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Les fortes pluies de mousson de juillet et août ont provoqué des inondations et des glissements de terrain dans les camps de réfugiés rohingyas à Cox Bazar, au Bangladesh.
© HCR/Amos Halder

La pandémie mondiale, les inondations et les incendies ne sont que quelques-unes des difficultés auxquelles ont fait face les réfugiés rohingyas au cours de l’année écoulée.

Par Iffath Yeasmine à Cox Bazar


Quatre ans après avoir fui le Myanmar pour se réfugier au Bangladesh, les réfugiés rohingyas viennent peut-être de passer l’année la plus difficile de leur histoire.


La vie dans les camps surpeuplés qui abritent plus de 880 000 réfugiés rohingyas était déjà difficile, mais la pandémie de Covid19 a apporté de nouvelles difficultés : limitation des déplacements, fermeture des centres d’apprentissage et réduction de l’assistance fournie par les organisations humanitaires.

Puis est survenu en mars un violent incendie qui a réduit en cendres près de 10 000 abris et tué 11 réfugiés. Cet incendie a été suivi d’une mousson particulièrement humide qui a apporté plus de 700 mm de pluie en une seule semaine entre le 27 juillet et le 3 août. Plus de 400 villages ont été inondés et de nombreux abris emportés. Les inondations et glissements de terrain occasionnés ont coûté la vie à vingt personnes, dont 10 réfugiés. Environ 24 000 réfugiés ont été contraints d’abandonner leurs habitations et leurs biens.

« Nous avons toujours peur des maladies et des incendies. »

« Puisque nous vivons dans la promiscuité, nous avons toujours peur des maladies, des incendies et des inondations », déclare Asmida, 33 ans, l’une des plus de 7 000 réfugiés volontaires formés par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires pour répondre aux urgences telles que les incendies et les inondations.

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Pendant la mousson, elle a aidé des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées de son voisinage à se mettre à l’abri. Elle et d’autres volontaires ont également travaillé sans relâche pour aider à organiser et à coordonner le travail de déblaiement des coulées de boue et de réparation des abris, des routes et des ponts.

Les volontaires réfugiés rohingyas comme Asmida, ainsi que les travailleurs bangladais des communautés voisines du district de Cox Bazar, constituent l’épine dorsale dans la fourniture de services humanitaires dans les camps, en particulier au cours des 18 derniers mois, période durant laquelle les restrictions liées au Covid-19 ont réduit la présence des travailleurs humanitaires. Ils savent où se trouvent les personnes les plus vulnérables de leurs communautés, susceptibles d’avoir besoin d’aide en cas d’urgence. Ils gardent également un œil sur les zones les plus exposées aux inondations dans les camps lorsque les pluies sont particulièrement fortes.

Mohammad Aiyaz, un autre volontaire, surveillait l’une de ces zones le mois dernier lorsqu’il a entendu des enfants crier.

« Nous avons vu qu’un garçon se noyait dans le canal », se souvient-il. « Je me suis approché de lui et lui ai lancé un sac de sauvetage. Il l’a attrapé et nous l’avons tiré en sécurité jusqu’à la rive et l’avons remis à ses parents. »

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Onze personnes ont été tuées et plus de 9 500 abris détruits par un énorme incendie qui s’est déclaré dans l’un des camps en mars. © HCR/Iffath Yeasmine
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Des réfugiés volontaires ont travaillé jour et nuit sous une pluie battante pour secourir les réfugiés bloqués par de graves inondations dans les camps. © HCR/BDRCS
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Des réfugiés volontaires rohingyas travaillent à la reconstruction d’un pont en bambou détruit par les inondations. © HCR/Amos Halder
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Humayun Kabir, un agent de santé communautaire bangladais, aide les réfugiés rohingyas qui attendent de recevoir leur premier vaccin Covid-19. © HCR/Amos Halder

En plus d’agir en première ligne dans les situations d’urgence, les réfugiés volontaires qui comptent parmi eux des agents de santé communautaires formés, ont joué un rôle vital de sensibilisation pendant la pandémie de Covid-19 : diffusion des messages sur les moyens de prévention, l’identification des symptômes ou encore sur la localisation des lieux de dépistage et de traitement.

Récemment, ils ont aidé à préparer le terrain pour le déploiement des vaccins contre le Covid-19, suite à la décision du gouvernement bangladais de commencer à vacciner les réfugiés rohingyas les plus âgés.

Bangladais, Humayun Kabir supervise l’un des groupes d’agents de santé communautaires rohingyas qui œuvrent pour s’assurer que le plus grand nombre possible de réfugiés âgés acceptent de se faire vacciner.

« Au début, il y avait une certaine peur et une confusion à propos du vaccin », se souvient-il. « Nous avons réussi à les aider à surmonter cela grâce à des messages, des dépliants et des vidéos. »

La première phase de vaccinations a débuté le 10 août. Plus de 34 000 réfugiés âgés de 55 ans et plus ont déjà reçu leur première dose. Parmi eux, Nour Islam, 59 ans. « Au cours de ma vie de plus de 50 ans au Myanmar, je n’ai jamais été vacciné », déclare-t-il. « Après notre arrivée au Bangladesh, nous avons reçu nos premières doses. Nous sommes six membres dans la famille, mais je suis le seul à avoir été vacciné jusqu’à présent. »

Pour les personnes handicapées ou trop fragiles pour se déplacer vers l’un des 56 centres de vaccination, les volontaires les transportent depuis leurs abris en les portant ou en utilisant des brancards de fabrication artisanale.

« Si les Rohingyas ne sont pas en sécurité, les Bangladais ne le sont pas non plus », souligne Humayun Kabir. « C’est pourquoi la vaccination pour tous est cruciale. »

La deuxième phase de vaccination, qui devrait débuter dans les prochains mois et toucher un plus grand nombre de réfugiés rohingyas, permet d’espérer que les restrictions dans les camps seront finalement assouplies. Mais les catastrophes naturelles et le manque d’espace et d’abris durables restent des préoccupations pour les réfugiés qui entrent dans leur cinquième année de déplacement.

« En arrivant ici, nous pensions pouvoir retourner chez nous au bout d’un an ou deux », déclare Nour Islam. « Quatre années se sont écoulées. Les jeunes se marient et fondent des familles, mais nous n’avons pas assez d’espace pour tous les membres de la famille. »

« Je veux que nos enfants soient à l’abri des glissements de terrain et des inondations »

Asmida s’inquiète pour la sécurité et pour l’avenir de ses enfants.

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« Je veux que nos enfants soient à l’abri des glissements de terrain et des noyades », déclare-t-elle. « Je veux qu’ils retournent dans les centres d’apprentissage pour être instruits et rencontrer d’autres enfants. Cela leur permettra aussi d’être occupés et en sécurité. »

A mesure que le temps passe, les besoins des centaines de milliers de réfugiés rohingyas vivant dans 34 camps ne cessent de croître. Pour l’instant, l’aide humanitaire reste leur seule bouée de sauvetage.

« Donner aux réfugiés rohingyas davantage de possibilités de développer des compétences et d’être productifs contribuera à la paix et à la stabilité dans les camps et permettra de mieux les préparer au retour », souligne Ita Schuette, cheffe du bureau du HCR à Cox Bazar.  « Nous devons concentrer nos efforts pour leur offrir des possibilités de servir à quelque chose, mais aussi pour continuer à rêver d’un avenir meilleur. »

Elle appelle la communauté internationale ainsi que le gouvernement bangladais et les communautés locales à maintenir leur soutien aux réfugiés rohingyas.

« Nous avons la responsabilité de ne pas permettre que cette crise devienne une crise oubliée. »

Publié par la HCR, le 03 septembre 2021

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