, laissant plus de 85 % des 14 000 enfants réfugiés centrafricains et sud-soudanais âgés de moins de quatre ans exposés au risque d’apatridie. Dans toute la région de l’Afrique australe, la capacité du HCR à maintenir l’accès à l’asile, à garantir la délivrance de documents d’identité et à assurer la protection est compromise.
En Afrique de l’Est, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs, 850 000 personnes déplacées vont perdre le soutien juridique dont elles ont cruellement besoin. En Colombie, plus de 500 000 Vénézuéliens risquent de ne pas pouvoir obtenir de documents d’identité. Sans papiers, ils auront du mal à s’installer, à accéder aux soins de santé, à l’éducation et à l’emploi, ce qui augmentera leur vulnérabilité.
Par ailleurs, certains réfugiés pourraient être contraints de retourner dans leur pays où ils risquent de se retrouver dans une situation dangereuse, tandis que d’autres, qui sont prêts à rentrer volontairement, pourraient se voir refuser cette possibilité. Par exemple, 12 000 réfugiés centrafricains au Tchad et au Cameroun qui souhaitent rentrer chez eux se retrouvent aujourd’hui dépourvus de toute aide pour le faire. En Syrie, plus d’un demi-million de réfugiés sont rentrés malgré l’instabilité qui persiste, mais leur réintégration durable dans le pays dépend d’un financement accru. L’aide destinée à faciliter le retour de 20 000 Syriens par mois depuis la Türkiye a été elle aussi affectée par les coupes budgétaires.
Depuis 75 ans, le HCR joue un rôle essentiel dans la protection des réfugiés et la recherche de solutions durables à leur sort, favorisant ainsi la stabilité et apportant de l’espoir aux individus. L’expertise du HCR a permis de relever des défis politiques, sécuritaires et socio-économiques complexes, contribuant ainsi à sauver la vie de millions de réfugiés et à protéger leurs droits. Protéger les droits humains permet de réduire les déplacements forcés, de s’attaquer à leurs causes profondes et de trouver des solutions durables.
Nous devons nous unir au niveau international et reconnaître notre responsabilité commune à soutenir celles et ceux qui sont dans le besoin, et à veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Votre soutien peut faire la différence. Il peut sauver des vies, restaurer la dignité des individus et offrir de l’espoir à celles et ceux qui ont tout perdu. Unissons-nous et renouvelons notre engagement à protéger et à assister les personnes réfugiées. Ensemble, nous pouvons garantir que le HCR poursuive son travail essentiel et que chaque personne réfugiée reçoive les soins et le soutien qu’elle mérite. Des millions de vies en dépendent.
Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :
- À Genève, Eujin Byun, byun@unhcr.org, +41 79 747 8719
- À Genève, Olga Sarrado, sarrado@unhcr.org, +41 797 402 307
Initialement publié par le HCR le 2 mai 2025