Un enfant vêtu d'une robe aux couleurs vives porte deux jerrycans avec un dos courbé et une corde sur le dessus de sa tête, rembourrée par une sandale. À l'arrière-plan, on voit plusieurs abris dont le logo du HCR est affiché sur les bâches qui les entourent. L'environnement est boueux, sans verdure et le ciel est nuageux.

Le manque d’eau salubre et de savon représente un défi pour les actions de prévention de la variole simienne dans les sites pour personnes déplacées comme celui-ci dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. © HCR/Blaise Sanyila

Une explosion récente des cas de mpox en Afrique a suscité des inquiétudes quant à ses conséquences potentiellement dévastatrices sur les personnes déplacées de force qui vivent dans des camps surpeuplés. Découvrez comment le HCR travaille avec ses partenaires afin de contenir l’épidémie

Par le personnel du HCR


Vous avez peut-être entendu parler de variole simienne (mpox) dans les médias, surtout depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a déclarée le mois dernier, mais de quoi s’agit-il exactement et quelles sont les conséquences pour les réfugiés et autres personnes déplacées ? Nous nous sommes entretenus avec le Dr Allen Maina, responsable de la santé publique au HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour en savoir plus.


Qu’est-ce que la mpox et comment se propage-t-elle ?

La variole simienne (anciennement connue sous le nom de variole du singe), est une maladie infectieuse causée par le virus de la variole simienne. Elle peut provoquer une éruption cutanée douloureuse, une hypertrophie des ganglions lymphatiques et de la fièvre. Avec un traitement approprié, les gens peuvent guérir complètement mais sans soins appropriés, ils peuvent tomber gravement malade, voire mourir de la maladie.

N’importe qui peut attraper la mpox. Elle se propage par contact étroit, sexuel ou non, avec une personne infectée, par contact avec des animaux infectés ou en touchant des articles contaminés, comme des vêtements ou de la literie. La variole simienne peut aussi se transmettre d’une mère enceinte à son bébé pendant la grossesse ou l’accouchement. Elle peut être particulièrement grave chez les enfants, les personnes immunodéprimés et les femmes enceintes.

Où les cas de mpox sont-ils les plus nombreux ?

Entre le début de l’année et le 1er septembre, plus de 20 000 cas de variole simienne ont été signalés dans 14 pays d’Afrique. La grande majorité (environ 19 000) se trouvent en République démocratique du Congo (RDC), où, malheureusement, quelque 600 personnes seraient mortes de la maladie.

Nous constatons aussi une augmentation des cas dans les pays voisins comme le Burundi, la République du Congo et le Rwanda.

Afrique : cas confirmés de mpox et personnes déplacées de force (2024)

Carte des cas confirmés de variole en Afrique et localisation des personnes déplacées de force.

Sources des données : Organisation mondiale de la santé – Épidémie de mpox 2022-24 : Tendances mondiales (au 1er septembre 2024), HCR. © HCR

Pourquoi le HCR s’inquiète-t-il de la mpox ?

La RDC et les pays voisins abritent des millions de personnes qui ont été contraintes de fuir leur foyer à cause d’un conflit, d’une catastrophe naturelle ou de l’instabilité.

Comme je l’ai déjà mentionné, n’importe qui peut contracter ou transmettre la variole simienne, qu’il soit déplacé ou non. Toutefois, dans les camps de réfugiés et les contextes de déplacement, les personnes vivent souvent dans des environnements surpeuplés, avec un accès limité à des produits de première nécessité tels que du savon, de l’eau salubre ou de la literie. Dès lors, il est difficile d’appliquer des mesures de prévention, comme le lavage des mains. L’accès à des soins de santé est aussi un défi. Nous commençons à voir quelques cas de suspicion de variole simienne parmi les populations réfugiées de ces pays.

Une personne tient une béquille et un seau d'eau alors qu'elle est assise à un robinet d'eau. Le robinet est installé sur une plate-forme en béton et l'eau est recueillie dans un seau bleu. Le robinet lui-même est argenté et constitué d'un fin tuyau. L'arrière-plan est rempli de vêtements suspendus à des cordes et d'abris dont les bâches arborent le logo du HCR.

Adolphe Mbabangaka, 68 ans, va chercher de l’eau à un robinet communal sur le site de Rusayo pour les déplacés internes dans le Nord-Kivu. ©HCR/Blaise Sanyila

Mes collègues de RDC ont parlé à des personnes déplacées qui pensent avoir la variole simienne. Comme il n’y a pas assez de place dans les abris pour qu’elles s’isolent, elles doivent dormir dehors. Elles veulent protéger leur famille et leurs amis, mais c’est un vrai problème en l’absence de ressources adéquates. En outre, les rations alimentaires limitées affaiblissent les personnes, réduisant leur capacité à lutter contre la maladie. Dans ces circonstances, la variole simienne représente un risque important.

Que fait le HCR pour aider à empêcher la propagation de la mpox parmi les réfugiés et les personnes déplacées ?

Contenir l’épidémie de variole simienne le plus vite possible est un enjeu qui nous concerne tous. Le HCR s’engage à aider les pays et les communautés à protéger les personnes déplacées, notamment en veillant à ce qu’elles aient accès à la prévention et au traitement. Nous devons travailler ensemble pour que les réfugiés et les personnes déplacées disposent d’articles d’hygiène essentiels, d’installations sanitaires et de nourriture en quantité suffisante, ainsi que d’informations précises et accessibles sur la mpox dans leur propre langue. Plus d’abris sont aussi nécessaires pour permettre un isolement adéquat.

Nous fournissons autant de savon, d’eau salubre et d’installations de lavage des mains que possible. Nous équipons également les établissements de santé pour assurer des soins cliniques sûrs et efficaces aux patients et au personnel de santé, et nous renforçons la surveillance. Nous formons les volontaires de santé réfugiés à lutter contre la stigmatisation et à sensibiliser les communautés déplacées et d’accueil aux modes de propagation de la variole simienne et à la manière de l’éviter. Mais soyons clairs, dans beaucoup d’endroits, nos équipes travaillent avec des ressources désespérément maigres, où les systèmes de santé sont fragiles et où les besoins ne cessent de s’accroître à mesure que l’épidémie se poursuit.

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Un membre du personnel du HCR parle à une femme déplacée dans le cadre d'une enquête dans le camp de Rusayo, dans le Nord-Kivu, visant à évaluer les conditions et à prévenir la propagation de la variole simienne. ©HCR/Blaise Sanyila
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Des réfugiés retournant en République centrafricaine en provenance de la République démocratique du Congo se font mesurer la température corporelle. ©HCR/Stella Fatime

Au niveau national, nous plaidons auprès des gouvernements pour qu’ils incluent les réfugiés dans leurs plans de préparation et nous travaillons main dans la main avec l’OMS et ses partenaires afin de soutenir les réponses nationales à la mpox. À mesure que les vaccins seront disponibles pour les personnes les plus exposées au risque d’infection, nous continuerons à plaider pour l’inclusion des réfugiés et des personnes déplacées dans les programmes de vaccination.

Mais des décennies de conflit et un financement insuffisant en RDC ont eu de lourdes conséquences sur les activités de santé et contraint le HCR et ses partenaires à faire des choix difficiles. Nous avons besoin de plus de financement pour intensifier les interventions essentielles, mais nous avons aussi besoin que la paix règne dans les zones de conflit, pour que l’aide humanitaire puissent parvenir à ceux qui en ont besoin et que les personnes puissent avoir accès au dépistage et au traitement sans risquer leur vie.

Publie par le HCR, le 6 septembre 2024.

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