Les nouveaux arrivants ont du mal à trouver des espaces libres dans le camp de Kutupalong déjà surpeuplé. © HCR/Vivian Tan

Les nouveaux arrivants ont du mal à trouver des espaces libres dans le camp de Kutupalong déjà surpeuplé. © HCR/Vivian Tan

Des responsables officiels lancent une mise en garde sur une « véritable crise », alors qu’environ 73 000 Rohingyas ont déjà fui le Myanmar en quête de sécurité vers des camps de réfugiés du Bangladesh déjà surpeuplés.

CAMP DE KUTUPALONG, Bangladesh – Après avoir couru pieds nus pour sauver sa vie, une Rohingya âgée de 20 ans, Dilara, a rejoint le Bangladesh ces derniers jours avec son jeune fils dans les bras, alors que sa famille a été déchirée par la violence au Myanmar.

« Mon mari a été abattu dans le village. J’ai fui avec mon fils et ma belle-famille », indique Dilara, tout en posant ses pieds boueux dans l’enceinte du camp de réfugiés de Kutupalong vendredi. « Nous avons marché pendant trois jours, en nous cachant quand il le fallait. Le terrain en montagne était humide et glissant. Je n’arrêtais pas de tomber. »

Selon les estimations, quelque 73 000 femmes, enfants et hommes comme Dilara et son fils sont arrivés au Bangladesh après avoir passé des jours à marcher pour fuir la violence dans l’État de Rakhine, au nord du Myanmar. Beaucoup d’entre eux ont faim, sont en mauvaise condition physique et ont besoin d’une aide vitale.

Ces derniers jours, de larges groupes de Rohingyas ont traversé la frontière depuis le Myanmar vers les régions de l’Ukhiya et du Teknaf, dans le sud-est du Bangladesh. Beaucoup pouvaient être aperçus alors qu’ils traversaient à pied de vastes rizières et se dirigeaient vers les villages voisins en transportant tout ce qu’ils avaient pu emporter en hâte.

« C’est une véritable crise… Chaque famille héberge de nouveaux arrivants, chaque place disponible est occupée. Je ne sais pas combien de temps on pourra tenir à ce rythme. »

Dilara a été séparée de sa belle-famille pendant le voyage et a suivi d’autres habitants de son village jusqu’au camp. « Je ne sais pas où je suis… Je savais juste que je devais courir pour sauver ma vie », dit-elle, l’air abasourdi, portant son bébé de 18 mois et rien d’autre.

N’ayant nulle part ailleurs où aller, bon nombre des nouveaux arrivants sont dirigés vers les camps de réfugiés existants qui avaient été créés dans les années 1990.

Le camp de Kutupalong a accueilli environ 20 000 nouveaux arrivants depuis l’éruption des toutes dernières violences dans le nord de l’État de Rakhine, le 25 août dernier. Un autre camp, Nayapara, héberge désormais environ 6 500 personnes. D’autres nouveaux arrivants sont dispersés dans des sites de fortune et des villages locaux.

« C’est une véritable crise », déclare Mohammad Abul Kalam, Commissaire chargé de l’aide aux réfugiés et du rapatriement à Cox’s Bazar, au Bangladesh. Le nombre de personnes a plus que doublé dans les camps. Le camp de Kutupalong a dépassé sa capacité initiale d’accueil. Chaque famille héberge de nouveaux arrivants, chaque place disponible est occupée. Je ne sais pas combien de temps on pourra tenir à ce rythme. »

Dans les camps de Kutupalong et de Nayapara, les nouveaux arrivants sont installés dans des bâtiments tels que des écoles, des centres communautaires et des madrassas. En coordination avec les autorités, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et ses partenaires ont également mis en place des structures recouvertes de bâches dans les camps pour fournir des abris temporaires. Toutefois, ces installations atteignent elles aussi un point de saturation.

Ces nouveaux arrivants rohingyas ont rejoint la région d’Ukhiya au Bangladesh, juste après avoir traversé la frontière depuis l’État de Rakhine, au nord du Myanmar. © HCR/Vivian Tan

Ces nouveaux arrivants rohingyas ont rejoint la région d’Ukhiya au Bangladesh, juste après avoir traversé la frontière depuis l’État de Rakhine, au nord du Myanmar. © HCR/Vivian Tan

« Ces gens ont faim et soif, ils sont malades après avoir subi de terribles épreuves. Ils méritent au moins un toit au-dessus de leur tête », explique Shubhash Wostey, chef du bureau du HCR à Cox’s Bazar. « Comme des milliers d’autres arrivent chaque jour, nous avons d’urgence besoin d’abris et de terrains à bâtir. »

D’autres besoins urgents comprennent la nourriture – certains n’ont pas mangé depuis des jours, ne survivant qu’en buvant l’eau de pluie et des nappes phréatiques pendant leur voyage – et les soins médicaux.

Des organisations, comme le Programme alimentaire mondial et Action contre la faim, fournissent des biscuits à haute teneur énergétique et des repas chauds aux nouveaux arrivants. Des réfugiés bénévoles ont également mis en place des cuisines communautaires pour répondre aux besoins croissants.

« Comme des milliers d’autres arrivent chaque jour, nous avons d’urgence besoin d’abris et de terrains à bâtir. »

Khaleda, 26 ans, est l’une des réfugiés bénévoles. Elle dirige une cuisine communautaire dans sa cabane au camp de Kutupalong. Elle sert du riz, des lentilles, des pommes de terre et parfois du poisson à 400 nouveaux arrivants chaque jour.

« Ils sont venus sans rien », déclare ce professeur d’anglais qui est née en exil. « Ils sont complètement démunis. Je veux les aider et je donne ce que je peux. »

Le HCR travaille en étroite collaboration avec les autorités locales et les réfugiés bénévoles pour identifier les nouveaux arrivants vulnérables – y compris ceux ayant besoin de soins médicaux – et les orienter vers les services de santé à l’intérieur du camp. Les cas les plus graves sont dirigés vers les hôpitaux locaux.

Avant l’afflux actuel, le Bangladesh accueillait déjà près de 34 000 réfugiés rohingyas enregistrés dans les camps de Kutupalong et de Nayapara, ainsi que plusieurs centaines de milliers d’autres Rohingyas sans papiers vivant dans des sites de fortune et des villages locaux.

Le HCR continue de plaider en faveur de l’enregistrement des nouveaux arrivants et des Rohingyas sans papiers au Bangladesh, afin de cibler l’assistance aux personnes en ayant le plus besoin.

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