Un homme construit un toit avec des feuilles de palmier.

Paul Ouaki, 28 ans et réfugié centrafricain, utilise des feuilles de palmier pour construire le toit de son abri à Zongo, en République démocratique du Congo. © HCR/Adrienne Surprenant

Moins d’un an après leur retour en République centrafricaine suite à une première période de vie en exil, Paul et sa famille ont de nouveau été forcés à fuir pour chercher refuge en République démocratique du Congo, lors de la toute dernière vague de violences.

Par Adrienne Surprenant à Zongo en République démocratique du Congo 


Le 13 janvier dernier, c’est le bruit des tirs qui a réveillé Paul, alors que les rebelles entraient à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA). Il savait que peu après, ils arriveraient dans son quartier.


« Ce n’était pas la première fois », a déclaré Paul, 28 ans, qui avait compris qu’il serait contraint de fuir à nouveau la RCA.

Paul a aujourd’hui rejoint des milliers de personnes à Zongo, une ville située de l’autre côté de la rivière qui sépare Bangui de la République démocratique du Congo (RDC).

L’insécurité et les violences ont éclaté en RCA après les élections présidentielles et législatives en décembre dernier, poussant près de 250 000 personnes à fuir. La plupart des réfugiés, au nombre d’environ 92 000 selon les autorités locales, se trouvent désormais en RDC. D’autres ont fui vers les pays voisins, le Cameroun, le Tchad et le Congo, tandis que plus de 132 000 personnes sont déplacées internes en RCA.

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Paul est assis avec sa famille alors que Pascaline prépare un repas sur un feu devant leur abri. © HCR/Adrienne Surprenant
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Pascaline lave le visage de son jeune fils tôt le matin, peu après son réveil. © HCR/Adrienne Surprenant
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Pascaline et ses enfants sortent de leur abri le matin. © HCR/Adrienne Surprenant

La première fois que Paul et sa famille ont été contraints de fuir, c’était en 2014, un an après que les rebelles aient chassé le président François Bozizé, ce qui a déclenché des attaques de représailles et des années de violence brutale à travers toute la RCA.

Paul avait alors rejoint des centaines de milliers d’autres personnes qui avaient fui leur foyer. Il avait traversé la rivière Ubangui le long de la frontière entre la RCA et la RDC. Il a été témoin de chavirements de bateaux surchargés avant que les passagers n’atteignent la sécurité sur l’autre rive.

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« J’ai vu des gens mourir dans l’eau », a-t-il déclaré.

Paul a trouvé la sécurité en RDC et y a passé six ans en tant que réfugié à Mole, un camp situé au nord. En février 2020, il a décidé de rentrer chez lui avec sa famille avec le soutien du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, dans le cadre d’un programme de rapatriement librement consenti. Paul a traversé la même rivière – cette fois-ci dans le calme et en toute sécurité – pour rentrer en RCA.

« J’ai vu des gens mourir devant moi. »

Pendant un an, Paul et sa femme, Pascaline, ont subvenu aux besoins de leurs quatre enfants grâce à la production et à la vente de vin de palme traditionnel. Lorsque les violences ont atteint la capitale cette nuit de janvier, il a eu peur.

« J’ai vu des gens mourir devant moi. Certains étaient mes amis », a déclaré Paul.

Pour Paul, fuir signifiait retourner à une vie de peur. Pendant quelques nuits, la famille a dormi à la belle étoile. Paul avait peur que ses enfants ne tombent malades. Ils avaient constamment faim, mais le bruit des tirs de l’autre côté de la rivière empêchait Paul de rentrer pour aller chercher des vivres dans les champs qu’ils avaient laissés derrière eux.

« Ces armes ont toujours un impact sur la population », dit-il en fixant une marmite vide alors que de minces rayons de lumière percent le toit de son abri fait de feuilles de palmier sèches. « Regardez comment on dort avec nos enfants, sur le plancher. »

Le HCR travaille avec le gouvernement et ses partenaires pour relocaliser des milliers de réfugiés vers des sites plus sûrs et mieux équipés, loin de la frontière. Le premier site, qui peut accueillir jusqu’à 10 000 réfugiés dans le village de Modale, près de Yakoma dans la province du Nord-Ubangi, est déjà en construction. Un site similaire près de Zongo est en cours d’identification.

« Quand les gens arrivent ici, ils n’ont pas d’abri et ne sont pas loin de la rivière. Il fait très froid », a déclaré Tiaani Kawa, employé du HCR chargé de la gestion de l’information à Zongo. « Nous enregistrons environ 1000 personnes par jour, puis nous leur donnons des couvertures et d’autres articles de secours comme des moustiquaires et des nattes pour dormir. La situation ici est extrêmement précaire. »

Le HCR prend également des mesures pour lutter contre la propagation du Covid-19. L’organisation distribue du savon et des seaux aux réfugiés le long de la frontière, car la santé et une bonne hygiène sont essentielles. Le 8 mars, le HCR et le gouvernement de la RDC avaient déjà enregistré près de 50 000 réfugiés nouvellement arrivés en RDC depuis le mois de janvier.

Paul aide d’autres réfugiés à construire des abris et à chercher du bois afin de gagner un peu d’argent pour acheter de la nourriture.

« Ce dont je suis persuadé, c’est que la paix doit revenir, car s’il n’y a pas de paix, il n’y a aucune chance que nous retournions dans notre village. »

Publié par le HCR, le 12 mars 2021.

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