Yohana souris

Yohana Weldguirguis, une Canadienne collectant des fonds pour les réfugiés forcés de quitter la région du Tigré en Éthiopie, explique pourquoi elle défend leur cause. © Avec l’aimable autorisation de Yohana Weldguirguis

Rencontre avec Yohana Weldguirguis, une Canadienne qui recueille des fonds et plaide en faveur des personnes forcées de fuir le Tigré, en Éthiopie.

De Yohana Weldguirguis, raconté à Hannah Scott et Hawa Maiga

Née au Soudan, Yohana est arrivée au Canada en 1998. Au fil des années, son esprit bienveillant l’a conduite à défendre les droits des personnes les plus démunies. Après avoir obtenu son diplôme de l’Université de Toronto, elle a œuvré pour une organisation à but non lucratif spécialisée dans la gestion des déchets et l’économie d’énergie. Elle a ensuite travaillé à Tokyo où elle a enseigné l’anglais. Vivant de nouveau à Toronto, Yohana donne désormais des cours à ses élèves via Zoom à cause du confinement, tout en travaillant comme bénévole trois jours par semaine dans une banque alimentaire près de chez elle.

Originaire de la région du Tigré, en Éthiopie, Yohana a su qu’elle devait agir lorsqu’elle a appris ce qu’il se passait dans la région. Depuis le début de la crise, elle collecte des fonds et mène des actions de sensibilisation pour aider les plus de 52 000 réfugiés qui ont échappé à la violence, dont son frère et d’autres membres de sa famille. Dans cette entrevue, elle nous explique pourquoi elle n’hésite jamais à prendre position dans le cadre de la campagne en faveur des réfugiés #JeSuisUnDéfenseur.

FAITES UN DON POUR LES RÉFUGIÉS

Qu’est-ce qui vous a incitée à collecter des fonds pour la crise en Éthiopie, et pourquoi avez-vous décidé de recueillir des fonds pour le HCR?

Mon idée de collecter des fonds pour la crise en Éthiopie m’est venue car, cette année, la région du Tigré a connu la pire invasion de criquets pèlerins depuis 25 ans. Cette invasion a détruit plus de 200 000 hectares de terres agricoles. Simultanément, la pandémie de COVID-19 se propage à grande vitesse. Et depuis des semaines, la communication est totalement coupée dans la région.

Sur un plan personnel, j’ai de la famille qui vit dans la région du Tigré. Mon frère et ses enfants, de même que de nombreux autres membres de ma famille, y vivent, et je suis sans nouvelle d’eux. Je m’inquiète pour ma famille et pour les gens qui vivent au Tigré. Ils ont besoin d’avoir un accès adéquat à de l’eau et de la nourriture pour pouvoir subsister. J’ai décidé de lever des fonds pour le HCR car, pour moi, il s’agit d’une organisation extrêmement réputée. Elle a également la capacité d’aider les réfugiés à une échelle que peu d’organisations peuvent réellement atteindre. Les ressources que le HCR peut mobiliser en peu de temps sont exactement ce qu’il faut pour répondre à la crise humanitaire au Tigré et dans le reste du monde.

« J’ai de la famille qui vit dans la région du Tigré. Mon frère et ses enfants, de même que de nombreux autres membres de ma famille, y vivent, et je suis sans nouvelle d’eux. »

Comment collectez-vous des fonds pour le HCR auprès du public?

J’ai recueilli des fonds en envoyant des courriels aux membres de ma famille ainsi qu’à mes amis, et publié des messages sur les réseaux sociaux. J’ai également essayé d’appeler les entreprises qui versent des dons à des organismes de bienfaisance. En ces temps de pandémie, où nous nous inquiétons tous pour la sécurité et la santé de nos proches, cela me fait chaud au cœur de voir la générosité et la compassion dont les gens font preuve pour les réfugiés au Soudan.

« Cela me fait chaud au cœur de voir la générosité et la compassion dont les gens font preuve pour les réfugiés au Soudan. »

Les citoyens qui plaident en faveur des réfugiés jouent un rôle crucial : ils aident les réfugiés et les personnes déplacées au moment où ils en ont le plus besoin. Comment plaidez-vous en faveur des réfugiés?

Outre la collecte de fonds, j’ai utilisé les réseaux sociaux pour sensibiliser les gens à la situation au Tigré et au sort de sa population qui cherche asile au Soudan.

Le Canada aide depuis longtemps les réfugiés. Selon vous, pourquoi est-il important de faire passer les questions relatives aux réfugiés au premier plan des discussions, que ce soit au Canada ou au niveau international?

Les réfugiés comptent parmi les personnes les plus vulnérables au monde. Depuis que le Canada a signé la Convention relative au statut des réfugiés, le pays s’est engagé à contribuer à leur protection. Depuis 1980, un million de réfugiés se sont installés au Canada. Ces réfugiés ont ainsi pu trouver un logement permanent et mettre leurs talents au service de la société canadienne. Depuis que le Canada s’est engagé à aider les réfugiés, il est peu à peu devenu un véritable chef de file en matière de protection des réfugiés. Toutefois, la communauté internationale doit également faire sa part pour assurer la sécurité des populations qui n’est plus assurée par leur propre gouvernement, que ce soit par manque de capacité ou par manque de volonté.

Cette année, le HCR célèbre son 70ème anniversaire. Depuis 70 ans, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés vient en aide aux réfugiés et aux personnes déplacées. Mais en 2020, plus de 80 millions de personnes sont toujours déracinées dans le monde. Quelle est votre réaction lorsque vous entendez ces chiffres sur l’ampleur du problème des réfugiés?

Cela me brise le cœur de savoir que 80 millions de personnes sont encore déplacées dans le monde. Nous devons demander à la communauté internationale d’agir pour faire en sorte que les droits de ces personnes soient respectés.

« Je suis reconnaissante envers les organisations comme le HCR qui sont non seulement sur place, mais aussi en mesure d’aider les personnes les plus vulnérables dans le monde. »

J’espère qu’un jour nous pourrons éradiquer la violence et la pauvreté dans le monde et garantir les droits fondamentaux de tous, quelle que soit leur classe sociale ou leur origine ethnique. Il incombe aux gouvernements de défendre les droits fondamentaux de l’ensemble de leurs citoyens. Ces personnes résilientes parcourent de longues distances à pied et sous un soleil de plomb ou embarquent dans un bateau avec leurs enfants parce que la mer offre des conditions plus sûres que la terre. Je suis reconnaissante envers les organisations comme le HCR qui sont non seulement sur place, mais aussi en mesure d’aider les personnes les plus vulnérables dans le monde.

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