Deux femmes à gauche sont légèrement séparées du groupe de droite. Elles portent de longues robes culturelles colorées. Quatre femmes sur la droite, vêtues de vêtements culturels colorés, mettent des affaires dans un sac. Un jeune garçon se tient à leur droite et regarde à travers l'écran en tenant un sac jaune. Ils se tiennent sur une parcelle de terre et on peut voir des abris autour d'eux.

Halimatou Sadia (au centre), réfugiée centrafricaine, range ses affaires dans le camp de réfugiés de Timangolo au Cameroun avant de rentrer chez elle après 10 ans d’exil. © HCR/Insa Wawa Diatta

Avec l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines régions de la République centrafricaine, le HCR a déjà apporté son soutien à plus de 12 000 réfugiés désireux de rentrer chez eux depuis les pays voisins cette année

Par Lalla Sy dans le camp de réfugiés de Timangolo, au Cameroun


L’atmosphère est chargée en émotions dans le camp de réfugiés de Timangolo, dans l’est du Cameroun, alors que des réfugiés de la République centrafricaine (RCA) se préparent à rentrer au pays.


Halimatou Sadia, 40 ans, s’assure que les cheveux de sa fille sont bien tressés, que du henné est appliqué sur leurs mains et que ses garçons sont bien coiffés. Tous leurs bagages, y compris les articles ménagers, sont étiquetés et chargés dans un camion qui les attend.

Elle fait partie des 300 personnes qui s’apprêtent à partir pour la RCA, plus de dix ans après avoir fui son pays d’origine. Elle est impatiente de rejoindre son mari qui est rentré au pays il y a deux ans pour préparer le retour de la famille.

« Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus, c’est pourquoi je me suis coiffée et que j’ai mis du henné aux enfants », explique-t-elle. « Je veux rentrer et retrouver mon pays en paix pour que mes enfants puissent retourner à l’école. »

Vidéo : Des réfugiés centrafricains rentrent chez eux depuis le Cameroun après une décennie d’exil

Alors que le convoi de cinq camions se met en route, Halimatou fait ses adieux aux amis et aux voisins qui sont venus lui dire au revoir. Bien que ce soit un moment de joie, le voyage lui rappelle aussi les horreurs qu’elle a fuies.

« Ils [les groupes armés] ont chassé les gens ou les ont tués », se souvient-elle. « Nous sommes arrivés ici, nous avons été accueillis et nous avons reçu de la nourriture. Ils nous ont construit un abri et nos enfants ont été inscrits à l’école. »

Retour au pays

Des progrès significatifs ont été réalisés en République centrafricaine avec la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation et le rétablissement de la sécurité dans certaines régions. Cependant, malgré ces efforts, le pays compte toujours plus de 507 000 personnes déplacées internes, tandis que de nombreuses autres restent réfugiées dans les pays voisins. Des décennies de violence ont laissé des traces profondes. Les inondations, les épidémies, notamment la variole et la dengue, continuent de rendre la situation difficile pour les populations vulnérables dans les sites de déplacement.

Suite à des accords entre la RCA, le Cameroun, la République démocratique du Congo et la République du Congo, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, appuie le gouvernement de la RCA en facilitant un programme de rapatriement librement consenti pour soutenir les réfugiés qui souhaitent retourner dans les régions jugées sûres. Depuis 2017, plus de 49 000 Centrafricains ont pu rentrer chez eux, dont 12 000 depuis le début de l’année en provenance des pays voisins.

Quatre grands camions caravanes sont garés, l'arrière tourné vers la caméra. Les trois au centre sont remplis de plusieurs personnes portant des vêtements colorés. D'autres personnes se tiennent avec leurs familles au fond de l'arrière des camions.

D’anciens réfugiés arrivent à Carnot en République centrafricaine, l’une des zones de retour jugées sûres pour les rapatriés. © HCR/Insa Wawa Diatta

Après cinq heures de voyage sur une route accidentée, la famille d’Halimatou s’arrête pour la nuit à Lolo, petit village frontalier à l’est du Cameroun. Le lendemain matin, après quelques formalités d’immigration et des examens médicaux, ils entament la dernière étape de leur voyage.

Au moment où les camions entrent sur le territoire centrafricain, des villageois présents le long de la route agitent des branches pour souhaiter la bienvenue à leurs compatriotes de retour au pays. Après une nuit dans un centre de transit de la ville de Berberati, Halimatou embarque pour la dernière étape du voyage vers Makunji, son village natal, où l’attend son mari.

« Je suis heureuse d’être dans mon pays », affirme Halimatou. « Je l’ai trouvé très beau et lorsque nous avons franchi [la frontière], mon cœur s’est apaisé. »

Un homme et une femme sont assis en face l'un de l'autre dans une pièce, autour d'une table en bois. Deux personnes font de même sur un fond flou. L'homme de gauche tient un jeu de cartes.

Dans un centre de transit à Berberati, Halima reçoit une aide en espèces accordée aux réfugiés de retour pour les aider à se réinstaller au sein de leurs communautés. © HCR/Insa Wawa Diatta

Une porte ouverte

Dans le cadre de la Plateforme d’appui aux solutions pour la RCA, un plan pluriannuel a été approuvé par le Gouvernement centrafricain pour faciliter le retour de 300 000 réfugiés centrafricains (lien en anglais) depuis les pays voisins d’ici 2028. Cette initiative s’aligne sur la stratégie nationale pour des solutions durables. Des sondages d’opinion récents réalisés dans les pays d’asile, notamment au Cameroun, ont révélé que 23 pour cent des personnes interrogées (environ 80 000 individus) ont l’intention de retourner en RCA si les services essentiels y sont accessibles.

Le HCR et ses partenaires fournissent une assistance en espèces pour permettre aux rapatriés de faire face aux difficultés initiales liées à la réinstallation dans leurs communautés et pour couvrir les dépenses de base, y compris le transport vers leur lieu de destination, la nourriture et les articles ménagers. Le HCR travaille également avec ses partenaires pour mettre en place des projets qui favorisent la cohésion sociale entre les rapatriés et les communautés qui les accueillent. Ces efforts se concentrent sur le soutien aux moyens d’existence, les documents d’état civil et les activités de consolidation de la paix, tous essentiels pour réduire les tensions et favoriser la stabilité à long terme.

Une personne arbore fièrement une robe verte et blanche, assise devant un bâtiment jaune et à côté d'une machine à coudre. Trois autres vêtements sont suspendus à l'arrière-plan.

Haouaou Halidou, ancienne réfugiée, présente une robe à une cliente à l’extérieur de l’atelier de couture qu’elle a ouvert après son retour en RCA en 2019. © HCR/Insa Wawa Diatta

Haouaou Halidou a pris la décision de rentrer en 2019 et a pu reconstruire sa vie et s’intégrer à nouveau dans sa communauté d’origine. Elle a ouvert un atelier de couture chez elle, en utilisant les compétences qu’elle a acquises au Cameroun.

« J’ai bénéficié d’une formation en couture au Cameroun et j’ai même été formatrice », explique cette mère de quatre enfants, qui vit désormais dans la ville de Berberati. « Ce sont mes enfants qui font de la publicité pour moi et qui m’amènent de nouveaux clients. Je confectionne de jolies robes pour mes filles. Lorsqu’elles sortent, les gens les admirent et veulent la même chose ».

Haouaou a rejoint un groupe d’épargne de femmes au sein duquel elle met de l’argent de côté pour développer son activité et subvenir aux besoins de ses enfants. Elle est convaincue qu’il n’y a rien de mieux que d’être dans son pays d’origine.

« La porte est ouverte pour celles et ceux qui sont encore en exil », ajoute-t-elle. « Quoi que vous fassiez à l’étranger, vous n’êtes pas chez vous. C’est la crise qui nous a amenés là-bas [au Cameroun], mais il y a la paix maintenant, alors il vaut mieux rentrer et faire quelque chose pour son pays ».

Publie par le HCR, le 5 novembre 2024.

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