Michelle, une réfugiée congolaise, est assise dans son salon de beauté à Pretoria, en Afrique du Sud.

Michelle, une réfugiée congolaise, est assise dans son salon de beauté à Pretoria, en Afrique du Sud.
© HCR/Hélène Caux

Alors que le confinement se poursuit au niveau national, des femmes, y compris des réfugiées, s’efforcent de subvenir aux besoins de leur famille.

Par Pumla Rulashe à Pretoria, Afrique du Sud


Lorsque l’Afrique du Sud s’est trouvée, en mars dernier, dans une situation de confinement du fait de la pandémie de Covid-19, Grace n’a eu d’autre choix que de se séparer de quatre employés de son entreprise de distribution de cacahuètes.


« Je n’ai pu en garder qu’un seul », déclare l’entrepreneure de 43 ans, réfugiée de la République démocratique du Congo (RDC). « C’est dire à quel point mon entreprise a été touchée. »

Comme d’autres personnes travaillant dans le secteur informel du pays, la vulnérabilité de Grace a été révélée au grand jour par la pandémie de Covid-19.

Michelle, 41 ans, a également été touchée par le ralentissement de l’activité économique. Depuis qu’elle avait fui le conflit en RDC en 2009, elle avait rencontré le succès en tant qu’entrepreneure après le lancement de plusieurs entreprises à Pretoria, en Afrique du Sud.

Toutefois, après que les mesures anti-Covid aient mené à la fermeture des écoles et obligé les habitants à rester chez eux, elle a dû fermer ses entreprises de restauration et de décoration. Elle s’efforce aujourd’hui de maintenir son entreprise ouverte.

« Je lutte avec acharnement pour que mon salon et mon spa continuent à fonctionner », explique Michelle, qui subvient aux besoins de ses deux filles.

Les retombées des efforts de prévention et de lutte contre le coronavirus ont eu des répercussions sur les réfugiés et leurs hôtes en Afrique du Sud, où environ la moitié des résidents vivent dans la pauvreté et un tiers sont au chômage.

« Je lutte avec acharnement pour que mon salon et mon spa continuent à fonctionner. »

Avant la pandémie, Michelle avait développé avec succès ses entreprises de restauration et de beauté, les transférant même dans les banlieues verdoyantes de l’est de la capitale, après avoir perfectionné ses compétences d’entrepreneure grâce à une formation sur la gestion d’entreprise, financée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR. L’Afrique du Sud accueille 266 700 réfugiés et demandeurs d’asile, qui vivent et travaillent dans presque toutes les villes du pays.

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Grace, une réfugiée congolaise de 43 ans, transporte des sacs d’arachides grillées dans son entreprise à Pretoria, en Afrique du Sud. © HCR/Hélène Caux
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Des plateaux d’arachides grillées sont exposés dans l’entreprise de la réfugiée congolaise Grace à Pretoria, en Afrique du Sud. © HCR/Hélène Caux
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Michelle, une réfugiée congolaise, dans son salon de beauté à Pretoria, en Afrique du Sud. © HCR/Hélène Caux
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Michelle, une réfugiée congolaise, pendant une séance de manucure à une cliente dans son salon de beauté à Pretoria, en Afrique du Sud. © HCR/Hélène Caux

Les femmes réfugiées qui dirigent de petits commerces aux côtés d’entreprises établies sont tout aussi vulnérables que leurs homologues des camps de la région.

« Nous avons fortement plaidé auprès du gouvernement pour l’inclusion des réfugiés dans les systèmes nationaux de protection sociale », déclare Laura Buffoni, chargée de protection au bureau régional du HCR en Afrique du Sud.

Le HCR a également apporté son soutien à quelque 36 800 personnes dès le début du confinement, en leur fournissant de la nourriture, de l’argent et des bons d’achat, ainsi qu’une aide juridique.

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Laura Buffoni a ajouté que certains réfugiés ont reçu la subvention gouvernementale Covid-19, « une allocation d’aide face à la détresse » pour une période de six mois.

Il s’agit d’une aide temporaire destinée aux personnes qui ne sont pas en mesure de subvenir aux besoins les plus élémentaires de leur famille.

Les réfugiés sont confrontés à d’importants obstacles durant leur quête de sécurité et tirent souvent leur force du soutien de leurs hôtes. C’est cet esprit de résilience et d’unité qui les aide aujourd’hui, dit Pretty Ncube, la directrice du Centre de soutien ACTION, une organisation à but non lucratif du Gauteng qui investit dans la résolution des conflits.

« Si la pandémie a mis en évidence les inégalités et l’extrême-pauvreté, elle a également fait apparaître l’ubuntu chez de nombreuses femmes », explique-t-elle, en référence au terme sud-africain qui encourage tout le monde à se soutenir mutuellement, indépendamment de la nationalité ou du statut.

Elle ajoute que les réfugiés, tout comme les personnes vulnérables d’Afrique du Sud, ont également besoin de l’aide sociale que représente l’allocation d’aide face à la détresse. Pour faire face à la dure réalité d’un manque de revenus pendant le confinement, elle a contribué à la création de l’African Solidarity Campaign, un organisme communautaire composé de réfugiés et de Sud-Africains.

« Grâce au peu qu’ils peuvent collecter, les membres tentent de contrer les effets de la pandémie de Covid-19 en répondant aux besoins des femmes, des enfants et des personnes âgées », dit-elle.

« Pour la première fois depuis longtemps, je vois de la lumière au bout du tunnel. »

Le changement de politique concernant le confinement a également aidé, après l’annonce du président Cyril Ramaphosa selon laquelle le pays passerait à un niveau de confinement moins strict sur le plan socio-économique à partir du 21 septembre.

« Pour la première fois depuis longtemps, je vois de la lumière au bout du tunnel », déclare Grace, ajoutant que de plus en plus de commerçants informels, d’écoliers et de piétons reviennent lentement pour acheter ses cacahuètes.

Pendant ce temps, Michelle, toujours entrepreneure, organise des campagnes de publicité sur Internet pour son entreprise, fait la promotion de forfaits gratuits de manucure et de pédicure pour regagner des clients et elle est déterminée à redonner de l’élan à son entreprise.

Elle a également perçu une opportunité pour améliorer son chiffre d’affaires alors que les longues journées d’hiver s’orientent vers le printemps.

« Les femmes porteront des sandales à bout ouvert maintenant que le temps est plus chaud », dit-elle. « C’est une opportunité de diversification pour mes activités. »

Publié par le HCR, le 28 septembre 2020.

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