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Les anneaux olympiques vus depuis le parc marin d’Odaiba à Tokyo.
© HCR/Ko Sasaki


Depuis des étudiants du Japon tout entier jusqu’aux réfugiés vivant dans des camps d’Afrique de l’Est, l’équipe olympique d’athlètes réfugiés a reçu un déferlement d’encouragements en dépit de l’absence de public dans les gradins du stade de Tokyo.

Par Malcolm Foster à Tokyo


Des étudiants japonais résidents d’une ville dévastée par le tsunami de 2011 ont plié et envoyé 1000 grues en origami — symbole traditionnel d’espoir et d’encouragement — à l’athlète olympique Rose Nathike Lokonyen, l’un des nombreux élans de soutien massif à l’équipe olympique d’athlètes réfugiés participant aux Jeux de Tokyo.


« On voulait vraiment l’encourager et même si on ne peut pas communiquer avec elle dans sa langue, on s’est dit qu’en fabriquant ces 1000 grues en papier, elle comprendrait notre intention », raconte Honomi, 14 ans étudiante de troisième année au collège Takata Daiichi à Rikuzen-Takata, une ville en pleine reconstruction après le passage du tsunami il y a 10 ans.

Rose – qui courait le 800 mètres et compte parmi les 29 membres de l’équipe olympique d’athlètes réfugiés – avait visité le collège en 2019 où elle s’était entraînée à la course avec les étudiants. Elle leur avait également raconté sa vie de réfugiée après avoir fui la guerre au Soudan du Sud et son expérience d’adolescente au camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya.

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« Elle paraissait très forte », ajoute Shion, 15 ans.

« Avec chaque pliage, nos pensées allaient vers Rose. »

Certains de ces jeunes entendaient parler de l’expérience des réfugiés pour la première fois. En revanche, Honomi et Shion pouvaient toutes deux s’associer au vécu de Rose après la destruction de leurs maisons dans le tsunami de 2011 qui les a contraintes à vivre dans des logements temporaires, dépendantes de l’aide d’étrangers.

« En un instant, mon lieu de vie heureux avait été réduit à néant », se rappelle Shion.

Honomi se rappelle l’inquiétude qu’elle ressentait à l’époque où sa famille n’avait pas grand-chose pour survivre dans les premiers temps. « Mais grâce à l’aide que nous avons reçue de tant de gens, nous avons réussi à nous en sortir jusqu’ici », ajoute-t-elle.

Tous les étudiants de troisième année, une centaine environ, se sont réunis en petits groupes dans leurs classes pour plier les grues en papier avant de les assembler sur des cordelettes. Le projet a pris deux semaines au total. « Avec chaque pliage, nos pensées allaient vers Rose », explique Shion. « On pensait à elle en espérant que les grues sauraient l’encourager. »

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Des grues en origami pliées et assemblées en un présent pour l’athlète réfugiée Rose Nathike Lokonyen. © HCR/Ko Sasaki
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Les voeux de succès adressés à Rose avant le 800 mètres par les étudiants du collège Takata Daiichi à Rikuzen-Takata, Japon. © HCR/Ko Sasaki

Compte tenu de l’impossibilité d’assister physiquement aux Jeux par suite des mesures de lutte contre le Covid-19, les sympathisants du pays hôte et des pays du monde entier ont trouvé d’autres moyens de témoigner leur soutien aux athlètes réfugiés.

Au Japon, les étudiants de troisième cycle ont exprimé leur soutien aux athlètes réfugiés sur différents réseaux sociaux et en leur adressant des vidéos et des messages via le site Web « Fly-Your-Message » créé par une organisation de jeunesse étudiante, YouthxUNHCR for Refugees, qui a reçu plus de 350 messages.

Natsumi, une étudiante de 21 ans en troisième année à l’Université internationale Akita, a contribué à cette campagne et au soutien adressé aux athlètes réfugiés via Facebook, Instagram et Twitter.

Elle a suivi la couverture des Jeux à la télévision, encourageant des athlètes tels que la nageuse Yusra Mardini et les athlètes de taekwondo. (« Trop cool », s’exclame Natsumi.)

« L’équipe d’athlètes réfugiés peut être un catalyseur pour favoriser la sensibilisation du public. »

Selon Natsumi, la couverture mondiale donnée à ces athlètes au Japon comme dans le monde favorisera une meilleure prise de conscience de la situation des déracinés qui sont aujourd’hui plus de 82 millions à travers le monde.

« Nombre d’étudiants universitaires ne sont jamais exposés aux questions concernant les réfugiés », dit-elle. « C’est pourquoi je pense que l’équipe d’athlètes réfugiés peut être un catalyseur pour favoriser la sensibilisation du public. Des personnes comme moi peuvent ensuite prendre le relais en envoyant à ceux qui semblent intéressés des informations, telles que le profil d’un athlète réfugié, pour s’investir davantage. »

L’Université Waseda a soutenu les athlètes en assurant leur logement avant la tenue des Jeux et espère que ce geste contribuera à une meilleure sensibilisation sur le campus. L’université est fière de sa tradition de soutien aux réfugiés. Elle abrite également un monument à l’un de ses étudiants, le diplomate Chiune Sugihara, vice-consul du Japon en Lituanie, qui a sauvé la vie de milliers de juifs en leur délivrant des visas de transit pour le Japon pendant la seconde guerre mondiale.

« C’est pour nous un geste lourd de sens d’établir ce centre (d’entraînement) et d’offrir à nos étudiants la possibilité de s’interroger sur l’expérience des réfugiés », peut-on lire dans une déclaration de l’Université Waseda.

À Tokyo, le maire de la commune de Bunkyo – ville d’accueil des six membres de l’équipe paralympique d’athlètes réfugiés de l’IPC qui vont concourir dans les prochaines semaines – espère lui aussi que cet éclairage stimulera l’intérêt de ses administrés pour les réfugiés.

« Je voulais saisir l’occasion offerte par les Jeux olympiques et paralympiques pour transmettre à nos enfants l’importance de la question de la crise mondiale des réfugiés », a déclaré le maire de la commune, Hironobu Narisawa, lors d’une interview pour Mainichi, un journal à grande diffusion.

Compte tenu des précautions dues au Covid-19, les para athlètes ne sont pas physiquement hébergés dans la commune de Bunkyo qui tient néanmoins à les soutenir et prévoit pour ses administrés la tenue d’un atelier d’information sur la question des réfugiés ainsi qu’une réunion en ligne pour échanger avec les paraathlètes réfugiés.

« Voilà déjà quelque temps que je ressens la nécessité d’un mouvement d’encouragement pour les réfugiés », explique M. Narisawa. « Pas seulement pour les Jeux olympiques et paralympiques, car il me semble qu’il y a des enseignements plus vastes que nous devons transmettre en matière de paix et d’humanisme. »

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Regina Nakang Aloitho (à gauche) et sa tante Mary Natukoi Victor regardent les Jeux sur un téléphone portable au camp de refugiés de Kakuma au Kenya. © HCR/Loduye Ghaisen

Ailleurs dans le monde, des sympathisants soutenaient également les athlètes depuis les camps de réfugiés d’Afrique de l’Est où vivent plusieurs des membres de l’équipe d’athlètes réfugiés.

« Courage ! Courage ! Pour nous représenter, nous les réfugiés qui n’avons pas eu la chance de vous accompagner pour faire mieux connaître nos histoires », dit Nadège, une réfugiée burundaise depuis le camp de Mahama au Rwanda.

Au camp de Kakuma au Kenya, Anjelina Nadai Lohalith a été encouragée par sa tante pendant le 1500 mètres.

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« C’est un modèle pour nous, elle m’inspire énormément », déclare Mary Natukoj Victor. « Si j’étais plus jeune, j’adorerais être athlète. Je ne cesse d’encourager mes propres enfants à prendre modèle sur Anjelina… afin qu’ils puissent voyager et découvrir le monde comme elle l’a fait. »

« Ils savent que le monde entier est avec eux. »

L’équipe a également reçu le soutien public — via des interviews avec des athlètes réfugiés sur les réseaux sociaux ou l’envoi de messages — de multiples célébrités et athlètes olympiques de haut niveau, dont la nageuse Katie Ledecky, le sprinter André de Grassi et le plongeur Tom Daley.

« Ils se souviendront de cette aventure pour le reste de leur vie parce que maintenant, ils savent que le monde entier est avec eux », a déclaré Yiech Pur Biel, membre de l’équipe olympique d’athlètes réfugiés en 2016 qui représentait l’équipe à Tokyo. « Nous sommes si chanceux d’être soutenus comme nous le sommes, c’est ce qui a permis à cette équipe de se rtrouver là où elle est aujourd’hui. »

Publié par la HCR, le 07 août 2021

 

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