Des milliers de réfugiés soudanais, principalement des femmes et des enfants, sont visibles sur la photo.

Des milliers de réfugiés nouvellement arrivés du nord du Darfour, au Soudan, patientent pour recevoir de la nourriture près du poste frontière de Tiné, au Tchad. © HCR/Caitlin Kelly

Ceci est un résumé des déclarations de Magatte Guisse, Représentant du HCR au Tchad – à qui toute citation peut être attribuée – lors du point de presse tenu aujourd’hui au Palais des Nations à Genève.

GENÈVE – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est profondément préoccupé par l’augmentation rapide du nombre de réfugiés soudanais qui franchissent la frontière est du Tchad. Près de 20 000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants épuisés et traumatisés, sont arrivées au cours des deux dernières semaines seulement.

La hausse la plus marquée a été enregistrée au poste frontière de Tiné, dans la province de Wadi Fira, où près de 6000 personnes sont arrivées en seulement deux jours. Depuis le 21 avril, plus de 14 000 personnes ont été dénombrées à Wadi Fira, dont 12 000 la semaine dernière. En outre, 5300 personnes ont été recensées dans l’Ennedi Est au cours des deux dernières semaines, dont 1000 rien que ce dimanche. Cet afflux soudain témoigne de l’escalade de la violence dans la région du Nord-Darfour au Soudan, en particulier à El Fasher et dans ses environs, ce qui provoque des déplacements importants à un rythme alarmant.

Ces derniers déplacements font suite à de violentes attaques perpétrées par des groupes armés dans le Nord-Darfour, où des assauts contre des camps de déplacés, notamment à Zamzam et Abou Shouk, ainsi que dans la ville d’El Fasher, ont semé la terreur. Les réfugiés arrivant au Tchad indiquent que plus de 10 000 personnes sont encore en route, tentant désespérément d’atteindre la frontière pour échapper aux violences.

Beaucoup de réfugiés nouvellement arrivés font état de violences graves et de violations des droits humains qui les ont contraints à fuir. Ils disent avoir vu des hommes se faire tuer, des femmes et des filles subir des violences sexuelles et des habitations être réduites en cendres. Leur périple en quête de sécurité sont dangereux, les réfugiés sont victimes de vols et d’extorsion aux postes de contrôle et font l’objet de menaces répétées tout au long du trajet.

La plupart arrivent au Tchad sans rien, sans nourriture, sans argent et sans papiers d’identité. Plusieurs personnes blessées, dont des enfants et des femmes âgées, seraient tombées des véhicules dans la confusion de la fuite. Une évaluation rapide de la situation menée par le HCR et ses partenaires indique que 76 % des réfugiés nouvellement arrivés ont été victimes de graves incidents, notamment d’extorsion, de vol ou de violences sexuelles.

Dans le même temps, les équipes de protection à la frontière ont identifié un nombre croissant de personnes présentant des besoins spécifiques, parmi lesquelles 752 enfants en situation de vulnérabilité, dont 22 ont été blessés au cours du conflit, ainsi que des enfants non accompagnés, des femmes enceintes et allaitantes et des personnes âgées ayant survécu au conflit.

Malgré les efforts extraordinaires déployés par les populations et les autorités locales, la capacité d’accueil des nouveaux arrivants est déjà largement dépassée. Le Tchad accueille 1,3 million de réfugiés, dont 794 000 arrivés du Soudan depuis le début du conflit il y a plus de deux ans. Si le pays continue de faire preuve d’une solidarité remarquable en accueillant les réfugiés, il ne peut supporter seul cette charge. Les ressources humanitaires disponibles à travers le pays demeurent extrêmement limitées, alors que les besoins en eau, en abris, en soins de santé, en éducation et en protection continuent d’augmenter.

Depuis le 23 avril, huit convois ont permis de transférer près de 1850 réfugiés nouvellement arrivés vers Iridimi, un site situé dans la province de Wadi Fira. Le HCR et ses partenaires fournissent une assistance d’urgence aux points frontaliers et dans les sites, mais ces interventions sont loin d’être suffisantes compte tenu de l’ampleur de la crise.

Les attaques contre les civils au Soudan doivent cesser et un accès sûr doit être garanti à ceux qui fuient pour sauver leur vie. Le HCR exhorte la communauté internationale à intensifier d’urgence son soutien à la réponse humanitaire. Sur les 409 millions de dollars nécessaires pour répondre à la crise des réfugiés au Tchad en 2025, seuls 20 % ont été mis à disposition à ce jour. Nous appelons de toute urgence à une solidarité accrue et à un soutien financier immédiat afin que ces populations vulnérables puissent bénéficier sans délai de la protection et de l’aide dont elles ont besoin.

Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :

Initialement publié par le HCR le 6 mai 2026

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