Une famille pose devant une maison.

José Soto et María Jose Mercado ont eu du mal à gagner leur vie en Equateur en raison de leur statut irrégulier. © HCR/Jaime Giménez


Des programmes de régularisation de grande ampleur en Colombie et en Équateur constituent une bouée de sauvetage pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens qui aspirent à devenir autonomes.

Par Jaime Giménez à Ibarra en Equateur et Ángela Méndez Triviño à Barranquilla en Colombie 


Dans la petite maison où María Jose Mercado et José Soto vivent avec leurs trois enfants dans la ville frontalière équatorienne d’Ibarra, la frontière entre le travail et la vie de famille est floue.


Le couple vénézuélien a quitté son pays il y a deux ans, en raison de pénuries de nourriture et de médicaments et d’une crise de plus en plus grave aux niveaux politique, économique et des droits humains. Aujourd’hui, Maria et José ont transformé leur logement loué en un espace de travail où la mère, le père et parfois même les enfants contribuent à faire vivre la famille.

José, qui travaillait en tant qu’artiste dans son pays, peint sur des toiles que María José construit et tend, tandis que les enfants du couple, âgés de 11, 6 et 5 ans, donnent parfois quelques coups de pinceau. La famille vend les produits finis sur les marchés locaux, mais leur situation irrégulière les a empêchés de développer leur activité.

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« La régularisation est vitale pour nous, afin de trouver la stabilité et le calme », a déclaré María José, 28 ans, ajoutant que, sans cette étape administrative, ils sont dans l’incapacité d’obtenir le numéro d’identification fiscale dont ils auraient besoin pour vendre leurs peintures à des magasins. « Cela aiderait aussi mes enfants. Ils sont à l’école, mais ils ont besoin d’une pièce d’identité pour obtenir leurs diplômes. »

Les rêves de régularisation de María José sont toutefois sur le point de se réaliser. L’Équateur a récemment annoncé un plan visant à régulariser près de 50% des 430 000 réfugiés et migrants vénézuéliens présents dans le pays, selon une estimation de la plateforme interagences d’aide aux réfugiés et migrants vénézuéliens. Ce plan permettra non seulement de lever les obstacles pratiques à l’accès aux services essentiels tels que les soins de santé et l’éducation, qui sont déjà accordés quel que soit le statut, mais aussi de lever les obstacles aux activités commerciales et d’ouvrir la voie à une inclusion complète.

En Colombie voisine, un processus similaire récemment lancé permettra d’accorder le statut de protection temporaire à une grande partie des 1,7 million de Vénézuéliens présents dans le pays.

« Sans les documents appropriés, nous sommes rejetés. »

Pour Yohana Bracamonte, une mère de cinq enfants âgée de 37 ans et arrivée avec sa famille dans la ville colombienne de Barranquilla il y a près de cinq ans, le statut de protection temporaire signifiera que ses enfants, qui n’ont pas été scolarisés depuis qu’ils ont quitté le Venezuela, pourront recevoir l’éducation dont ils ont besoin pour se construire un avenir meilleur. Elle espère également qu’il lui permettra de soulager ses douleurs chroniques. Yohana souffre de kystes ovariens qui nécessitent une intervention chirurgicale qu’elle n’a pas pu obtenir sans les documents appropriés.

« Il est très important de régulariser notre séjour en Colombie, car nous n’avons accès à rien sans cela…. soins médicaux, éducation, emploi… », a déclaré Yohana. Elle ne peut pas travailler légalement et arrondit donc ses fins de mois en fouillant les poubelles à la recherche de produits recyclables qu’elle vend. « Sans les documents appropriés, nous sommes rejetés. »

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José Soto supervise son fils aîné qui peint l’une des toiles que la famille vend pour gagner sa vie. © HCR/Jaime Giménez
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María José Mercado tend l’une des toiles que son mari s’apprête à peindre. © HCR/Jaime Giménez
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María José Mercado aide l’un de ses fils à faire ses devoirs. L’obtention d’un statut régulier aidera ses enfants à terminer leur scolarité en Équateur. © HCR/Jaime Giménez
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José Soto peint dans son atelier à Ibarra, en Équateur. Il travaillait en tant qu’artiste dans son pays, le Venezuela. © HCR/Jaime Giménez
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Le chef du HCR Filippo Grandi rencontre des enfants dans un centre local d’intégration à Barranquilla, une ville colombienne. © HCR/Santiago Escobar-Jaramillo

Lors d’un récent voyage dans la région qui comprenait des visites au Panama, en Colombie et en Equateur, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a loué les efforts de régularisation des déplacés vénézuéliens, déclarant que « malgré la pandémie et de nombreux autres défis, nous avons vu des étapes positives vers l’inclusion et la recherche de solutions. »

Lors d’un événement dans la capitale colombienne, Bogotá, à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié le 20 juin, Filippo Grandi a décrit la décision du gouvernement de mettre en œuvre le statut de protection temporaire comme étant « visionnaire, un exemple d’humanité et de pragmatisme. » Filippo Grandi a également salué des efforts similaires en Équateur, au Pérou et en République dominicaine.

« Grâce à la régularisation, l’accès aux droits fondamentaux est garanti », a-t-il déclaré. « Ces différentes initiatives, qui ensemble pourraient bénéficier à près de 3 millions de Vénézuéliens, devraient servir de modèle en matière de solidarité et d’inclusion des réfugiés au niveau mondial. »

Filippo Grandi a souligné que la régularisation apporte des avantages non seulement aux personnes déplacées elles-mêmes, mais aussi aux communautés d’accueil au sein desquelles elles sont venues chercher la sécurité.

« Nous apportons nos connaissances avec nous », a déclaré María José, la mère vénézuélienne d’Ibarra, ajoutant qu’au Venezuela, elle avait travaillé en tant qu’enseignante dans une école primaire et qu’elle « aimerait contribuer en retour » au bénéfice de sa communauté d’accueil en travaillant dans son domaine.

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Son mari s’est fait l’écho de ses sentiments.

« Nous apportons notre expérience professionnelle à l’Équateur et nous acquérons également de nouvelles compétences liées au pays », a déclaré José, dont l’entreprise de peinture a bénéficié d’un appui dans le cadre d’un programme mis en œuvre par le HCR et son partenaire HIAS, qui fournit aux entrepreneurs en herbe un capital de départ et une formation sur l’aspect commercial.

« Si nous pouvons un jour retourner dans notre pays, le Venezuela, nous emporterons avec nous ce que nous avons appris ici. »

Publié par le HCR, le 23 juin 2021.

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