Un réfugié prie du haut d’une colline qui surplombe le camp de Kutupalong après l’enterrement d’un autre Rohingya. © HCR/Paula Bronstein

Un réfugié prie du haut d’une colline qui surplombe le camp de Kutupalong après l’enterrement d’un autre Rohingya. © HCR/Paula Bronstein

KUTUPALONG, Bangladesh –Après avoir fui les feux et les tirs au Myanmar, le réfugié rohingya Jane Alam pensait qu’il était hors de danger au Bangladesh.

Mais alors qu’il dormait la nuit passée dans un abri de fortune d’une zone boisée du camp de réfugiés de Kutupalong, des éléphants en furie s’en sont pris à sa famille.

Le père de ce jeune homme de 18 ans ainsi qu’un bébé de sept mois ont été tués au cours de l’attaque qui a également fait sept blessés parmi ses proches.

“Nous pensions que nous serions en sécurité ici.”

Écorché sur la joue, la nuque et la hanche, il est monté ce matin les pieds nus sur une colline qui surplombe le camp de fortune pour les enterrer.

“Nous pensions que nous serions en sécurité ici.”,” dit-il, paralysé de stupéfaction, alors qu’il se tient à côté de la tombe de son père marquée de petits tiges de bambou.

Bangladesh: Victimes de la charge d’un éléphant (Ismail Ferdous, videographe) (en anglais).

À quelques pas seulement, le petit corps du bébé de ses proches se trouve sur le sol boueux, enroulé dans un drap blanc. Un homme est en train de creuser sa tombe en présence d’un groupe d’hommes qui assistent en silence.

Ces deux décès illustrent l’un des dangers inattendus auxquels les réfugiés sont confrontés parmi tant d’autres risques qui entourent l’intervention humanitaire nécessaire pour répondre à l’arrivée d’au moins 429 000 personnes qui ont le Myanmar, depuis la dernière flambée de violences qui ont éclaté le 25 août 2017.

Comme les deux camps de réfugiés établis du Bangladesh sont submergés, des milliers d’entre eux trouvent refuge où ils le peuvent, certains d’entre eux dans une zone boisée inhabitée en dehors du camp de Kutupalong.

“Pour le moment, l’endroit est entièrement sauvage, et les gens s’installent là où il y a des animaux sauvages,” explique Franklin Golay, un membre de l’équipe du HCR, l’agence de l’ONU pour les réfugiés, dont le travail est d’approvisionner ce camp informel en eau, en l’assainissement et en abris.

”Il ya des éléphants dans le coin et ils présentent un danger,” dit-il.

Des grandes empreintes de pas signalent l’endroit où un éléphant sauvage a tué un Rohingua et son fils. © HCR/Keane Shum

Des grandes empreintes de pas signalent l’endroit où un éléphant sauvage a tué un Rohingua et son fils. © HCR/Keane Shum

Les éléphants d’Asie sont une espèce en danger de disparition, au Bangladesh, où les protecteurs de l’environnement estiment que leur population n’est plus que de 239 individus vivant à l’état sauvage. Nombreux d’entre eux se trouvent dans la région de Chittagong dans le sud-est du pays, où se concentre l’afflux de réfugiés.

Selon les habitants de la région, les éléphants sont attirés vers les régions plus peuplées pendant la mousson car c’est le moment où les fruits mûrissent dans les arbres, notamment sur les manguiers et les jacquiers.

On pourrait sécuriser cette zone sauvage et partiellement boisée avec des clôtures ou de la lumière, explique Franklin Golay.

Néanmoins pour les membres de la famille en deuil d’Alam, qui ont traversé la frontière pour fuir la persécution au Myanmar, cette dernière tragédie est un rappel qu’ils ne sont pas arrivés au bout de leurs souffrances.

“Nous avons fui le danger, et nous sommes toujours dans une situation dangereuse,”explique Ali Hussein, l’oncle du défunt. “Il ne faut pas l’oublier.”

Votre soutien est urgent pour aider les enfants, les femmes et les hommes réfugiés au Bangladesh. S’il vous plaît, donnez maintenant.

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