LESVOS, Grèce, 30 décembre (HCR)—Cette année, plus d’un million de réfugiés et de migrants ont fui vers l’Europe par la mer, la plupart à bord d’embarcations de fortune conduites par des passeurs. Ces chiffres ont été récemment publiés par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Les derniers chiffres du HCR révèlent qu’en 2015 pas moins de 1 000 573 personnes ont franchi la Méditerranée pour atteindre l’Europe, essentiellement la Grèce et l’Italie. Parmi elles, 3 735 sont portées disparues, probablement noyées.
Ce cap symbolique, atteint le 29 décembre, indique également que 84 % des personnes arrivées en Europe arrivent des dix principaux pays sources de réfugiés dans le monde, ce qui renforce la conviction du HCR que la plupart des personnes qui arrivent en Europe fuient la guerre et la persécution.
« Comment se fait-il qu’un million de personnes doivent emprunter des bateaux de passeurs pour entrer en Europe ? L’ampleur de ces traversées maritimes, le fait que les personnes continuent d’arriver quotidiennement par milliers sur les îles égéennes et que près de 4 000 personnes en soient mortes en 2015 posent vraiment question », a déclaré le porte-parole du HCR, Adrian Edwards.
« Il existe de nombreux moyens réguliers, sûrs et légaux de gérer cette situation. Il faut les étudier sérieusement », a-t il ajouté. Le HCR a fortement engagé les personnes et les gouvernements à intensifier leurs efforts pour faciliter les voies d’entrée légale en Europe.
En plus des traversées maritimes, les chiffres récents estiment également à 34 000 le nombre de personnes ayant franchi la frontière turque avec la Bulgarie et la Grèce par voie terrestre.
Le nombre actuel de personnes déplacées à cause des guerres et des conflits représente le chiffre le plus élevé atteint en Europe occidentale et centrale depuis les crises des Balkans des années 1990, lors de l’éclatement de plusieurs conflits en ex Yougoslavie.
Une personne sur deux ayant traversé la Méditerranée cette année est un Syrien fuyant la guerre dans son pays, soit 500 000 personnes. Vingt pour cent sont des Afghans et 7 % des Irakiens.
« Alors que les sentiments xénophobes s’intensifient dans certains milieux, il est important de reconnaître les contributions positives apportées par les réfugiés et les migrants aux sociétés dans lesquelles ils vivent, et de saluer également les valeurs fondamentales de l’Europe : protéger la vie, respecter les droits de l’homme et encourager la tolérance et la diversité », a affirmé le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres.
Cette année, plus de 800 000 réfugiés et migrants en provenance de Turquie ont rejoint la Grèce par la mer Égée, soit 80 % des arrivées maritimes irrégulières vers l’Europe. Dans le même temps, le nombre de personnes ayant traversé la mer entre l’Afrique du Nord et l’Italie a légèrement diminué, passant de 170 000 en 2014 à environ 150 000 en 2015.
Le nombre de personnes traversant la Méditerranée a connu une augmentation constante, passant d’environ 5 500 en janvier à un pic mensuel de plus de 221 000 en octobre.
Après une réaction initiale chaotique qui a conduit des dizaines de milliers de personnes à quitter la Grèce pour traverser les Balkans occidentaux en direction du nord, et qui se sont trouvées bloquées à différentes frontières, une réponse européenne plus coordonnée prend forme.
Le HCR a lancé une opération d’urgence pour soutenir et renforcer les efforts européens. Du personnel (plus de 600 employés) et des moyens d’urgence ont été déployés sur vingt sites différents afin d’y apporter aide et assistance vitales. Le rôle des équipes est aussi de défendre les droits de la personne et l’accès à l’asile, notamment pour les réfugiés ayant des besoins spécifiques comme les enfants seuls et les femmes chefs de famille.
Il reste cependant beaucoup à faire pour renforcer les capacités d’accueil nécessaires aux points d’entrée. Il s’agit d’assurer de manière humaine et efficace l’hébergement, l’assistance, l’enregistrement et l’examen des personnes qui arrivent chaque jour, d’identifier celles ayant besoin de protection, celles qui devraient être relocalisées dans d’autres pays au sein de l’Union européenne et celles qui ne remplissent pas les critères pour bénéficier de la protection en tant que réfugiés et pour lesquelles des mécanismes de retour, efficaces et dignes, doivent être mis en place.
Dans le même temps, le HCR demande toujours que soient mis en place des moyens permanents et sûrs permettant aux réfugiés d’être en sécurité : des programmes humanitaires supplémentaires de réinstallation et d’admission, des mécanismes de visa plus souples, de nouveaux programmes de parrainage privé et d’autres mesures.
Par Hereward Holland, Lesvos, Grèce