Rangées d’abris familiaux dans le site de Malakal où Jokino Othong Odok vit depuis 2013, à quelques kilomètres à peine de son ancienne maison. © HCR/Charlotte Hallqvist

Face à un conflit qui se prolonge et à une situation de crise alimentée notamment par le changement climatique, les Sud-Soudanais déplacés à l’intérieur et à l’extérieur du pays lancent un appel pour mettre un terme au conflit.

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Sawibu Rashidi a fui le Soudan du Sud en 2016 et vit dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo où il est imam et représentant de la communauté des réfugiés. © HCR/Joel Z Smith
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Une embarcation emmène les personnes fuyant les combats dans l’État du Haut-Nil, au Soudan du Sud, jusqu’au site de protection des civils de Malakal. En raison des graves inondations, pour beaucoup, le seul moyen de fuir est de passer par le Nil. © HCR/Charlotte Hallqvist
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Jokino Othong Odok vit sur le site de protection des civils de Malakal depuis dix ans. Il souhaite retourner chez lui dans la ville de Malakal mais explique qu’il n’y a pas de protection là-bas. © HCR/Charlotte Hallqvist
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Le site de protection des civils de Malakal est gravement surpeuplé, accueillant trois fois plus de personnes que le nombre prévu. Les nouveaux arrivants sont logés dans les écoles, ce qui empêche les nombreux enfants du site d’aller à l’école. © HCR/Charlotte Hallqvist

Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, au Soudan du Sud, les tensions ethniques reprennent de plus belle, avec de nouveaux déplacements internes dans huit des dix États du pays, provoqués par de graves inondations et la concurrence pour l’accès aux ressources.

Avant le début de ce qu’il appelle la « crise » en 2013, Jokino travaillait pour le diocèse catholique de Malakal. Il était au service de sa communauté en tant que membre d’une organisation religieuse. Il vit aujourd’hui à quelques kilomètres de son ancienne maison, et partage une petite chambre avec huit membres de sa famille dans le site de Malakal, dans l’État du Haut-Nil, au Soudan du Sud. Il s’agit d’un site pour déplacés protégé par les forces de maintien de la paix de l’ONU. Malgré la proximité de sa maison, il ne peut toujours pas rentrer chez lui car les tensions ethniques persistent.

« Nous en avons assez de vivre dans le site », déclare Jokino. « Nous avons nos maisons dans la ville de Malakal, que nous ne pouvons plus occuper parce que d’autres personnes le font. Et parce qu’il n’y a pas de protection pour nous là-bas », ajoute-t-il. « Nous voulons vivre librement comme tous les citoyens du monde. »

Dans l’État du Haut-Nil, un nouveau conflit a éclaté, ce qui a entraîné l’arrivée d’un nombre croissant de personnes sur le site, qui est déjà fortement surpeuplé. En raison des contraintes d’espace, les nouveaux arrivants sont obligés de s’installer dans les écoles, ce qui entraîne une suspension des cours pour les enfants du site. C’est l’un des nombreux problèmes auxquels les résidents doivent faire face.

« Pourquoi nos enfants doivent-ils être traités différemment ? », demande Jokino. « Mon espoir est que la paix et la sécurité reviennent, afin que nous puissions vivre librement, que nos enfants aient accès à l’éducation et qu’ils puissent vivre comme tous les autres enfants du monde. »

« Nous voulons vraiment aimer ce pays. »

De part et d’autre de la frontière, Jokino et Sawibu expriment des attentes similaires pour l’avenir. Ils parlent d’éducation, de moyens de subsistance et de leur désir de mettre à profit les compétences qu’ils ont acquises pour aider leurs communautés et construire leur pays. Sawibu explique que même « les membres de notre communauté qui ont fait des études ont du mal à trouver du travail », brossant ainsi le tableau d’une génération entière dont l’avenir est hypothéqué par le conflit. « S’il y avait la paix et pas la guerre, nous pourrions rentrer [chez nous] et utiliser nos compétences pour faire avancer notre pays. »

Jokino est du même avis : « Nous vivons de ce que l’on nous donne, de la bonne volonté des autres… mais un être humain qui a l’ambition de vivre une vie meilleure ne souhaite pas vivre comme ça. »

Le 21 février, le HCR ainsi que 108 partenaires, parmi lesquels des organisations humanitaires, des acteurs du développement et de la société civile, ont lancé le Plan de réponse régional 2023 en faveur des réfugiés du Soudan du Sud, sollicitant 1,3 milliard de dollars pour fournir une assistance et une protection vitales à plus de 2,2 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile sud-soudanais vivant en RDC, en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda et au Soudan. Cet appel vise à soutenir les pays voisins qui accueillent des réfugiés sud-soudanais et vient compléter le Plan de réponse humanitaire 2023 qui vise à répondre aux besoins humanitaires à l’intérieur du Soudan du Sud.

Par-dessus tout, les deux hommes espèrent que la paix reviendra dans leur pays. « J’ai besoin d’un Soudan du Sud en paix, où chaque Sud-Soudanais peut profiter de la vie, afin que nous n’ayons pas à haïr notre pays », conclut Sawibu. « Nous voulons vraiment aimer ce pays. »

Publie par le HCR, le 16 mars 2023.

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