Group of four people standing in circle. They are wearing blue vests with UNHCR logos standing in front of a line of people in the back.

Distribution de Core Relief Items (CRI) aux personnes déplacées à l’intérieur du Malawi dans le cadre de la réponse du HCR au cyclone Idai de 2019. ©HCR

À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire, faites connaissance avec le travailleur humanitaire canadien Myrat Myradov qui a servi lors des plus grandes urgences mondiales avec le HCR

Blog de Myrat Myradov, chef du bureau national du HCR au Belize


Belize, 19 août 2022 – Cela fait presque 22 ans que j’ai commencé ma carrière en tant que travailleur humanitaire au sein de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) – quelle aventure cela a été pour moi !  

Dans mon pays d’origine, le Turkménistant en Asie centrale, j’ai étudié le droit international et comme j’étais le seul à parler anglais en classe, le doyen de l’université m’a demandé de lire et de préparer des questions pour une conférence sur le droit des réfugiés donnée par le représentant du HCR au Turkménistan.  

Lors de cette conférence et discussions qui ont suivi, j’ai été immédiatement attiré par le mandat de l’Agence, qui consiste à aider et à protéger les communautés déplacées de force, notamment les personnes réfugiées, apatrides et rapatriées, et celles déplacées à l’intérieur de leur propre pays.  Avant ce jour, je n’avais pas envisagé de faire carrière dans l’humanitaire – c’était ma destinée de trouver cette nouvelle vocation à ma vie.  

Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai rejoint le HCR au Turkménistan en tant que commis dans le secteur de protection. Pendant les trois années qui ont suivi, j’ai travaillé avec des réfugiés afghans, iraniens et iraquiens. J’ai d’abord commencé avec l’accueil des réfugiés et leur orientation vers les services d’aide et par la suite, j’ai préparé des demandes de réinstallation pour le Canada.  

La première fois que j’ai senti que je pouvais changer des vies, c’est lorsque j’ai occupé le poste d’agent de protection. En trois ans, le HCR Turkménistan a obtenu la citoyenneté pour plus de 14 000 réfugiés d’origine turkmène qui ont vécu dans l’incertitude pendant plus de dix ans après avoir fui la guerre civile au Tadjikistan dans les années 1990. À ce moment-là, j’ai compris que je devais en apprendre davantage sur la protection des réfugiés. J’ai poursuivi mes études au Royaume-Uni où j’ai obtenu une maîtrise en droit des réfugiés, avant de retourner au HCR pour travailler en Ukraine, au Kazakhstan et en Éthiopie.  

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Bien que je n’aie jamais été un demandeur d’asile ou un réfugié selon les définitions conventionnelles, mais il se trouve qu’en raison de restrictions politiques, je ne pouvais plus retourner au Turkménistan et je suis devenu de facto apatride. Grâce à mon travail passé avec les réfugiés et au fait que le Canada était largement considéré comme un havre de paix, je savais que c’était le pays idéal pour immigrer avec ma femme et ma fille de deux ans.  

« Nous sommes devenus des Canadiens dès notre arrivée à Calgary en 2010. »

Le Canada nous a accueillis à bras ouverts. Nous étions prêts à commencer notre nouvelle vie et nous avons tout de suite senti que nous étions chez nous. Nous sommes devenus des Canadiens dès notre arrivée à Calgary en 2010. Le sentiment d’être privilégié et d’avoir de la chance, m’a poussé à travailler encore plus fort pour les réfugiés, car je sais combien les circonstances sont différentes ailleurs. Je sais combien longs et pénibles sont les chemins que beaucoup doivent suivre, en plus des difficultés linguistiques, ldes restrictions en matière d’éducation et de travail, et la xénophobie.  

Nous avons rencontré peu d’obstacles car notre nouveau pays et ses habitants nous ont soutenus. Chaque fois que je rentre chez moi après des missions complexes en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs, au port d’entrée au Canada, je suis accueilli par des agents des services frontaliers – « Bienvenue chez vous. »  

Bureau du HCR pendant la saison des pluies à Maban, au Soudan du Sud, dans le cadre de la réponse d’urgence aux réfugiés du Soudan du Sud en 2012. ©HCR

Depuis, j’ai travaillé avec le HCR dans certaines des plus grandes situations d’urgence au monde. Mon parcours au sein du HCR m’a conduit au Sud-Soudan, où deux autres collègues et moi-même nous sommes retrouvés dans un terrain vague et boueux, grand comme la moitié du Nouveau-Brunswick, pour accueillir des réfugiés qui traversaient la frontière avec rien d’autre que les vêtements qu’ils portaient.  

« L’équipe est passée à plus de 150 employés, travaillant avec 25 organisations partenaires sur le terrain – un village de travailleurs humanitaires. »

Les gens arrivaient après avoir marché pendant des jours sans nourriture ni eau, beaucoup portant leurs enfants morts dans leurs bras. Il y avait beaucoup de souffrance et nos conditions de travail étaient incroyablement difficiles. Mais en deux ans, nous avons transformé la zone en quatre camps entièrement équipés accueillant plus de 120 000 réfugiés. Nous avons construit des routes, des écoles et une piste d’atterrissage pour recevoir l’aide humanitaire. L’équipe est passée à plus de 150 employés, travaillant avec 25 organisations partenaires sur le terrain – un village de travailleurs humanitaires.  

Si le travail humanitaire est très gratifiant, il s’accompagne aussi de nombreux défis personnels. Au Sud-Soudan, je faisais des allers-retours à Calgary toutes les six semaines pour voir ma famille pendant ce que les Nations Unies appellent un congé de repos et de récupération de cinq jours, accordé aux membres du personnel travaillant dans des lieux d’affectation dangereux et difficiles. J’ai contracté la malaria à deux reprises pendant mon service.  

Nous n’avions pas de connexion Internet et je pouvais à peine parler à ma famille restée au pays. C’était bien avant l’époque de la messagerie instantanée et des appels vidéo. Ma petite fille refusait de manger, de jouer ou de dormir jusqu’à ce que son père rentre à la maison.  

Et puis, il y a eu le conflit syrien, qui reste la plus grande crise de réfugiés au monde. J’ai été affecté en Jordanie, où nous avons aidé les réfugiés syriens vivant dans des camps et au sein de la communauté urbaine. En Jordanie, j’ai également travaillé au sein de la plus grande section de réinstallation au monde. Nous soumettions en moyenne 15 000 dossiers de personnes réfugiées par année en vue de leur réinstallation dans plus de 15 pays, dont le Canada, qui est depuis trois ans le leader mondial en matière de réinstallation de réfugiés. J’ai travaillé sur les voies complémentaires, notamment le regroupement familial, les possibilités d’éducation, les visas humanitaires et la mobilité de la main-d’œuvre, qui soutiennent la réinstallation des réfugiés qualifiés.

Centre de distribution au Malawi dans le cadre de la réponse du HCR au cyclone Idai en 2019. ©HCR

De la Jordanie, j’ai été affecté au Malawi, une région où les inondations et l’insécurité alimentaire étaient endémiques. Puis au Yémen, où sévit une crise humanitaire massive avec plus de cinq millions de personnes déplacées. J’ai poursuivi mon travail dans le domaine de la protection, en me concentrant sur la coordination conjointe avec d’autres agences et partenaires des Nations unies sur la protection des personnes déplacées, la violence sexiste, la protection des enfants et la lutte contre les mines antipersonnelles.  

Ensuite, je suis allé à Trinidad et Tobago, où j’ai travaillé avec des réfugiés vénézuéliens. Puis en Iran, dans le sillage de la crise afghane, alors que les restrictions du COVID-19 rendaient difficile les allers-retours pour voir ma famille.  

J’ai déménagé au Belize en avril 2022, où je dirige maintenant le bureau national. Nous travaillons actuellement à l’obtention de l’amnistie pour plus de 7 000 personnes relevant de la compétence du HCR, afin qu’elles obtiennent la résidence permanente et, à terme, la citoyenneté – un exemple de la manière dont les réfugiés peuvent être intégrés dans la société et y contribuer positivement.  

Mon expérience au HCR m’a fait voyager dans le monde entier et m’a appris que le travail humanitaire n’est pas facile. Ce n’est pas pour tout le monde. Il faut être passionné par ce travail et ne pas le considérer comme tout autre emploi. Vous devez assumer la responsabilité d’aider et de protéger les réfugiés tout en conciliant votre vie de famille. En plus de cela, cela peut être un défi de de prendre soin de sa santé dans les conditions de missions les plus difficiles. 

« Qu’il s’agisse de l’aide humanitaire… ou de programmes de réinstallation et autres voies complémentaires qui permettent aux réfugiés de reconstruire leur vie en toute sécurité, notre travail sauve véritablement des vies. »

Elle m’a également permis de constater de l’impact de notre travail sur le terrain. Qu’il s’agisse de l’aide humanitaire, qui permet aux personnes déplacées de combler leurs besoins les plus élémentaires, ou de programmes de réinstallation et autres voies complémentaires qui permettent aux réfugiés de reconstruire leur vie en toute sécurité, notre travail sauve véritablement des vies.  

Mais il n’y a rien de plus déchirant que de ne pas pouvoir aider les gens en raison d’un manque de financement ou de places de réinstallation. En tant que Canadien, je suis fier de notre partenariat avec le Canada, qui est l’un des principaux donateurs du HCR dans le monde et un partenaire fiable et un leader dans la recherche de solutions à long terme pour les personnes réfugiées.  

En 2021, le Canada a accueilli plus de 20 400 personnes. Ce sont 20 400 vies transformées. Le Canada a également fait preuve d’un engagement important en matière de voies complémentaires et dans le renforcement des systèmes d’asile dans les Amériques, parallèlement à un plaidoyer et un soutien indéfectible. Nous ne pouvons pas continuer à avoir des générations de réfugiés – le monde doit s’unir et trouver des solutions durables.  

#Il faut un village pour aider celles et ceux qui en ont besoin, et je suis fier de faire partie de ce village. 

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